Les investisseurs flamands participent à la hausse des prix de l’immobilier dans Ardennes
Durant la crise sanitaire, les Ardennes ont connu, comme d’autres régions verdoyantes, un boum des transactions immobilières. En quête d’espaces et d’évasion, après les confinements, les Belges qui pouvaient se le permettre se sont rués sur les résidences secondaires.
Aujourd’hui, la crise sanitaire est derrière nous, et si l’envie d’espace et de verdure persiste, l’inflation et la perte de pouvoir d’achat sont passées par là.
Résultats, comme presque partout en Belgique les Ardennes n’ont pas échappé à cette tendance baissière et ont enregistré moins de transactions immobilières au 1er semestre 2022. Moins de transactions, mais avec des prix restants très (trop) élevés dans certaines communes ardennaises.
Moins de transactions ventes
Le dernier baromètre de la Fédération du Notariat (Fednot) a analysé l’activité immobilière dans une vingtaine de communes de l’Ardenne. “Au 1e semestre, l’Ardenne n’a pas échappé à la tendance baissière observée au niveau national, explique Frédéric Dumoulin, notaire à Durbuy. Nous assistons à un retour à des niveaux d’activité plus raisonnables, après une année 2021 exceptionnelle.”
Et quand il s’agit de quantifier cette baisse des transactions immobilières, la Fednot la chiffre à -11,7% au premier semestre 2022 par rapport à la même période en 2021. À titre de comparaison, la fédération souligne avoir observé une baisse de -2,5% de l’activité immobilière en Wallonie au 1er semestre 2022.
De plus, ce baromètre souligne des évolutions très diverses entre communes. Voici quelques exemples. Après la forte augmentation du nombre de transactions au 1e semestre 2021 (+225,9 %), Gedinne a connu par exemple une correction au 1e semestre 2022 (-58 %). À l’opposé, Vielsalm et Houyet ont enregistré les plus fortes progressions, avec respectivement +46,7 % et +42,7 % par rapport au 1e semestre 2021, et ce après une baisse de 25,1% au 1e semestre 2021 pour Houyet.
Sur la zone ardennaise, la Fédération des notaires observe que 11 communes ont connu une baisse de plus de 10 % des ventes immobilières. “Malgré ce ralentissement, les communes ardennaises continuent d’attirer les acquéreurs à la recherche d’une seconde résidence, met en avant Frédéric Dumoulin. Elles offrent en effet de nombreuses possibilités de divertissement que ce soit pour le weekend ou pour des périodes de vacances plus longues, et ce en toutes saisons.”
Pourquoi ce ralentissement ?
Pour le notaire de Durbuy, cette baisse des transactions est due en grande partie à la conjoncture actuelle, qui n’est pas des plus “rassurante”, les acquéreurs préférant, quand c’est possible, différer quelque peu leur achat.
“Le recul de l’activité est lié à une série de facteurs macro-économiques, explique-t-il. Les candidats-acquéreurs prennent en compte la hausse des taux d’intérêt et ils sont confrontés à l’augmentation de leurs factures énergétiques. À cela s’ajoutent, le niveau élevé de l’inflation et une série d’incertitudes économiques. Ces facteurs font clairement réfléchir les candidats-acquéreurs qui préfèrent donc prendre le temps pour peser le pour et le contre avant de franchir le pas ! “.
Malgré tout, les prix restent élevés
Mais malgré ce ralentissement des achats immobiliers, le baromètre des notaires mettait bien en évidence que les prix, eux, ne partaient pas à la baisse, que du contraire.
Ainsi au premier semestre 2022, le prix médian d’une maison située en Ardenne a progressé de 5,9 % pour atteindre 180.100 euros. Cependant, ce prix est inférieur à celui observé dans le reste du pays. A titre d’exemple, il fallait en moyenne débourser 199.000 euros en Wallonie, 310.000 euros en Flandre et 480.000 euros à Bruxelles pour s’offrir une maison au 1er semestre de cette année.
Il y a également des fortes différences de prix entre les communes. Pour acheter une maison, il fallait débourser entre 82.500 euros (Hastière) et 255.000 euros (Libin). Hastière, dans le Namurois, avait même été épinglé par Statbel, l’Office des statistiques, comme la commune de Belgique où l’on trouve les maisons les moins chères.
Lire aussi : Où trouver, en Belgique, les maisons les moins chères?
Ces dernières années, les communes ardennaises ont attiré les investisseurs et cela se reflète au niveau des prix. Sur 5 ans, ceux-ci ont progressé de 28,6 %. En d’autres termes, la valeur d’une maison a connu un renchérissement de 40 000 euros, précise la Fednot. En tenant compte de l’inflation au cours des 5 années (15,6 %), la hausse réelle est de 13 %. Soit au-delà du niveau belge (+11,7%), flamand (+13,6 %), bruxellois (17,7 %) et wallon (+8,8%).
Les Ardennes, très demandées par les Flamands
Des investisseurs qui, s’ils viennent des quatre coins du pays, viennent en nombre de Flandre, car les Flamands aiment s’offrir une seconde résidence dans les Ardennes, participant ainsi à la hausse des prix dans la région.
Actuellement, les communes les plus populaires à leurs yeux sont Rendeux (63 %), Gedinne (41,2 %), Vresse-sur-Semois (40 %), Houffalize (33,3 %) et Durbuy (32,4 %). Par contre, Houyet est la commune qui attirent le moins cette tranche d’acquéreurs (3,1 %).
Une histoire qui va perdurer au fil des années ? Et la réponse est oui, si on en croit le baromètre, puisqu’en comparant, le 1e semestre 2022 au même semestre de référence en 2017, il signale une augmentation importante du pourcentage d’acheteurs flamands à Gedinne, Viroinval, Doische, Rendeux et Hastière. Par contre, conclut-il, c’est le scénario inverse pour les communes de Somme-Leuze, de Bièvre, de Tellin, de Hotton, de Gouvy, de Vielsalm, de Bouillon, de La Roche-en-Ardenne et… encore de Houyet.
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