‘Le marché du logement se dégrade’

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Le marché du logement a connu une forte hausse des prix au second semestre, selon le baromètre des notaires. Il s’agit d’une “image déformée”, estime Philippe Janssens, du bureau de conseil immobilier Stadim, qui n’est pas très optimiste quant à l’avenir de l’immobilier en Belgique.

Une circulaire de la ministre flamande de l’Aménagement du Territoire, Joke Schauvliege (CD&V), divise la Flandre en quartiers ‘résidentiels’ et ‘non résidentiels’.

En prélude à l’interdiction complète des nouvelles constructions en 2040, construire en zone non résidentielle pourrait être plus difficile. Philippe Janssens, du bureau de conseil immobilier Stadim, réagit de manière sceptique.

La circulaire qui veut entraver la construction dans les quartiers non résidentiels est-elle une bonne chose ?

Philippe Janssens: La ministre chasse une mouche avec un bazooka. La circulaire de Joke Schauvliege n’est pas utile. Le nombre de demandes de permis de bâtir diminue progressivement depuis des décennies déjà du fait des normes de construction plus sévères et de la diminution de l’offre. Depuis 1996, le nombre de nouvelles habitations unifamiliales par an a diminué de plus de moitié. Cette tendance se poursuivra et, à un moment donné, il n’y aura quasi plus de nouvelles maisons unifamiliales qui seront construites dans les zones périphériques.

Quelle est l’alternative à la maison personnelle avec jardin à la campagne ? C’est tout de même l’idéal pour pas mal de familles avec enfants ?

L’alternative est la rénovation ou de déménager vers la ville. Mais une habitation unifamiliale avec jardin devient un bien rare en ville. Dans les centres urbains, il y a trop peu d’offres de qualité. Il y a une spirale négative. Les appartements deviennent de plus en plus petits. De plus, la qualité diminue parce que les promoteurs veulent rester sous le seuil financièrement abordable de 200.000 euros. Les investisseurs poussent entre-temps les jeunes familles hors du marché du fait que la Banque Nationale impose aux banques de prêter maximum 80% du prix d’achat d’une habitation.

Je prévois d’énormes problèmes d’ici trente ans, quand ces blocs peu durables devront être rénovés. Les propriétaires ne sont pas vraiment fortunés ou seront entre-temps pensionnés. Une minorité peut empêcher les rénovations nécessaires. Dans ce cas, la qualité continuera à diminuer. Le marché du logement se dégrade. Il est temps que je prenne ma pension.

La demande d’appartements explique-t-elle l’augmentation des prix au second trimestre constatée par le baromètre des notaires ?

Les investisseurs dominent le marché des petits appartements. Pour pas mal de promoteurs, une habitation est un produit financier. La qualité de l’appartement compte moins, tant que l’on peut construire de manière compacte. Cela entraîne le prix du terrain vers le haut, même très loin en dehors des centres-villes. L’augmentation du prix du terrain a comme conséquence que les promoteurs mettent encore davantage de cages à lapins sur le marché dans les villes comme Bruxelles et Anvers pour pouvoir être rentables. Cette politique va chasser les familles fortunées – et leurs impôts – des villes. En 1969, 65% de la population bruxelloise avait un revenu plus élevé que dans le reste du pays. Aujourd’hui, cette proportion est de 25%. Les villes restent pour les pauvres diables de la société. Elles aspirent les personnes avec des problèmes.

L’augmentation des prix du logement de 3% selon le baromètre des notaires donne néanmoins une image déformée. Les maisons avec jardin sont mises sur le marché en avril et en mai. Une petite villa a l’air tout de même bien mieux au soleil que dans le gris de l’hiver. Le prix de vente diffère de 3 à 4% en fonction du soleil.

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