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La folie immobilière alimentée par le Covid-19 et les comptes d’épargne qui ne rapportent plus rien

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Les amateurs de placements boursiers vous parlent souvent de l’or comme la valeur refuge par excellence. Aujourd’hui, en simplifiant, je pourrai dire que c’est le rôle de l’immobilier. La brique est devenue une valeur refuge pour les Belges mais aussi pour d’autres pays européens.

D’ailleurs, il n’y a qu’à voir les prix de l’immobilier un peu partout en Belgique et en particulier à Bruxelles. Les économistes de la banque Belfius parlent d’une hausse de 5% pour l’année en cours, c’est bien plus que l’inflation.

Plusieurs reportages ont été consacrés à cette folie de l’immobilier. C’est simple, les acheteurs doivent bien souvent se décider en 24 heures au risque de voir le bien convoité partir le lendemain.

Ce que l’on voit aussi souvent, ce sont des propriétaires qui sont prêts à vous céder le bien mais sans clause suspensive. Autrement dit, si vous dites “oui” et que votre banque ne suit pas, vous êtes parti pour payer une belle indemnité au propriétaire, c’est l’une des surprises de cette rentrée.

Avec le covid-19, on pensait que les employeurs auraient la main sur le marché du travail. En clair, que les candidats ne discuteraient pas et accepteraient un salaire revu à la baisse, c’est exactement le contraire qui se déroule en ce moment. S’il y a des pénuries pour certains métiers manuels, les autres métiers, eux, souffrent d’une offre insuffisante. Les employeurs se retrouvent donc à devoir payer plus qu’ils n’envisageaient de le faire. On sort d’une crise terrible et c’est donc à l’inverse de ce qui s’est passé pour toutes les autres crises. Même raisonnement pour l’immobilier.

Si on a beaucoup parlé des souffrances des uns et des autres, il faut rappeler qu’en Belgique, mais aussi dans d’autres pays, une bonne partie des citoyens se sont en réalité ….enrichis. Je sais, ça étonne, mais il n’y a qu’à regarder les taux d’épargne en Belgique ou en France, ils sont à des niveaux historiques. Là aussi, c’est en raison du Covid-19. Comme les salaires dans la fonction publique et le secteur privé ont continué à être payés et comme nous ne pouvions pas sortir, faire du shopping, voyager ou aller au restaurant, nous avons collectivement plus épargné. Et c’est là où j’en reviens au secteur immobilier : posez la question à une agence immobilière du Brabant wallon, elle vous dira qu’elle est débordée et qu’elle n’arrive plus à trouver de biens à vendre. Là encore, le covid-19 est passé par là.

Les familles ne supportent plus les appartements exigus devenus synonymes de prisons. Les appartements avec balcons, terrasses et bien entendu les maisons à la campagne sont donc prises d’assaut. D’autant plus facilement qu’avec le télétravail, il est plus facile d’accepter d’être un peu plus loin de son bureau. Et comme en plus les comptes d’épargne ne rapportent rien, vous avez là le cocktail parfait pour maintenir la hausse de l’immobilier. Une hausse dangereuse pour les plus démunis d’entre nous mais dont la faute incombe en partie aux communes et villes qui ne veulent pas délivrer davantage de permis de bâtir, les mêmes politiques qui s’agitent en public pour les plus pauvres sont souvent aussi les mêmes qui refusent qu’on construise davantage sur leur commune. Double langage, hélas !

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