Kim Ruysen (Trevi Group): “Les biens les plus chers deviennent impayables”

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Avec la hausse des taux d’intérêt couplée à celle des prix des matériaux, les logements commencent à devenir hors d’atteinte pour une proportion de plus en plus importante de Belges.

1. Cette tendance se traduit-elle déjà dans votre dernier baromètre?

Oui, clairement. Les biens les plus chers deviennent impayables. Cela inquiète d’ailleurs bon nombre de promoteurs qui n’hésitent pas à reporter leur projet de quelques mois de crainte de ne pouvoir les vendre. Pour le moment, c’est principalement le marché de l’immobilier neuf qui connaît des difficultés. Il y a encore des ventes mais cela prend clairement plus de temps. D’autant que certains promoteurs incluent dorénavant des clauses de prix variables, ce qui refroidit les candidats acquéreurs.

2. Va-t-on vers un ralentissement du nombre de transactions?

Si d’après notre dernier baromètre, les hausses de prix se stabilisent, la demande n’est plus aussi forte, en tout cas. Le nombre d’acheteurs potentiels par propriété diminue, étant donné que le pouvoir d’achat général s’inscrit à la baisse. On constate aussi une légère baisse de la demande de biens immobiliers en raison de la hausse des taux d’intérêt. D’autre part, les coûts des travaux de rénovation sont extrêmement élevés en raison de la rareté des matériaux de base. Par conséquent, il faut également un peu plus de temps pour vendre les propriétés à rénover, surtout par rapport à celles prêtes à être habitées. En moyenne, il faut environ 15 visites avant qu’une propriété ne soit vendue. Mais ce contexte n’empêche pas que l’immobilier reste toujours la valeur refuge par excellence.

3. Quelle place occupe dorénavant le volet durabilité dans la longue liste des critères d’achat?

La localisation d’un bien reste bien évidemment toujours le critère numéro un. Mais la performance énergétique est devenue en très peu de temps un critère d’achat essentiel. C’est impressionnant. Cela a basculé depuis fin 2021. Ce constat est accentué par le manque de biens neufs sur le marché. Les acquéreurs se tournent vers des logements anciens qui disposent d’un bon PEB. Avec comme conséquences que se crée un marché immobilier à deux vitesses. Les bâtiments dotés d’un bon score énergétique et qui ne nécessitent pas de gros travaux de rénovation sont vendus plus rapidement et plus cher que les bâtiments nécessitant une rénovation. Les vendeurs des propriétés qui affichent un mauvais PEB peuvent devoir attendre longtemps avant que leur propriété ne soit vendue et, dans certains cas, ils seront peut-être contraints de baisser leur prix de vente. Quid de l’avenir? Nous nous attendons à ce que le marché se stabilise davantage au cours des six prochains mois, tant en termes d’offre et de demande qu’en termes de prix de vente pour tous les types de propriété. La vitesse à laquelle les propriétés se vendent dépend toujours de l’état du bâtiment.

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