“Inflation persistante et croissance en berne: les nouvelles sont mauvaises pour l’immobilier”

© Belga

L’économiste Wouter Thierie (ING) explique pourquoi cette rentrée de septembre accentue la perspective d’un fort ralentissement pour cette fin d’année et le début 2023.

Wouter Thierie est économiste chez ING, spécialisé dans les questions immobilières. Il évoque pour Trends Tendances les nouvelles perspectives pour les prochains mois, sur fond de dégradation de la conjoncture.

Il y a eu, en cette rentrée, une série de déclarations annonçant des mois voire des années difficiles en raison de la crise énergétique et de l’inflation. Une responsable de la Banque centrale européenne, Isabelle Schnabel, annonce une hausse de taux inévitable. Cela change-t-il les perspectives?

Les taux à long terme ont atteint leur pic à la mi-juin et ont descendu depuis lors, parce que le focus s’est déplacé de l’inflation vers les prévisions de croissance à la baisse. On voit, depuis la semaine dernière, que ces taux à long terme sont en effet repartis à la hausse, même si cela reste encore sous le pic de la mi-juin.

C’est lié à l’inflation et à l’explosion des prix de l’énergie?

En effet, le regard est à nouveau tourné vers l’inflation. Les marchés pensaient que cette période d’inflation haute était derrière nous, mais une série de nouvelles ont réveillé l’inquiétude: l’annonce des chiffres très élevés au Royaume-Uni, à 18%, l’augmentation plus forte que prévue des prix producteurs en Allemagne, sans oublier la forte hausse des prix de l’électricité.

Cela va-t-il changer les perspectives pour le marché de l’immobilier?

Les taux hypothécaires devraient se stabiliser ces prochains mois, je ne pense pas qu’ils devraient augmenter fortement. Nous ne pensons pas que les taux à long terme remonteront au-dessus de leur pic de juin.

Les prix devraient eux aussi se stabiliser?

Nous pensons que leur progression va se réduire progressivement. On pourrait même assister à une légère baisse, à la fin de cette année ou au début de 2023. Sur base annuelle, cela restera une progression supérieure à 5% pour 2022, parce que la hausse a été forte dans la première partie de l’année. Mais en 2023, la progression sera bien moins importante, entre 1 et 3%. L’inflation joue un rôle, ainsi que ces prévisions économiques qui se détériorent, sur fond d’une grande incertitude sur l’évolution de la guerre en Ukraine.

Si nous basculons vers la récession, l’immobilier peut-il être une valeur refuge?

Je ne pense pas, l’activité continuera à se refroidir. Il y a trop d’incertitudes pour inciter les gens à investir. Une étude de la Commission européenne a montré les faibles perspectives pour les douze prochains mois. Nous ne nous dirigeons pas vers des niveaux historiquement bas, mais bien à ces trente dernières années.

Ce ne sont pas de bonnes nouvelles…

Non, ce ne sont pas de bonnes nouvelles. Les derniers chiffres du baromètre des notaires démontrent également que l’activité se réduit fortement.

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