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Immobilier: hausse des taux d’intérêt et ascenseur émotionnel

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Et si on parlait un peu d’immobilier ? Comme vous le savez, pendant ces dernières années, on nous a seriné que comme les taux d’intérêt étaient très bas, c’était le moment ou jamais d’acheter un bien immobilier.

Ce fameux “moment ou jamais” a duré des années. Des années où l’inflation était au plancher et où les économistes avaient plus peur de la déflation que de l’inflation. Aujourd’hui, le vent a tourné et les discours aussi. En effet, les taux d’intérêt sont en train de remonter rapidement à cause de l’inflation et certains, soit se pressent vite pour acheter, soit se disent que la cause est perdue parce qu’ils ont raté le train des taux d’intérêt bas.

D’abord, il faut se méfier de l’écume du jour et prendre du recul par rapport aux gros titres des médias ou des réseaux sociaux. Primo, il faut garder à l’esprit que les taux d’intérêt restent relativement bas. En réalité, si vous enlevez l’inflation, les taux d’intérêt réels sont même négatifs. En clair, l’emprunteur s’enrichit quand il emprunte, et cela, malgré les intérêts. Je rappelle que la Belgique est un pays formidable pour les salariés, car ils bénéficient de l’indexation automatique des salaires. Nous sommes les seuls avec les Luxembourgeois à avoir un tel mécanisme de défense du pouvoir d’achat des citoyens. Autrement dit, votre endettement va baisser au fil du temps via l’inflation alors que cette même inflation va préserver notre pouvoir d’achat.

Mieux encore, si l’achat du bien immobilier n’est pas destiné à notre propre logement, mais destiné à accueillir des locataires, ce n’est pas mal non plus. Les loyers de cet investissement seront indexés sur l’inflation alors que le poids des mensualités ne fera que baisser au fil du temps du fait que nous avons contracté un crédit hypothécaire à taux fixe qui sera rogné par l’inflation.

Comme toujours, tout cela est à nuancer bien entendu, car les derniers chiffres montrent que les propriétaires en Belgique – dans leur grande majorité – n’ont pas abusé de la clause d’indexation des loyers et qu’au contraire, ils ont préféré ne pas l’appliquer en cette période difficile. Ils préfèrent fidéliser leurs locataires que d’appliquer à l’aveugle l’indexation.

Les plus alarmistes diront que ce discours rassurant fait l’impasse sur le fait que les prix des maisons et des appartements n’a fait que grimper et va augmenter encore plus du fait de la hausse des matériaux de construction et de l’énergie. Les dernières statistiques ne vont pas dans ce sens, les prix de l’immobilier globalement n’ont pas bondi, ils sont plutôt en mode stagnation, pour la simple raison qu’il y a moins d’acheteurs aujourd’hui qu’hier. Votre banquier vous dira sans doute aussi qu’il est intéressant d’acheter. Normal, le prêt hypothécaire est l’arme la plus efficace pour conquérir et fidéliser un client. Ce sont des prêts sans risque (contrairement à ce qu’il vous dira), pour la simple raison que le Belge ne veut pas se faire éjecter de son toit, et fera tout pour payer à heure sa mensualité, quitte à se priver sur d’autres postes dépense.

Donc, oui, la hausse des taux d’intérêt actuelle sera aussi utilisée comme un outil marketing pour les banques, surtout en période de baisse de l’activité économique. Les crédits hypothécaires sont en effet moins risqués que les crédits à la consommation ou les crédits aux entreprises. En un mot comme en cent, en matière d’immobilier, méfiez-vous de l’ascenseur émotionnel et faites vos calculs la tête froide.

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