Samsung inaugure l’ère des objets portables connectés

© Reuters

On en parlait depuis des mois. Samsung l’a dévoilée, en premier. La première montre connectée du marché, la Galaxy Gear, sera prochainement disponible. En dégainant le premier, le Coréen dribble son rival Apple. Et lance le coup d’envoi d’un nouveau marché: celui des objets portables connectés.

Le chaebol coréen vient de griller Apple, son rival du moment, sur le créneau des montres connectées. Depuis quelques mois, les rumeurs se multipliaient au sujet de cette innovation très attendue. Et les observateurs et “geeks” du monde entier prêtaient à Samsung, Apple, Microsoft, et d’autres, le projet de commercialiser une montre intelligente (smartwatch). Dans cette course à l’innovation, Samsung aura été le premier à dégainer ce qui pourrait être un nouveau “levier de croissance”.

En effet, le géant coréen a dévoilé ce mercredi, à Berlin, sa Samsung Galaxy Gear. Cet élégant bracelet ressemble…à une montre comme beaucoup d’autres. Sauf qu’elle est reliée au smartphone de son propriétaire qui pourra lire des notifications d’appels reçus, d’e-mails ou de SMS. La montre se dirige aussi avec la voix et permet d’accéder à une série d’applications mobiles. “Plus qu’un gadget” insiste Samsung, elle se veut une véritable extension du smartphone (de la même marque!).

Des milliards de bénéfices ? Certains voient dans le développement de montres intelligentes de belles opportunités pour les fabricants de smartphones. Selon Oliver Chen, analyste de Citigroup, les marges sur les montres se révéleraient quatre fois plus importantes que sur des télévisions. L’analyste avait estimé, voici quelques mois, que si Apple sortait une telle montre, cela lui assurerait des bénéfices de l’ordre de 3,6 milliards de dollars en tenant compte d’une part de marché de l’ordre de 10 % du secteur des montres. Bien sûr, Apple n’a pas encore sorti sa montre et n’a, en tout cas, pas encore ces 10 % hypothétiques de parts de marché. Mais l’analyse, même trop optimiste, démontre l’intérêt potentiel de ce futur segment de marché. Car, certains rêvent déjà de multiples objets connectés comme d’un nouvel eldorado.

Chez Deloitte, Vincent Fosty, partner et spécialiste en technologie, se veut, lui, particulièrement terre-à-terre face à ce type de produits connectés : “les montres ou les lunettes font partie d’un grand nombre d’appareils connectés. Mais il faut probablement modérer les ardeurs de certains : en 2015, on ne ressemblera pas encore à des Robocops. Car quand on examine de plus près les technologies relatives au corps connecté, on constate qu’il s’agit en réalité de nouveaux appareils qui permettent, chacun, des fonctions unitaires, à l’inverse d’un smartphone qui offre un éventail de possibilités différentes. Ces objets connectés ne sont donc probablement pas à voir comme les successeurs des smartphones, mais plutôt comme des compagnons du téléphone qui ouvriront une série de marchés fragmentés.”

La (future) guerre des objets portables connectés Certains voient dans les montres intelligentes un produit que les constructeurs gardent sous le coude pour doper les ventes. “Tant que les smartphones se vendront bien, note un spécialiste du secteur, il y a fort à parier que les montres ne seront pas commercialisées. C’est un produit de relance qu’ils utiliseront lorsqu’ils verront leurs ventes chuter.” En dégainant le premier, Samsung prend directement position sur ce nouveau créneau très attendu par le grand public, avide de nouveautés qu’il ne trouve plus réellement dans le segment des smartphones où les constructeurs font évoluer leurs produits plutôt que de les révolutionner.

D’autres appareils connectés, destinés à être le prolongement du smartphone, sont eux déjà sur le marché. Aux Etats-Unis, par exemple, la mode est au Jawbone, Fitbit Flex et autres Nike+ FuelBand. Ces petits bracelets sont connectés au smartphone, via une application, et permettent de mesurer une série de données biométriques de votre corps ou de vos activités physiques : le nombre de pas, la distance parcourue, les calories brûlées, etc. Ils peuvent également devenir les gardiens de votre sommeil en en contrôlant les phases.

Des gadgets ? Peut-être, et certains modèles rencontrent pas mal de critiques. Mais qu’importe : ils génèrent déjà un vrai business. Rien que la vente des applications “fitness et santé” (on en dénombre plus de 30.000 différentes) aurait atteint 120 millions de dollars en 2010 et devraient grimper à 400 millions de dollars d’ici 2016, d’après ABI Research. Et, à titre d’exemple, la firme FitBit aurait écoulé pas moins d’un million de produits l’an passé générant, selon certaines sources, 76 millions de dollars de revenus. Le marché, relativement neuf, ne dispose pas encore de chiffres fiables. Mais le cabinet d’études Juniper évalue à 1,5 milliard de dollars la valeur de l’univers des objets portables connectés d’ici l’année prochaine.

Le véritable coup de départ vient, en tout cas, d’être donné…

Christophe Charlot

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