Où va eFounders, le start-up studio belge devenu “milliardaire”?
L’ensemble des start-up lancées ou financées par eFounders aurait atteint la valorisation symbolique d’un milliard d’euros. Un cap intéressant même si le studio ne détient pas 100% des parts dans ces jeunes pousses du software as a service. Que lui reste-t-il entre les mains et que compte-t-il en faire ?
Un milliard. L’équivalent d’une licorne. C’est la valorisation qu’atteint aujourd’hui l’ensemble des start-up fondées par le studio eFounders. Elles s’appellent Front, Aircall, Spendesk, Forest, etc… Et, ensemble, elles constituent le portefeuille du start-up studio belge fondé par Thibaud Elzière et Quentin Nickmans en 2011. Leurs différentes levées de fonds auprès de grands noms parmi lesquels Index Ventures (pour Spendesk et Slite), Sequoia (pour Front), Accel (pour Station), Balderton Capital (pour Aircall) valorise ce portefeuille à un peu plus d’un milliard d’après eFounders. Au total, les 23 boîtes lancées par eFounders, toutes spécialisées dans le “software as a service” (SAAS), ont levé pas moins de 250 millions de dollars. Et emploient au total déjà 1.000 personnes en Belgique, France, Etats-Unis,…
Cette barre symbolique franchie par le start-up studio témoigne du succès du modèle, bien spécifique : les idées viennent de Thibaud Elzière et Quentin Nickmans eux-mêmes. Lorsqu’ils identifient un créneau de marché, dans le SAAS B2B, ils analysent le marché et la faisabilité du projet. Ils recrutent des “cofondateurs ” : un CEO et un CTO qui, durant les premiers mois, rentrent leurs factures pour leurs prestations puis deviennent les véritables porteurs du projet, secondés par l’équipe d’eFounders. Après neuf mois de mise en place, l’équipe commence à chercher les investisseurs extérieurs pour espérer, après 18 mois, laisser la start-up voler de ses propres ailes. Et ne plus garder que le lien capitalistique.
Déjà plusieurs boites à 100 ou 200 millions
Ce milliard d’euros de valorisation ne représente pas la valeur des parts d’eFounders. Le studio bruxellois ne détient évidemment plus 100% du capital de toutes ses boîtes. Il s’est forcément dilué, d’abord avec l’entrée du CEO et du CTO de chacun des projets, un tandem à qui il cède la majorité dès le départ…. Et puis il y a les investisseurs des différents tours qui diluent au fur et à mesure le studio ne lui laissant, d’après nos estimations, pas plus de 10 à 20% des boîtes à terme. Front, par exemple, a levé pas moins de 79 millions de dollars dont une Serie B de 66 millions en janvier 2018, “leadé” par Sequoia. Aircall a déjà levé plus de 40 millions de dollars dont 29 en Serie B l’an dernier. Et Spendesk, quant à elle, a levé un total de 60 millions de dollars dont 38 millions en septembre lors d’une série B menée par Index Ventures.
On le comprend vite : eFounders qui avait lui-même levé 10 millions d’euros fait le pari d’avoir, à terme, au minimum 10% dans de très grosses boîtes de SAAS. Et force est de constater que la majorité du milliard d’euros de valorisation avancé par le start-up studio provient de quelques-unes des boîtes les plus prometteuses seulement. D’après nos calculs : Aircall, Front et Spendesk représentent déjà, à trois, environ 60 ou 65% de cette valorisation…
4 “petites” exits en attendant la licorne
Reste évidemment à vendre les start-up pour qu’eFounders touche vraiment une fraction de la valeur des boîtes qu’il crée. Cela fait partie du modèle de start-up studio : créer des boîtes, les faire grandir et les vendre pour rentabiliser son investissement. “Pour le moment eFounders perd encore de l’argent, admet Thibaud Elzière. Mais nous travaillons sur le long terme avec la création de tout un portefeuille et un écosystème de start-up actives dans le futur of work. Le monde du travail devient de plus en plus flexible et à la recherche de nouveaux outils qui répondent à cette évolution et à la nouvelle manière de travailler. Un domaine hyper à la mode dans la Silicon Valley.”
Jusqu’ici, eFounders a déjà réalisé 4 “petites” ventes : Hivy, Mention, Textmaster et tout récemment Mailjet. Si le studio ne communique pas les montants des ventes, on peut évaluer la vente de Hivy, un projet très jeune, à 1 million d’euros. TextMaster pour environ 12 millions d’euros, Mention entre 15 et 20 millions d’euros et Mailjet “plusieurs dizaines de millions d’euros” nous glisse-t-on.
Reste que l’ambition des fondateurs du studio, Thibaud Elzière et Quentin Nickmans, est bien plus grande. Pour Thibaud Elzière l’objectif est évidemment d’avoir plusieurs boîtes vendues quelques centaines de millions, voire “d’obtenir des boîtes qui ont le statut de licornes”… Vu la taille que prennent plusieurs des locomotives d’eFounders, il y a fort à parier que l’une des prochaines ventes sera de ce calibre…
Christophe Charlot
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