Deux idées de start-up au bac, la troisième sur les rails

© PG / JONAS KEPPENS

Alors qu’il lance une nouvelle start-up, Xavier Corman, fondateur d’Edebex et figure bien connue des fintechs belges, a accepté que “Trends-Tendances” suive sa démarche pas à pas… depuis le tout début. Une expérience journalistique de longue durée qui nous plongera au coeur d’une démarche entrepreneuriale numérique.

L’année passée, en septembre, il créait la surprise en quittant son poste de CEO de la scale-up (comprenez une start-up ayant déjà bien grandi) Edebex qu’il avait créée et fait grandir. Xavier Corman avait décidé, en accord avec ses actionnaires, de faire un pas de côté et de laisser la direction de la fintech de plus de 30 personnes à son COO, Wim De Ridder. Une décision surprenante pour un CEO fondateur d’une boîte qui a le vent en poupe.

Mais le choix de Xavier Corman était mûrement réfléchi et dicté par la raison : “Après plus de six ans à la tête d’un projet comme celui-là, il était bon qu’il y ait du changement, nous glissait-il à l’époque. Et Edebex est arrivée à un moment où je considère qu’il est bon d’avoir un autre profil à sa tête”. Un choix qui peut se révéler judicieux tant pour la scale-up que pour l’actionnaire qu’il reste, si la firme continue de grandir.

Mais l’homme n’est pas du genre à rester sans rien faire. Et sa fonction d’administrateur exécutif de l’association Fintech Belgium ne lui suffit visiblement pas. Quelques semaines à peine après son départ de l’opérationnel chez Edebex, Xavier Corman se remet discrètement en selle. Désormais “sur le marché”, il est contacté par plusieurs start-up qui lui proposent des fonctions : du coaching ou carrément la direction. Mais cela le lui suffit pas : Xavier Corman est “entrepreneur dans l’âme”. Et si certains proches lui disent qu’il est “dingue”, il a envie de repartir de zéro. Pourquoi ? “Pour que les fondations soient les plus saines possible et soient construites comme je le veux, répond-il. Pour que tout soit sous contrôle dès le jour 1 !” Sans doute aussi parce qu’il préfère construire que gérer. En témoigne son départ d’Edebex.

Compensation carbone ou aide pour le troisième âge ?

L’entrepreneur explore alors plusieurs pistes. La première dans le domaine de la compensation carbone. L’idée ? Une plateforme permettant aux consommateurs d’automatiquement compenser les émissions carbone de leurs dépenses. Sur base des dépenses enregistrées sur le compte bancaire, il est possible d’automatiquement déduire les émissions et les faire compenser via la plantation d’arbres. La seconde, dans un tout autre domaine, imagine fournir des outils numériques dans la gestion administrative et financière aux enfants de personnes âgées placées.

Dans ses “itérations” et ses recherches, Xavier Corman se fixe une ligne claire de conduite : un projet “avec une vitesse de mise en place rapide, insiste-t-il. Fast try, fast fail. Enfin, j’espère plutôt fast success… Mon expérience de création d’entreprise me permet d’avoir un rythme rapide. Un peu comme des réflexes : tout s’enchaîne rapidement et facilement”. C’est qu’Edebex n’était pas sa première boîte : il a co-dirigé la firme bruxelloise d’objets et textiles promo Kick&Rush.

Pour faire son choix, Xavier Corman s’est fixé un certain nombre de critères que doit rencontrer sa nouvelle start-up : un produit de préférence B to B (ou B to B to C) simple, original, sans limitation géographique et scalable, ce terme à la mode dans l’écosystème tech qui consiste à pouvoir faire grandir de manière colossale une société sans forcément devoir faire croître sa structure dans les mêmes proportions. Sans oublier la possibilité de développer une première version du produit (MVP) à coût relativement faible. Mais les deux pistes envisagées ne remplissent pas tous ces critères.

Choisir, c’est renoncer

“Le projet dans la compensation n’avait rien de simple, détaille l’entrepreneur. Comment déterminer, sur la base du montant dépensé dans une boutique, combien le consommateur a émis de CO2 ? Il y avait une réelle complexité algorithmique si l’on veut dépasser l’approximation.” Autre souci : le business model. “On était essentiellement dans le B to C : les utilisateurs acceptaient de compenser automatiquement sur base de leurs dépenses. Autrement dit, sur un achat de 50 euros, on ajoutait un montant de quelques cents pour assurer la compensation. Il s’agissait d’un genre de taxation volontaire. La difficulté : les convaincre d’y souscrire dans la durée.” Projet abandonné.

La deuxième idée, quant à elle, était un service simple, mais là aussi orientée B to C et avec une dimension “difficilement scalable” même s’il s’agissait de miser sur une série d’outils numériques. “Les aspects scalabilité et international me semblaient compliqués à mettre en oeuvre, analyse Xavier Corman. La relation parents/enfants varie fortement d’un pays à un autre, la taille du marché n’avait rien de simple : le service ne touchait pas les ultrariches déjà servis par les banques privées et ne s’adresse pas aux gens plus faibles économiquement.” L’homme qui examinait le projet avec des partenaires potentiels s’est alors, tout récemment retiré du projet, suggérant comme principale voie possible pour une telle idée le développement d’un software à mettre à disposition des avocats ou représentants légaux en charge de personnes âgées placées.

Voilà pourquoi Xavier Corman s’est récemment engagé dans une toute autre direction pour son nouveau projet de start-up. Un concept qu’il ne dévoile pas encore. A l’heure d’écrire ces lignes, il lui fallait encore signer l’acte de constitution de sa start-up chez sa notaire. Et enregistrer le nom de domaine web. Rendez-vous sur le site de Scale Me Up pour le découvrir en primeur…

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