Coronavirus: le web risque-t-il la surchauffe?

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Alors que le télétravail et le confinement pousse à une consommation bien plus intensive du Web, beaucoup craignent la panne. Les réseaux rencontrent, il est vrai une consommation historique. Quels sont les risques réels?

La lutte contre le coronavirus passe inévitablement par une limitation des contacts sociaux. Ce confinement, plus ou moins strict au moment d’écrire ces ligne, pousse au télétravail… mais aussi à la consommation, à domicile, de contenus en ligne comme des jeux vidéo ou du streaming.

Explosion du trafic sur Internet

Résultat : le trafic internet augmente fortement. Le réseau belge BNiX géré par Belnet et qui “nourrit” plusieurs opérateurs, par exemple, a connu ce lundi son pic historique de consommation. De son côté, selon Le quotidien Les Echos, Deutscher Commercial Internet Exchange (DE-CIX), l’un des principaux carrefours du trafic internet au monde, basé à Francfort, a constaté en début de semaine une explosion du volume également, soit l’équivalent de 2 millions de vidéos en HD échangées…. en une seconde ! Et l’on n’en est encore qu’au début de la période de quarantaine. “La grande question en Belgique, admet un expert, sera la stabilité du réseau Internet. Globalement, les mesures actuelles ont un impact réel dans d’autres pays où l’on voit que les capacités des réseaux peuvent se rapprocher des limites.”

Les réseaux peuvent-il supporter le trafic ?

Cet engouement forcé et la nécessité de travailler en ligne peut-il mener le Web à la surchauffe ? Tous les opérateurs belges se montrent optimistes et rejettent totalement tout risque de panne du Web. Chez Belnet aussi, on se veut rassurant : “Nous sommes loin d’atteindre les limites de capacité, réagit Laetitia Lagneau porte-parole de Belnet. Les réseaux sont dimensionnés pour recevoir une importante augmentation de trafic, Nous avons pris depuis plusieurs jours des mesures spécifiques comme la suspension de toutes les interventions non urgentes sur le réseau et nous monitorons de manière très précise notre réseau afin de détecter au plus vite tout incident imprévu. Les institutions de santé publique comme les hôpitaux ou les organismes fédéraux reçoivent une attention spécifique.” Et de préciser : “on ne peut pas dire que le réseau est illimité, mais la limite est vraiment très loin et notre réseau est surdimensionné à l’heure actuelle.” Malgré ce message rassurant, les informations chez nos voisins français se veulent un peu moins optimistes. Comme le précise cet article de nos confrères du Figaro, la mobilisation dans l’Hexagone est forte pour s’assurer que le Web puisse tenir sur la durée… et pas seulement durant les quelques pics auxquels on assiste.

Et les acteurs du Net ?

Bien sûr, un autre aspect de l’accessibilité des services réside, non pas dans les réseaux eux-mêmes, mais chez les fournisseurs de contenus. Les acteurs du Net sont-ils en mesure de supporter un gros afflux de visiteurs et une forte augmentation de la consommation de leur service. “L’architecture de nos serveurs est conçue de telle manière à ce que nous puissions répondre aux demandes de manière assez locale, nous répond un employé d’un géant américain du Web. Cela veut dire que si vous utilisez un de nos services, vous ne créez pas du trafic aux Etats-Unis mais vous êtes dirigé vers un de nos serveurs européens. Cela répartit la demande. Et il y a des systèmes de back-up….” On craint en effet assez peu les risques de “plantage” du côté des Google, Microsoft ou Amazon. Mais pas mal de plus petits acteurs pourraient être victimes de surcharge et leurs serveurs pourraient ne pas supporter l’afflux massif de connexions.

Pas crucial pour des services non vitaux. Mais cela pourrait poser problème dans le cas de services importants dans les domaines de la santé, des autorités, etc. Qui pourrait en effet tolérer que le bon fonctionnement de nos services de santé cafouille parce que nos marmots passent du temps sur Fortnite.

D’où l’idée d’admettre des entorses à la “neutralité du Web” qui imposent aux opérateurs et aux gestionnaires des réseaux de ne pas favoriser ou défavoriser des contenus et de laisser à chaque service les mêmes capacités, aux mêmes prix. Mais selon cela pourrait s’imaginer en cas de souci sur le réseau. Cela reviendrait à brider certains services moins “fondamentaux” comme Netflix ou certains jeux, qui représentent à eux seuls la plus grosse majorité du trafic Internet. “Cela reste vraiment très hypothétique et très théorique, rétorque Laetitia Lagneau. Techniquement, c’est possible mais n’a jamais été envisagé car absolument pas nécessaire. Mais si cela devait être le cas, ce serait exclusivement sur injonction gouvernementale…”

C.C.

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