Le créateur du Nabaztag dit tout sur son nouveau projet

Rafi Haladjian, qui a revendu Violet en 2009, revient avec Sen.se, qui sera lancée officiellement cette semaine. Il veut créer une sorte de boutique d’applications pour les objets communicants, avant de lancer ses propres produits sur le marché. Interview exclusive.

Sen.se, la nouvelle start-up de Rafi Haladjian, ouvre sa version bêta le 1er décembre. Le créateur du lapin Nabaztag (revendu à Mindscape en octobre 2009 alors que la société était en difficulté), qui s’est écoulé à 180 000 exemplaires, en est à sa 17e création d’entreprise. Cette fois, il s’attaque encore à l’Internet des objets. Sa nouvelle société compte une douzaine de personnes, éclatées entre le siège à Paris, Stockholm, et Montréal.

Quelle est la genèse de votre nouveau projet ?

Avec Violet, j’ai participé à la première phase de ce qui est devenu l’internet des objets. On l’a expérimenté comme très peu de gens l’ont fait, et cela nous a beaucoup appris. D’une part, que les gens vont finir par avoir plusieurs objets communicants chez eux, qui se parlent les uns aux autres. Pas seulement un objet qui communique avec le web. D’autre part, ces objets seront achetés chez différents vendeurs. L’intérêt sera qu’il y ait une espèce d’intelligence d’ensemble. Un objet communicant, c’est généralement cher : entre 100 et 200 euros, parfois avec un abonnement en plus. Les gens ne vont pas pouvoir en acheter beaucoup, chacun avec sa spécialisation. La solution, c’est qu’ils deviennent polyvalents, plus flexibles, ou que l’on puisse les fabriquer soi-même.

Pouvez-vous nous donner des exemples d’objets communicants existant aujourd’hui ?

Zéo, un “coach de sommeil” qui mesure la qualité de votre sommeil. Philips Direct Life, un gestionnaire de santé qui mesure votre niveau d’activité. AlertMe, un système domotique qui vous aide à réduire votre consommation d’énergie. Withings, un pèse-personne WiFi connecté à internet…

Qu’est-ce que Sen.se ?

C’est une plateforme qui permet de connecter tous ces objets achetés séparément, de faire en sorte que l’utilisateur récupère toutes ces données qu’ils enregistrent, et de demander à ces objets d’effectuer de nouvelles choses. L’idée, c’est de transformer tous ces flux de données en actions : par exemple, envoyer un tweet, allumer un appareil ou ouvrir la fenêtre quand une série de conditions que vous avez définies sont remplies. Sen.se permet de donner du sens à des flux d’informations. De créer un journal intime qui s’écrit tout seul. Concrètement, ce sont des serveurs et un site web, qui n’est que la partie visible.

Comment cela va-t-il fonctionner, et à qui s’adresse le site ?

Open.sen.se, lancé le 1er décembre, est un espace dédié à tous ceux qui conçoivent des objets communicants : amateurs, ingénieurs, labos… Le principe, c’est qu’ils connectent leur machine pour faire des expérimentations. Concrètement, ils envoient leurs données à la plateforme qui est capable d’identifier leur machine, par exemple un Nabaztag, et ils ont accès à une bibliothèque d’applications pour créer des scénarios d’usages. Cela permet de changer les fonctions de l’objet sans le transformer physiquement. Par exemple, je peux créer un scénario de comportement pour le Nabaztag : si je veux lui faire accomplir une action spécifique si la température de la pièce atteint un certain niveau et que mon nombre d’emails reçus dépasse 10, je peux. Je peux aussi ajouter une application de courbe graphique à la balance Withings. Ou envoyer un mail automatique à mon médecin si mon poids dépasse un certain seuil, des fonctions qui n’existent pas dans l’objet quand vous l’achetez.

Vous avez créé vous-mêmes ces applications ?

Dans un premier temps, ce sont des applications que nous avons développées, seuls ou avec des partenaires. Mais tout est open source et les développeurs pourront l’enrichir.

Allez-vous aussi fabriquer des objets ou fonctionnerez-vous avec ceux qui sont déjà sur le marché ?

Dans un deuxième temps, cette plateforme pourra servir à l’exploitation d’objets à l’échelle industrielle. Et il y aura peut-être des objets Sen.se… mais ce ne sera pas des lapins ! L’idée, c’est de faire l’internet des objets, pas l’internet des lapins.

Quels types d’objets serez-vous susceptible de créer ?

Des objets désirables avant tout. Si on veut que l’internet des objets démarre, il faut d’abord que les gens s’équipent. Or, sorti des box et des téléphones mobiles, il n’y a pas d’objets subventionnables. Un objet cher, follement utile et sérieux, je n’y crois pas. Si au lieu de rendre un objet intelligent on le rend idiot, ce qui est notre approche puisqu’on lui demande de faire un minimum, capter une donnée et l’envoyer à un serveur, on retarde le cycle de l’obsolescence dans lequel entrent tous les objets numériques, et tout est imaginable.

Quel est votre modèle économique ?

La plateforme d’expérimentation et de prototypage Open.sen.se sera gratuite. En revanche, la connexion d’appareils de manière massive sera payante. La plateforme recevra et traitera les flux de milliers d’appareils, 24/24, et cela a un coût. La tarification sera proportionnelle. Et bien sûr, nos futurs objets ne seront pas gratuits.

Propos recueillis par Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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