La voiture volante, un rêve bientôt réalité ?

Le concept de voiture volante d'Airbus se compose de trois parties: une capsule centrale, qui se fixe au choix sur un module terrestre ou un module aérien. © PG

Ce n’est plus un doux rêve ! Plusieurs projets de voitures/taxis volants sont à l’étude, y compris chez de gros industriels, comme Airbus et Boeing, qui y voient un outil efficace pour désengorger les villes. Le point.

En mars dernier, sur l’un des stands du Salon de l’automobile de Genève, un drôle d’engin attirait notre regard. Son nom : Pop.Up. Développé par Airbus et le designer Ital Design, ce véhicule conceptuel est en fait une voiture volante biplace ! Si les industriels s’intéressent à cette technologie, c’est dans le but de limiter les embouteillages dans les grandes villes. D’après les experts en mobilité, dans moins de 20 ans, plus des deux tiers de la population mondiale habiteront dans les villes, lesquelles connaîtront donc des problèmes de mobilité aggravés. D’où l’idée de survoler les bouchons… Et pas besoin d’être un pilote d’avion : le véhicule volant sera autonome et viendra donc chercher les passagers chez eux pour les mener à bon port, en jonglant entre ciel et terre. Vu le prix coûteux de la technique, le but n’est pas de vendre ces véhicules aux particuliers, mais plutôt à des sociétés qui fournissent des services de mobilité. Des taxis volants, donc.

Uber pousse les industriels

Si Airbus s’y colle, c’est que le projet n’est pas si farfelu. D’autres groupes sérieux ont d’ailleurs aussi présenté des concepts de voitures volantes. On pense à la société américaine Terrafugia (The Transition, TF-X), à l’allemande Lilium (soutenue par l’Agence spatiale européenne) avec la Jet, à la slovaque Aeromobil (Flying car), à la chinoise EHang, à Google (dont le cofondateur Larry Page finance les start-up Zee.Aero et Kitty Hawk) ou encore à Boeing, qui a racheté la start-up Aurora Flight Sciences.

Souvenez-vous de ce que je vais vous dire : une combinaison de l’avion et de l’automobile va voir le jour”, déclarait Henry Ford en 1940.

Ces acteurs sont poussés par Uber, qui s’intéresse de près au sujet, avec son projet de service Elevate, visant à désengorger les villes au moyen d’appareils électriques autonomes partagés, à décollage vertical. Des véhicules à mi-chemin entre la voiture volante et le mini-hélicoptère. Ces appareils seraient capables de décoller, d’atterrir et de se recharger sur un réseau de ” vertiports “, installés en haut des immeubles, sur des parkings ou sur des terrains inutilisés autour des axes routiers.

Horizon 2020

Pour son projet Elevate, Uber a notamment débauché un spécialiste de la recherche sur les voitures volantes à la Nasa : Mark Moore. Uber s’est aussi associé à plusieurs partenaires industriels, mais également aux zones urbaines de Dubaï et de Dallas-Fort Worth (Texas), qui pourraient devenir les premières à accueillir de tels réseaux de taxis volants. A Dubaï, l’autorité des routes et des transports (RTA) vient d’effectuer un premier vol test sans passager (lire l’encadré “Dubaï teste déjà le drone taxi” plus bas) et s’est fixé un objectif concret : effectuer une démonstration avec de vrais passagers lors de la prochaine exposition universelle, qui sera organisée dans l’Emirat en 2020. Dans la zone Dallas-Fort Worth, l’objectif est également d’avoir une première démonstration en 2020, suivie d’un programme pilote à échelle réelle d’ici à 2023. A terme, Uber aurait un besoin estimé entre 500 à 1.000 voitures volantes par grande ville, et ce dans 500 grandes zones urbaines. Un gros marché potentiel, donc !

Le concept de voiture volante d'Airbus se compose de trois parties : une capsule centrale, qui se fixe au choix sur un module terrestre ou un module aérien.
Le concept de voiture volante d’Airbus se compose de trois parties : une capsule centrale, qui se fixe au choix sur un module terrestre ou un module aérien.© PG

“Drone” de voiture…

A quoi ressembleront ces taxis du ciel ? Lorsque l’on évoque la voiture volante, la question première est de savoir si l’on veut un décollage horizontal ou vertical. En ville, la deuxième solution est évidemment la plus intéressante et profite de la technique peaufinée par les drones. Pas besoin de piste de décollage, donc : le véhicule s’envole et atterrit à la verticale. Autre caractéristique de la voiture volante de demain : elle sera électrique. En effet, contrairement à un avion, le taxi volant urbain ne parcourra pas de très longues distances et pourra dès lors fonctionner sur batterie, donc presque sans bruit ni pollution locale. Et le coût de maintenance sera bien moins élevé que celui d’un hélicoptère ou d’un avion classique.

Dans un premier temps, les taxis volants seront menés par un pilote, pour rassurer les premiers usagers. Mais à terme, le but est de rendre ces engins autonomes. Voilà comment Airbus explique le mode opératoire de ces futurs véhicules volants autonomes : ” Les passagers planifieront leur trajet et réserveront leur voyage via une application. Le système suggèrera automatiquement la meilleure solution de transport, en fonction des horaires, de l’encombrement du trafic, des coûts, des demandes de covoiturage, etc. La plupart des techniques nécessaires sont déjà au point, comme les moteurs électriques, les batteries ou l’avionique “.

Les développeurs du concept Pop.Up de chez Airbus avouent toutefois qu’il y a des obstacles à surmonter, à commencer par la clarification de la réglementation de ces engins volants d’un nouveau genre. Dans le but de rendre ces taxis volants autonomes, il faudra également peaufiner les détecteurs d’obstacles (capteurs, caméras et radars), qui scrutent les contours du véhicule pour éviter les collisions dans les airs. Mais la technique est déjà bien avancée, puisqu’elle est similaire à celle de la voiture autonome, dont l’arrivée est proche également. Bref, si la voiture volante n’est certes pas encore au-dessus de nos têtes, elle ne relève désormais plus de la science-fiction, d’autant qu’elle est poussée dans le dos par des acteurs très ambitieux !

Par Olivier Marloteaux.

Deux vidéos pour découvrir comment Airbus et Uber imaginent leur service de voitures/ taxis volants :

www.youtube.com/watch?v=L0hXsIrvdmw

www.youtube.com/watch?v=nuFSh7N0Nhw

Les constructeurs automobiles investissent

La voiture volante, un rêve bientôt réalité ?
© PG

La Transition de Terrafugia, une société américaine rachetée par le groupe chinois Geely, propriétaire de Volvo.
La Transition de Terrafugia, une société américaine rachetée par le groupe chinois Geely, propriétaire de Volvo.© PG

Le taxi volant semble aussi intéresser les constructeurs automobiles traditionnels. Daimler, la maison mère de Mercedes, a en effet annoncé cet été avoir investi 25 millions d’euros dans la société allemande Volocopter, pour le développement d’un nouveau taxi électrique à décollage et atterrissage vertical, capable d’embarquer jusqu’à cinq passagers. Par ailleurs, le groupe chinois Geely, propriétaire de Volvo depuis 2010, vient lui d’acquérir la société américaine Terrafugia, qui a développé une voiture volante à moteur thermique et décollage horizontal. Baptisée Transition , celle-ci est déjà homologuée aux Etats-Unis et elle sera commercialisée dès 2019, au prix de 355.000 dollars. Terrafugia étudie aussi le concept TF-X, une voiture volante de quatre places à décollage vertical. Ce modèle, destiné au marché des taxis volants, devrait être lancé à l’horizon 2023.

La voiture volante : un vieux rêve

Il faut attendre 1937 pour qu'une voiture prenne réellement son envol : la Waterman Arrowbile.
Il faut attendre 1937 pour qu’une voiture prenne réellement son envol : la Waterman Arrowbile.© PG

” Souvenez-vous de ce que je vais vous dire : une combinaison de l’avion et de l’automobile va voir le jour. Vous pouvez sourire, mais cela viendra. ” Cette phrase n’est pas sortie de la bouche d’un patron de start-up de la Silicon Valley : elle a été prononcée en… 1940 par Henry Ford, un des pionniers de l’automobile. Depuis la naissance de l’automobile, certains ont en effet toujours voulu lui faire pousser des ailes… Le premier brevet d’une voiture volante a été déposé en 1910, mais il a fallu attendre 1937 pour qu’une voiture prenne réellement son envol : la Waterman Arrowbile (photo), sorte de tricycle à hélice arrière, sur lequel on venait poser des ailes. Avec le temps, de nombreux autres prototypes, souvent fantaisistes, ont été créés. Aujourd’hui, la technique est fiabilisée, mais les concepts de voitures volantes ressemblent moins à des automobiles qu’à des navettes aériennes pouvant momentanément évoluer sur la route.

Dubaï teste déjà le drone taxi

Ce drone taxi, développé par Volocopter, se situe entre la voiture volante et le mini-hélicoptère.
Ce drone taxi, développé par Volocopter, se situe entre la voiture volante et le mini-hélicoptère.© PG

En septembre, les autorités de Dubaï ont réalisé le premier vol sur leur territoire d’un taxi volant autonome. Un vol réussi, mais qui a été réalisé sans passager à bord, pour des raisons de sécurité. L’engin, développé par la société allemande Volocopter, n’est pas une voiture volante puisqu’il est dépourvu de roues. Il s’agit plutôt d’un drone taxi, capable de décoller et d’atterrir à la verticale. L’appareil dispose de deux places et ses 18 rotors électriques lui permettent de voler pendant 30 minutes à une vitesse maximale de 100 km/h. En cas de problème, des parachutes amortissent la chute de ce drone habitable.

L’Autorité des transports de Dubaï (RTA) prévoit d’intégrer un service de taxis volants à son réseau de mobilité à l’horizon 2023. Les passagers réserveront ces taxis sans pilote via une application spécifique. Des taxis qui pourraient se poser au sommet des hautes tour de l’Emirat… Mais bien que les autorités de Dubaï veulent jouer les pionniers en matière de transport urbain volant, elles ne veulent pas faire les choses trop vite et se donnent encore cinq ans de tests, afin de peaufiner la technique et de mettre en place toutes les normes de sécurité ainsi que la législation nécessaire à l’utilisation de ce nouveau moyen de transport.

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