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‘La nouvelle arme de Big Brother pour nous surveiller’

C’est une comparaison qui revient souvent sous la plume des commentateurs: chaque fois qu’un gouvernement vote des lois liberticides, on en revient à ‘1984’, de George Orwell.

À chaque fois qu’un gouvernement vote des lois liberticides, pour nous protéger par exemple des terroristes, les commentateurs s’inquiètent de savoir si sous ce prétexte, ce même gouvernement n’en profite pas pour nous surveiller de près et scruter nos moindres faits et gestes pour les rapporter disons à l’administration fiscale.

Et à chaque fois, l’exemple qui revient en boucle, c’est celui du roman de George Orwell, 1984, roman dont la trame est la surveillance de chaque citoyen par une télévision-caméra, constamment allumée dans tous les appartements, et qui scrute tous nos faits et gestes, ainsi que nos moindres paroles. Même le héros du livre, qui croit échapper à cette surveillance, est en réalité suivi par Big Brother !

Eh bien aujourd’hui, la trame de ce roman ‘1984’ est en train de se réaliser, non pas via votre télévision, mais via le cloud computing. Pour rappel, cette nouvelle technologie, très efficace, permet aux sociétés de stocker des tonnes d’informations, non pas sur ses propres serveurs, mais dans des centres de données gérés en externe par des sociétés comme Microsoft ou Amazon, par exemple. L’intérêt pour l’entreprise est simple: elle ne doit pas posséder toute cette infrastructure et peut simplement la louer à une firme comme Microsoft. Et cerise sur le gâteau, l’entreprise a accès à ses propres données depuis n’importe quel endroit dans le monde. Voilà pour la philosophie.

Mais ce système du cloud computing s’apparente à un véritable gruyère avec des trous immenses en matière de confidentialité. Récemment encore, nous avons vu qu’Apple avait refusé de déchiffrer un iPhone 5 à la demande du FBI qui voulait donc accéder aux données de ce smartphone utilisé par le terroriste de la tuerie de San Bernadino. Le FBI a finalement pu trouver une solution sans l’aide d’Apple.

Or justement, Microsoft vient de reconnaître que la justice américaine lui avait également formulé plus de 5.000 demandes de surveillance de données hébergées dans le cadre du cloud computing. Et la moitié de ces demandes a été faite avec obligation de garder l’information secrète.

À l’ère du cloud computing, même les riches et les puissants ont compris qu’ils sont tout nus

Le problème, comme le relate le journal Le Monde, c’est que ces demandes ne sont pas limitées dans le temps et posent un problème de crédibilité à Microsoft ou aux autres firmes comme Apple, Amazon ou Google qui possèdent énormément de données sur leurs clients. Oui, elles sont d’accord de lutter contre les terroristes, mais elles souhaitent toutes qu’un cadre légal soit développé et que cela ne se fasse pas n’importe comment, comme c’est le cas aujourd’hui…

On sait tous que l’anonymat ou l’intimité n’existe déjà plus avec le numérique, mais ici, avec toutes ces affaires d’espionnage par la justice américaine, se pose la question de la confiance, comme le fait remarquer le journal Le Monde. Quelle confiance puis-je donner à une entreprise à laquelle je donne mes données commerciales ou économiques les plus confidentielles ? Des écoutes de la NSA à celles du FBI, en passant par les Panama Papers, même les riches et les puissants ont compris qu’ils sont tout nus aujourd’hui. Bienvenue donc dans le monde de Big Brother, celui de la surveillance banalisée et généralisée.

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