A deux jours de son lancement aux Etats-Unis, l’iPad fait beaucoup parler de lui. En bien. Démythifiée, la tablette d’Apple prend tout son sens commercial. Voici pourquoi elle pourrait séduire davantage que ce que l’on pensait.
A deux jours de son lancement aux Etats-Unis, l’iPad fait beaucoup parler de lui. En bien. Démythifiée, la tablette d’Apple prend tout son sens commercial. Voici pourquoi elle pourrait séduire davantage que ce que l’on pensait.
Dernier round d’observation avant la sortie de l’iPad dans sa version WiFi, samedi, aux Etats-Unis. Sortira-t-il vainqueur par KO ? Encore faudrait-il savoir contre qui se bat-il au juste.
Après les déceptions de la première heure, les premières critiques de prise en mains sont élogieuses. Gizmodo en a rassemblé quelques-unes, issues des journalistes high-tech les plus en vogue, qui sont en passe de faire grimper la cote de la tablette. Tout a été dit sur ses spécifications techniques et ses fonctionnalités. Pour comprendre où réside le vrai potentiel du produit, LExpansion.com fait l’inventaire de ce qu’il est, ce qu’il n’est pas, et des opportunités de ce nouveau segment de marché.
L’iPad va-t-il remplacer le PC ? Non…
Ce qu’on peut faire avec un iPad, on peut le faire avec un PC, alors que l’inverse n’est pas toujours vrai. Les tests ont montré que l’iPad était parfait pour les mails (grâce au grand écran, on peut voir à la fois sa boîte de réception et le contenu du mail, à la différence de l’iPhone), la consommation de contenus (photos, vidéos, livres, musique, information), le surf sur internet, les réseaux sociaux.
En revanche, il y a certaines choses pour lesquelles on ne pourra pas se passer d’un PC: éditer des documents longs (on ne parle même pas de création multimédia, mais ne serait-ce que d’un document Word avec beaucoup de texte), voir des vidéos en flash (ce qui est quand même très courant sur le web), le multitâche, le chat vidéo, l’impression de document (l’iPad n’est pas équipé de port USB), l’archivage d’une grande quantité de fichiers et la sauvegarde sur le disque de certaines pièces jointes. Notons qu’en ce qui concerne l’édition de documents, il est possible d’acheter séparément un clavier (69$) et un accessoire (39$) permettant de maintenir la tablette dans un angle adapté pour l’écriture, mais la facture commence à être vraiment très salée (l’iPad sera vendu entre 499 et 829 dollars).
…mais le netbook, pourquoi pas
Il y a plusieurs raisons d’acheter un netbook. Le prix, si on ne peut pas se payer un notebook ou si on veut un ordinateur supplémentaire dans le foyer. La taille, pour l’emmener partout plus facilement. Les usages, lorsque l’on veut surtout un PC pour surfer.
Pour ce qui est de la portabilité, si l’on peut supporter le clavier virtuel, l’iPad est plus léger et sa batterie dure plus longtemps qu’un mini-PC. Pour se limiter au surf (ce qui serait le cas de 50% des acheteurs de l’iPad selon Comscore), on l’a dit, il fait complètement l’affaire. Comme ordinateur secondaire, il est pratique car il peut servir à toute la famille, se poser n’importe où sans préjudice esthétique. Pendant que maman télétravaille sur le PC, sa préado peut mettre à jour son statut Facebook sur l’iPad, avant de le repasser à son frère qui s’éclatera sur un casual game sans monopoliser l’ordinateur familial.
Quant à mamie, on imagine que l’iPad peut facilement séduire une clientèle senior, rebutée par l’ordinateur. Pas de souris, de menu démarrer, de fenêtres Windows, de programmes et de puissance de calcul que l’on n’utilisera jamais… Un bouton marche/arrêt, pas de périphériques embarrassants, le tout sur un écran pas trop petit, que demander de plus ? En plus, sur l’iPad, on ne paie que ce que l’on consomme, grâce au système AppStore.
Le nouveau couteau-suisse numérique
Quant au prix, il est certes élevé si on le compare à un netbook. Mais si on réfléchit à ce qu’il pourrait remplacer d’autre, le choix est beaucoup moins évident. Une des forces de l’iPhone, qui a contribué à son succès, c’est le côté “tout-en-un” : transporter à la fois un appareil photo, un lecteur MP3, un dictaphone, une messagerie, un navigateur web et bien sûr un téléphone. Avec l’iPad, on a à la fois un cadre photo numérique, un e-reader, une console de jeu portable, un lecteur DVD portable (iTunes), pourquoi pas un livre de recettes, une clé 3G… et bien sûr un petit ordinateur.
Est-ce que l’iPad peut tout faire aussi bien que chacun de ces appareils pris séparément ? Pas forcément.
A ce sujet, l’application e-reader a été particulièrement commentée. La tablette ne sort d’ailleurs pas si mal de la comparaison avec le Kindle. Elle souffre certes d’un écran plus scintillant, d’une batterie qui dure moins longtemps, d’une bibliothèque moins fournie et d’un prix plus élevé, mais elle a l’avantage d’être tactile et couleur, et de visualiser deux pages côte à côte en mode paysage. De toute façon, si la comparaison est pertinente aux Etats-Unis, elle l’est beaucoup moins en France où le Kindle ne propose que peu de livres en Français, et où le marché est quasi inexistant. Justement: si les consommateurs français n’ont pas plébiscité jusqu’ici les e-readers, l’achat d’une tablette qui propose cette fonctionnalité parmi d’autres sera peut-être à même de leur faire sauter le pas.
Un marché à créer
Si l’iPad n’est pas destiné à remplacer l’ordinateur, c’est que, comme il a d’ailleurs été présenté, il est là pour créer un nouveau segment de marché. Autrement dit, l”iPad est un produit que l’on achète en plus du reste. La différence avec l’iPhone, c’est que les clients du smartphone d’Apple possédaient déjà un téléphone mobile, ou en auraient de toute façon acheté un. Ce n’est pas le cas d’une tablette, produit qui n’a jusqu’à présent – depuis le début de ce siècle – jamais réussi à trouver son public.
Mais Apple sait se faire aimer, il l’a déjà prouvé par le passé. Et sur son segment, il sera dans un premier temps seul. L’iPad n’est pas techniquement révolutionnaire, d’où son rejet initial par les technophiles. Oui, c’est un gros iPod Touch. Non, il ne remplacera pas un ordinateur. Prises une par une, ses fonctionnalités peuvent être comparées à de nombreux appareils plus performants. Mais il les réunit dans un concept joli, simple, rapide, et amusant à utiliser à toutes les sauces. Pour comprendre le potentiel du produit, il faut le prendre dans sa globalité. C’est précisément ce qui le rend difficile à évaluer, puisque cette globalité ne répond pas à un besoin existant.
L’iPad se rendra-t-il indispensable ?
Consulter son profil Facebook au lit avant de se coucher, servir d’ordinateur d’appoint et de lecteur multimédia en voyage de famille… Vous avez oublié de regarder l’itinéraire juste avant de partir en voiture, hop on rallume l’iPad, ça ira plus vite que de booter le PC…
Sans parler les multiples applications dédiées qui verront le jour. En plus du catalogue iPhone existant (et faut-il le rappeler, tout le monde n’est pas encore équipé de smartphone), 1000 applications spécifiques pourraient être disponibles dès le lancement. Elles coûteront a priori plus cher que sur l’iPhone, car elles nécessitent une adaptation à la plateforme, donc des coûts de développement. Pas seulement pour le portage, mais aussi pour tirer parti des caractéristiques de la machine, qui permet davantage de choses, notamment dans les jeux. En outre, les développeurs cherchent aussi à limiter le risque lié à l’incertitude concernant les ventes de la tablette. Enfin, les volumes ne seront pas les mêmes en raison d’une base installée fatalement plus petite.
Les analystes prévoient des ventes entre 2,2 et 6 millions d’unités d’ici à la fin du mois de septembre. En France, l’iPad serait vendu entre 549 et 879 euros selon les modèles.
Raphaële Karayan
Trends.be, L’Expansion.com