iPad… et puis ? Apple est-il le nouveau Goldman Sachs ?

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Malgré le démarrage en fanfare de sa tablette iPad, Apple n’a guère flambé en Bourse. Pourquoi ce désamour des investisseurs ? Steve Jobs doit-il s’attendre, pour sa firme à la pomme, à un destin semblable à celui de Goldman Sachs, dont l’action stagne malgré des bénéfices record en 2009 ?

Il s’est donc écoulé plus de 300.000 exemplaires de la tablette iPad durant sa première journée de commercialisation. Ce montant inclut les précommandes livrées aux consommateurs, les unités parvenues aux distributeurs et les ventes dans les Apple Retail Stores. Dès ce premier jour, les utilisateurs de l’iPad ont téléchargé plus d’un million d’applications depuis l’App Store de la firme à la pomme et 250.000 e-books via son iBookstore.

Un succès total ? Pas encore tout à fait, même si les analystes ne doutent pas qu’Apple tiennent – à nouveau – ses promesses commerciales, donc financières. Les spécialistes de Crédit Agricole Securities ont ainsi revu à la hausse leurs projections de cours pour l’entreprise dirigée par Steve Jobs, passant de 260 à 280 dollars. Précisons qu’aujourd’hui mercredi, le titre Apple finissait à 239,54 dollars.

Comment expliquer, dès lors, que le titre Apple ait à ce point stagné le 5 avril, jour où le géant de Cupertino a officiellement lancé son iPad ? Vers midi, en effet, l’action gagnait à peine un demi-pour cent, à 237,39 dollars. Serait-ce, pour paraphraser Michael Corkery (Wall Street Journal), le signe qu’Apple est devenu le nouveau Goldman Sachs ? Autrement dit, une entreprise fortement bénéficiaire mais dotée d’un cours de Bourse traînant loin derrière ceux de ses concurrents ces derniers mois.

Goldman Sachs : peu de potentiel de “flambée boursière” dans l’immédiat

L’action Goldman Sachs s’est appréciée de 43 % durant les 52 dernières semaines. Le colosse US de l’investment banking est ressorti plus fort encore de la crise économique, allant jusqu’à enregistrer la meilleure année de son histoire, souligne le journaliste du WSJ. Et pourtant, depuis le 1er janvier, son cours boursier s’est embourbé, perdant même 2,5 % au premier trimestre, tandis que l’indice S&P 500 croissait de 4,5 %.

Comment expliquer ce désamour des investisseurs, qui ont tourné leurs regards – et leur portefeuille – vers des rivaux comme Citigroup (+ 20 % en Bourse) et Bank of America (+ 12 %) ? Précisément parce que ces deux derniers groupes, comme tant d’autres, viennent tout juste de retrouver le chemin des bénéfices. Et recèlent donc des mines de revenus nouveaux plus importantes que dans le cas de Goldman Sachs. Un mouvement amplifié par le redressement de l’économie en général, et de l’immobilier en particulier, qui améliore grandement la qualité de leurs crédits. Autrement dit, les chances de voir l’action Goldman Sachs flamber sont nettement moindres que pour certains concurrents…

Ce n’est pas tout. Les perspectives à court terme pour l’activité “banque d’investissement” de Goldman Sachs ne sont pas des plus roses, pointe encore Michael Corkery. Ajoutez à cela des changements dans le système de régulation financière, en débat à Washington, et vous comprenez pourquoi les boursicoteurs se méfient du titan new-yorkais, malgré ses résultats.

Apple après l’iPad : “What’s next ?“… Un procès ?

Bien sûr, l’action Apple a plus que doublé depuis son plancher de mars 2009, et les ventes de l’iPad devraient ravir Steve Jobs et ses actionnaires. “Mais à quel point ce succès annoncé était-il déjà pris en compte dans le rallye sur l’action Apple, en hausse de 11 % depuis le 1er janvier ?, s’interroge en conclusion le journaliste du Wall Street Journal. Tout comme pour Goldman Sachs après ses bénéfices record de 2009, les investisseurs pourraient bien poser cette question à Apple après l’iPad : What’s next ?

Peut-être un… procès. L’entreprise EMG vient en effet d’ajouter l’iPad à son dossier contre Apple. Elle accuse la firme à la pomme d’utiliser, depuis l’iPhone, sa technologie de navigation sur le Net depuis un appareil mobile sans lui verser de “royalties raisonnables”. L’introduction de la plainte date de novembre 2008. Le procès devrait débuter en septembre 2011.

Si les croissances de ventes de l’iPad suivent celles de l’iPhone, notamment, et que la tablette numérique d’Apple donnait lieu, en cas de condamnation, à des dommages et intérêts proportionnels au chiffre d’affaires généré, cela représenterait un écueil financier que personne, sans doute, ne néglige à Cupertino.

V.D.

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