iPad en Belgique : les 3 questions qui taraudent les fans

A moins de faire un saut fin mai en France ou en Suisse, le fanatique belge d’Apple devra patienter jusqu’en juillet pour s’offrir l’iPad. Pourquoi ce délai de plusieurs mois ? Pourquoi la marque à la pomme applique-t-elle toujours le principe tarifaire “1 dollar = 1 euro”, alors que notre monnaie unique s’affiche à 1,30 dollar ? Et pourquoi le modèle 3G, le plus cher, déroge-t-il à cette sacro-sainte philosophie ?

Apple a annoncé vendredi que l’iPad, sa tablette tactile qui fait un carton aux Etats-Unis, serait lancée le 28 mai en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Suisse, au Royaume-Uni, en Australie, au Canada et au Japon. Les clients de ces pays pouvaient précommander tous les modèles sur le magasin en ligne d’Apple dès hier lundi.

En Belgique, il faudra attendre le mois de juillet. Pourquoi ce délai ? Et lorsqu’on regarde les tarifs affichés par l’iPad en France, on ne peut s’empêcher de les comparer avec les prix aux Etats-Unis… et de constater qu’ils sont (presque) parfaitement identiques. Où est passé le taux de change ? Les réponses – et les hypothèses, sachant qu’Apple est connu pour sa discrétion en matière de stratégie – d’Alexandre Colleau, du site Belgium-iPhone.com.

Question n° 1 : pourquoi l’iPad n’arrive-t-il qu’en juillet en Belgique, alors qu’il sera disponible dès le 28 mai en France, par exemple ?

Nul ne sait pourquoi Apple favorise certains pays lors de la sortie de nouveaux produits. “Force est de constater qu’Apple a toujours favorisé la France lors de la sortie de nouveaux produits, relève Alexandre Colleau. Lors de la commercialisation de l’iPhone en juin 2007, la France a pu bénéficier de ce modèle dès novembre de la même année. S’agissait-il d’un test dans le but de vérifier l’éventuel engouement de ce produit sur le Vieux Continent avant de réfléchir à poursuivre sa disponibilité dans d’autres contrées ? Quoi qu’il en soit, la Belgique a dû attendre juillet 2008 pour bénéficier de l’iPhone – plus précisément de son deuxième modèle.”

L’iPad semble jouir d’une stratégie nettement différente, relève-t-il encore : “Les Etats-Unis profitent de son lancement en exclusivité pendant à peine deux mois, avant de voir l’iPad proposé dans neuf pays supplémentaires. Mon hypothèse ? Apple a pu remarquer un nombre considérable de paiements par carte de crédit française sur sa boutique en ligne américaine, mais avec une expédition vers des adresses sur le sol US. Il suffit d’avoir une connaissance aux Etats-Unis ou une adresse de redirection et le tour est joué, même si le consommateur n’est pas lui-même résident américain.”

Il est possible que les commandes passées avec ce type de carte de crédit ait été plus forte depuis les neuf pays concernés par la commercialisation fin mai que depuis le Benelux, estime encore Alexandre Colleau : “Ceci explique peut-être cela. En témoignerait la divulgation tardive des pays pouvant profiter de l’iPad juste après les Etats-Unis…”

Question n° 2 : pourquoi ce principe “1 dollar = 1 euro”, malgré le taux de change favorable à notre monnaie unique ?

Les montants nominaux des iPad sont parfaitement identiques de chaque côté de l’Atlantique :

Or, l’euro valait encore près de 1,30 dollar mardi matin. L’iPad le moins cher (499 dollars) devrait donc être vendu 384 euros en France, soit 115 euros de moins qu’exigé aux consommateurs hexagonaux. Le modèle le plus coûteux (799 dollars) pointerait à 615 euros, une différence de 184 euros par rapport aux 799 euros demandés.

“Il faut savoir que les prix indiqués sur l’Apple Store américain ne sont pas complets, nuance Alexandre Colleau. En effet, il faut ajouter les taxes locales de l’Etat américain où l’iPad est expédié.” Un petit test sur le magasin en ligne US d’Apple confirme cela : une livraison à Providence (Rhode Island), par exemple, implique des taxes “estimées” à 44,03 dollars.

“Sans compter les taxes à la consommation variant d’un pays à un autre, le prix de ce genre de produit peut différer, ajoute Alexandre Colleau. Vu que l’euro est affaibli en cette période, la différence de prix entre l’iPad vendu aux Etats-Unis et en Europe n’est finalement plus trop importante.” Certes, mais l’euro est encore remonté suite au plan de soutien de l’économie concocté notamment par l’Union européenne. Le futur proche risque de justifier un peu moins encore cette politique du “1 dollar = 1 euro” appliquée par Apple avec une belle constance…

Question n° 3 : pourquoi l’iPad 3G est-il proportionnellement moins cher, par rapport au modèle de base, en Europe qu’aux Etats-Unis ?

Une constance qui a cependant ses exceptions. Une petite comparaison des magasins en ligne américain et français laisse entrevoir une entorse de taille à cette politique : les modèles 3G de l’iPad, qui sont moins chers de 30 “unités” de ce côté-ci de l’Atlantique. Soit le modèle 16 Gb à 599 euros et 629 dollars, celui de 32 Gb à 699 euros et 729 dollars, et celui de ­64 Gb à 799 euros et 829 dollars.

Pourquoi cette différence de traitement ? Faut-il y voir une manière de convaincre le consommateur européen de choisir d’emblée la version 3G, la plus performante mais aussi la plus coûteuse ? “Je pense moi aussi qu’Apple souhaite inciter le consommateur à opter directement pour un modèle 3G afin d’en tirer encore un certain revenu”, confirme Alexandre Colleau.

Il faut dire qu’Apple n’a pas gâté les opérateurs français partenaires, Orange, SFR et Bouygues. “C’est du jamais vu !, ajoute le spécialiste de Belgium-iPhone.com. Apple France gère directement le contrat d’abonnement et envoie la carte SIM au consommateur. Même si l’abonnement dépendra de l’un des trois opérateurs, Apple prendra son revenu complémentaire lors de l’activation de l’abonnement ou, pire encore, sur les abonnements mensuels de chaque consommateur d’iPad 3G en France !”

Selon l’information révélée par Les Echos fin avril, l’iPad sera distribué en France uniquement dans certaines enseignes Darty, Fnac, Boulanger et Surcouf, dans les deux Apple Stores hexagonaux (Paris et Montpellier), ainsi que sur la boutique en ligne d’Apple. Sa distribution échappe donc complètement aux boutiques des opérateurs mobiles. Un mode de commercialisation semblable à ce qu’Apple pratique aux Etats-Unis, où l’iPad est vendu en ligne, dans les Apple Store et dans les magasins Best Buy.

Dans plusieurs e-mails apparemment envoyés par Steve Jobs himself, le patron d’Apple répond à cette question des différences tarifaires en soulignant les taxes – 18 % de TVA au Royaume-Uni, cite-t-il – qui varient fortement d’un pays européen à l’autre et “n’ont pas cours aux Etats-Unis”. Une affirmation quelque peu rapide, comme indiqué ci-avant, si l’on prend en compte les taxes imposées par certains Etats américains… Et une affirmation qui, du coup, n’explique décidément pas tout de la politique commerciale d’Apple.

Vincent Degrez

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content