Comment Kinect dessine l’avenir de l’informatique

Le périphérique de jeu sans manettes de Microsoft laisse entrevoir le potentiel de cette technologie dans des domaines comme l’informatique et la robotique. Les hackers, et même la recherche académique, l’utilisent dans le cadre d’expérimentations. Explications.

Kinect, le système de jeu sans manettes de Microsoft pour sa console Xbox 360, a fait des débuts remarqués dans l’univers du jeu vidéo. Après en avoir écoulé 2,5 millions d’exemplaires en moins d’un mois, le groupe espère atteindre le cap des 5 millions d’ici à la fin de l’année.

Si la console vise les familles pour concurrencer la Wii, elle a aussi été adoptée par les geeks les plus inventifs, qui se sont empressés de la “hacker” et de la démonter pour voir ce qu’ils pouvaient en tirer. Avec, à la clé, des démonstrations assez hallucinantes de leurs expériences, qui transforment Kinect en caméra 3D ou en système de contrôle d’interface Web à la Minority Report. De fait, Kinect fait entrevoir au grand public le futur de l’informatique et du jeu vidéo.

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Jean-Claude Heudin, directeur du laboratoire de recherche de l’Institut international du multimédia (IIM), rattaché au Pôle Universitaire Léonard de Vinci, détournera bientôt lui aussi Kinect pour en faire un objet d’expérimentations à peu de frais. Au sein de l’IIM, il travaille notamment sur les créatures artificielles (avatars), leur représentation graphique et dans l’espace (projection en relief, hologrammes, etc.), et sur l’intelligence artificielle. Il est aussi l’auteur de plusieurs ouvrages dans le domaine des sciences de la complexité et de l’intelligence artificielle.

Quel est l’intérêt de Kinect en dehors du jeu vidéo ?

Kinect offre un très large panel d’applications. Dans un petit espace, il intègre plusieurs capteurs : une caméra couleur, un laser, un dispositif optique pour produire une image de profondeur, un micro, un moteur permettant de modifier l’angle de perception, et une interface USB. Tout cela dans un boîtier ergonomique et assez simple, que l’on peut connecter sur un ordinateur. Si Kinect n’est pas parfait (ses capteurs sont de résolution très moyenne), il reste un produit d’avant-garde. Son intérêt ne tient pas tant dans ses performances – les roboticiens, par exemple, utilisent des systèmes plus perfectionnés depuis très longtemps – que dans son rapport prix / performances.

Quelles perspectives offre-t-il pour la recherche ?

Tout laboratoire de recherche doit avoir une veille active. On tente de voir ce que ce genre de nouveautés peut apporter de manière indirecte. Avec Kinect, ce qui est intéressant, ce sont plutôt les usages qui n’ont pas été prévus et qui pourraient émerger. A partir du moment où l’on est capable de détecter la présence humaine, la profondeur et les mouvements, on peut manipuler des objets virtuels en réalité augmentée, contrôler un ordinateur sans souris… A l’époque, la Wii avait elle aussi fait l’objet de détournements. Nous l’avions par exemple utilisée pour faire tourner des hologrammes. Mais Kinect, c’est au-dessus en termes de capacités.

Vous arrive-t-il souvent de vous procurer des produits grand public pour les utiliser dans le cadre de vos travaux ?

Régulièrement. Par exemple, nous venons de commander le casque Mindset de Neurosky, que nous allons essayer avec les étudiants. Il capte les ondes cérébrales. On pourrait très bien imaginer de coupler Kinect à un casque qui capte les ondes alpha.

Justement, qu’imaginez-vous pour l’avenir des jeux vidéo ? La tendance semble être à l’intégration du corps et du mouvement.

La technologie de Neurosky détecte le clignement des yeux et le niveau de concentration. On peut par exemple imaginer un jeu de guerre où il faudrait tirer d’un clignement de l’oeil, en dirigeant son regard sur la cible. Ce qui paraît clair, c’est qu’un certain nombre de choses sortiront de l’écran. Cela autorisera de nouvelles façons de jouer.

L’avenir est à la superposition du réel et du virtuel. On se dirige vers un monde en réalité augmentée. Je pense par exemple au projet “6e sens” du MIT, qui permet de faire de n’importe quel support un objet d’interaction. Le principe : avec une Webcam sur le front, un microprojecteur sur la poitrine et un ordinateur mobile, on peut projeter des images sur n’importe quel support et fondre l’ordinateur avec l’environnement. Pour revenir à un avenir plus immédiat, Kinect ne remplacera pas totalement la manette, mais des jeux pour les gamers arriveront assez rapidement. Je sais déjà que des studios travaillent dessus.

Propos recueillis par Raphaële Karayan, L’Expansion.com

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