Chute historique du marché du PC: cinq motifs d’espoir pour les fabricants

Le marché du PC devrait connaître en 2013 un déclin historique, acté par une chute des ventes de plus de 10%. Mais face à la concurrence des tablettes, le PC garde en sa faveur un certain nombre d’arguments.

Le marché du PC n’en finit plus de dégringoler. Sur l’année 2013, le cabinet IDC se montre encore plus pessimiste que les mois précédents, avec une baisse anticipée en volumes de 10,1%, contre 9,7% auparavant. Un recul historique, qui ramène les ventes mondiales de PC à leur niveau de 2008. En 2012, déjà, les ventes de PC avaient reculé de 4%. Mais le cabinet ne se montre pas pour autant alarmiste quant à l’avenir du PC, puisqu’il anticipe une stabilisation du marché à l’horizon 2017. L’Expansion liste les cinq motifs d’espoir.

1. Lenovo et Apple montrent la voie

Dans un marché en forte baisse, tous les constructeurs ne sont pas logés à la même enseigne. En termes de volume, c’est le chinois Lenovo qui s’est largement distingué, s’imposant progressivement comme le premier fabricant mondial. Au troisième trimestre 2013, sa part de marché s’élevait à 17,6%, devançant l’américain HP (17,1%). Sa stratégie, illustrée par le slogan “Protéger puis attaquer”, l’a conduit à investir toutes les gammes de PC. Avec à la clé des résultats probants, puisque le cabinet IDC a fait été d’une hausse des ventes de 2,2% sur un an au troisième trimestre 2013, à 14,1 millions d’unités écoulées dans le monde. Lenovo fait ainsi figure d’exception au vu de la tendance du marché.

Dans un tout autre ordre d’idées, Apple semble lui aussi tirer son épingle du jeu. Certes, la firme de Cupertino ne figure même pas dans le top cinq mondial des constructeurs. Pire, ses ventes de Mac ont reculé au troisième trimestre de 6% sur un an, à 4,6 millions d’unités, toutes gammes comprises. Mais c’est vite oublier que la pomme croquée demeure la reine des marges. Les derniers chiffres disponibles datent d’avril 2013. Publiés par le célèbre analyste Horace Dediu, ils portent sur les marges réalisées par Apple au cours du dernier trimestre 2012. Selon lui, le taux de marge réalisé par la firme de Cupertino serait ainsi plus de cinq fois supérieur à ceux des autres fabricants, à 19%. Un niveau énorme, qui lui permet même de générer un profit opérationnel supérieur à ceux des cinq premiers constructeurs mondiaux cumulés.

2. La tablette ne remplace pas toujours (ou toujours pas) le PC Régulièrement, la tablette est présentée comme l’ennemi du PC, cause première de la chute des ventes. Mobilité, ergonomie, simplicité, les avantages de la tablette ne manquent pas. L’explosion de ses ventes explique bel et bien en partie la baisse des ventes de PC. Mais tout est une question d’usages. La tablette trouve sa place auprès des consommateurs, car elle permet de réaliser des tâches basiques, comme le surf sur internet, la consultation de vidéos, le casual gaming, bien plus simplement et aisément que sur un PC. Nuançons cependant par le fait que 80% du trafic de données sur internet provenait encore en 2013 des PC et 70% du temps passé devant un appareil électronique, selon les estimations du cabinet Deloitte.

La tablette a donc redistribué les cartes, au détriment du PC, pour les usages grand public. Reste que le cabinet IDC anticipe un déclin de la croissance des tablettes dès l’année prochaine. Le taux de croissance du marché devrait ainsi fondre de plus de trente points en 2014, à 22,2% contre 53,5% en 2013. Il faut dire aussi qu’à ce jour, le PC reste indispensable pour de nombreuses usages professionnels. Citons sans être exhaustif la bureautique, le traitement des images, la conception assistée par ordinateur… N’oublions pas non plus les “gamers”, une niche pour qui seule la puissance de leurs machines compte réellement.

3. Les fabricants misent encore sur les PC hybrides Pour contrer le déclin du PC et répondre à la demande grandissante pour les tablettes, les fabricants ont notamment misé sur les PC hybrides, pouvant être utilisées aussi bien en tant que PC que tablettes. Les constructeurs ont alors rivalisé d’ingéniosité, entre les écrans tactiles détachables, rabattables ou coulissants. La tendance a été largement favorisée après le lancement de Windows 8, qui visait à faire tourner tablettes et PC sous un même OS, en vue de la sortie des fameuses tablettes Surface. Pour le moment, ces produits peinent à trouver leur place sur le marché, pénalisés sans doute par des prix encore élevés. Loren Loverde, analyste chez IDC, en fait tout de même un relai de croissance pour l’année prochaine. À condition de les classer en tant que PC…

4. Un renouvellement des machines simplement retardé ? Pendant longtemps, les fabricants ont pu compter sur l’accroissement des performances des PC pour pousser les consommateurs à renouveler leur matériel. Aujourd’hui, les PC sont suffisamment puissants pour assurer des besoins quotidiens, voire professionnels, quand bien même ils auraient quelques années derrière eux. Il suffit de constater la part de marché encore détenue par Windows XP (31%) pour s’en convaincre. Et avec l’explosion des ventes de tablettes et la généralisation des smartphones, les foyers n’éprouvent plus forcément le besoin de disposer de plusieurs machines. Pourtant, ces considérations ne peuvent être éternelles. Elles n’ont en réalité fait que repousser le délai de remplacement du parc de machines. Jay Chou, analyste chez IDC, explique ainsi que ” la plupart des gens conservent leurs machines pendant cinq ans ou plus “.

5. Le défi des marchés émergents

Pour le cabinet Deloitte, les marchés émergents constituent une cible de choix pour les fabricants. Selon lui, faute de moyens suffisants pour s’offrir plusieurs équipements, les consommateurs pourraient être tentés d’opter pour un PC, capable de satisfaire l’ensemble de leurs besoins. Un acteur comme Lenovo réalise d’ailleurs environ 40% de son chiffre d’affaires sur le marché chinois. Reste que ce constat ne fait pas l’unanimité. En effet, IDC a anticipé pour l’année 2013 une baisse substantielle des ventes dans les pays en développement, de 11,3%, plus importante encore que dans les marchés développés (-8,4%). Reste que les perspectives demeurent (légèrement) plus florissantes à l’horizon 2017, puisque les prévisions estiment à 2,2% la hausse des ventes par rapport à 2013, lorsque les ventes dans les marchés développés devraient stagner, ou très légèrement régresser.

Ludwig Gallet

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