Appareil photo hybride : faut-il y croire ?

Cette année, une gamme d’appareils photos numériques d’un genre nouveau arrive à maturité : celle des appareils hybrides. A mi-chemin entre le compact et le reflex, il a la compacité du premier et tente d’offrir la flexibilité du second, mais pour quel usage ?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, le secteur des appareils numériques se cherche. Avec un prix de vente parfois sous 150 euros, les fabricants peinent à trouver les marges suffisantes sur un marché désormais mature. Il faut dire que les chiffres font froid dans le dos : alors que la photo numérique a connu une décennie de croissance, le marché des compacts s’est contracté de près de 12 % en 2009 avant de rebondir à +15 % en 2010. La crise économique est en cause mais de telles variations ont suffi à inquiéter des constructeurs trop habitués aux progressions insolentes.

Les reflex numériques quant à eux restent chers et peinent à se diffuser, handicapés par leur poids rédhibitoire pour qui voyage léger. En 2010, la croissance des reflex a atteint 30 % en volume. C’est un segment haut de gamme sur lequel les constructeurs n’ont pas perdu leurs marques, ni leurs marges.

Entre les deux gammes, il n’y avait pour ainsi dire rien, si ce n’est des essais d’appareils experts, les fameux bridges, dont le succès s’est avéré plus que mitigé. Afin de combler le vide – et de redynamiser du même coup un marché devenu fragile – la plupart des grands constructeurs ont mis au point une nouvelle ligne d’appareils hors normes : l’hybride, à la croisée des chemins du compact et du reflex.

Un concept simple

L’idée est d’installer dans un châssis de compact les grands capteurs d’image que l’on trouve dans les reflex ; ils sont plus performants que ceux des compacts usuels et la qualité du cliché s’en ressent. L’hybride propose aussi une gamme complète d’objectifs interchangeables, plus légers et moins encombrants que ceux des reflex. On se retrouve donc avec entre les mains un appareil peu encombrant, performant et d’une flexibilité incroyable. Un regret en revanche ; les fabricants ont choisi de rendre cette nouvelle gamme d’appareils incompatible avec les objectifs existants. Il faudra donc souvent se rééquiper en objectifs coûteux ou se procurer des bagues d’adaptation étrangement difficiles à trouver… une méthode peu loyale pour se créer un nouveau marché. Côté viseur, diverses solutions cohabitent. La visée à l’écran a toujours ses adaptes, mais c’est une solution qui n’a pas vraiment sa place sur un modèle haut de gamme. Beaucoup de fabricants lui préfèrent le viseur électronique (c’est le cas chez Sony et Nikon). Comme sur les modèles reflex, la prise de vue se fait en regardant dans un £illeton, mais ici c’est un minuscule écran, parfois OLED (Organic LED) que l’on trouve en point de mire. Cette solution permet de s’affranchir des problèmes de lisibilité des écrans au soleil.

Le point de vue du photographe

Alors, les hybrides sont-ils un prétexte pour créer un marché pour les constructeurs ou répondent-ils à un vrai besoin de l’utilisateur ? A l’essai, il faut bien avouer que certains de ces appareils sont convaincants. En effet, quand on part en voyage, choisir l’appareil à emmener est toujours un dilemme. Soit on prend un reflex performant mais qu’il faudra porter comme une enclume, soit on opte pour un compact au risque de ramener des photos de moindre qualité. Dans les faits, un hybride bien choisi apporte une solution à ce problème. Nous vous conseillons d’opter pour un appareil avec viseur, plus pratique pour saisir les mouvements rapides. Par ailleurs, inutile d’avoir la folie des grandeurs : ne prêtez pas attention au nombre de pixels, largement surdimensionné par rapport à l’usage courant : 90 % des photos ne sont jamais imprimées et un écran de PC ne fait jamais que deux Mpixels, au mieux. Même si vous retravaillez vos clichés, les 10 Mpixels que l’on trouve d’ordinaire devraient suffire. Vous n’êtes pas convaincus ? Sachez qu’avec 16 Mpixels, les photographes font des tirages en quatre mètres par trois, c’est dire si les résolutions des modèles grand-public sont sous-exploitées.

Quelle optique pour quel usage ?

Pour la même raison, vous pouvez faire l’impasse sur les optiques au zoom puissant. On trouve aujourd’hui dans les hybrides des focales équivalentes à 525 mm ! Ces téléobjectifs sont tellement puissants qu’il devient difficile de faire la mise au point. Privilégiez plutôt les grands angles ou les petits zooms, surtout si vous êtes un adepte des citytrips. Sachez enfin qu’il existe d’excellentes focales fixes, au format compact, baptisées pancakes par les constructeurs : ici, plus de zoom, mais de belles optiques lumineuses qui permettent d’envisager la photo autrement. Il faut prendre la peine de s’approcher du sujet, de cadrer, de composer son environnement, etc. Une pratique photographique qui a un peu disparu, mais qui conserve un charme certain, à découvrir ou à redécouvrir d’urgence.

Benoît Dupont

Sony NEX-7 : superlatif

Sony a mis les petits plats dans les grands pour concocter cet hybride prometteur qui offre à ce jour la plus grande résolution d’image disponible dans ce format d’appareil : 24 Mpixels. C’est beaucoup et il faudra prévoir une carte mémoire en conséquence. Néanmoins, c’est absolument démesuré par rapport à l’usage que l’on peut en faire. Autre innovation, le viseur intègre un mini-écran OLED d’une résolution de 2,4 Mpixels. L’image est d’une finesse incroyable et la mise au point manuelle devient enfin possible. La gamme d’objectif est très large et nous conseillons le zoom 18-55mm lumineux et polyvalent. Comme Fuji, Sony multiplie les commandes mécaniques. L’appareil est entièrement débrayable, comme un reflex. Un flash est intégré et sa sortie du boîtier rappelle le robot Wall-E. C’est mignon, mais fragile.

Prix : 1.350 euros, avec objectif 18-55mm.

Nikon 1 V1 : pour la vitesse

Ce modèle compact à coque en magnésium est doté d’un viseur de bonne qualité. La gamme d’optique est assez large, du pancake 27mm au télé-objectif 330mm. Le zoom classique 27-80mm couvrira toutefois l’ensemble de vos besoins usuels. Le capteur n’est pas très gros et on sent vite que l’appareil a besoin de beaucoup de lumière pour faire du bon travail. Le mode rafale est intéressant : d’une pression sur le déclencheur, l’appareil propose cinq clichés successifs. Libre à vous de choisir a posteriori. L’appareil est aussi bien équipé pour la vidéo, avec un impressionnant mode ralenti qui filme à 400 images/seconde en plus de l’enregistrement classique en haute résolution. Seule ombre au tableau, l’appareil ne dispose pas d’un flash intégré.

Prix : 750 euros en kit avec objectif 10-30mm.

Fujifilm X100 : hors norme

Loin des standards de la photographie, Fujifilm propose un appareil singulier, au look délicieusement rétro. Le X100 est plutôt compact et robuste. L’objectif à focale fixe est un 35mm particulièrement lumineux. La visée fait appel à un système génial, hybride lui aussi, soit en vision directe soit grâce à un micro-écran. Contrairement à beaucoup de marques qui misent sur le tactile au détriment de l’ergonomie, Fuji a doté son boîtier de multiples contrôles directs et au final, l’utilisation du X100 est très intuitive. Côté qualité d’image, le capteur bénéficie de la grande qualité de l’optique. Les images sont magnifiques même dans les conditions de prise de vue difficiles. Le X100 est au final plus qu’un bel objet, c’est un excellent appareil pour les amoureux de l’image.

Prix : 1.000 euros, avec objectif 35mm fixe.

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