A Mossoul, un restaurant et ses serveurs automates propulsent les clients vers le futur
Burgers sur son plateau, un robot se déplace sous le regard amusé des clients. A Mossoul, un restaurant et ses serveurs automates propulsent les clients vers le futur grâce à une technologie montée en partie dans cette ville d’Irak ravagée par la guerre.
“Bienvenue à vous à la table numéro trois”, “J’espère que vous passerez un bon moment dans notre restaurant”, “N’oubliez pas de nous donner votre avis sur l’idée du restaurant et le niveau du service”, égrène la voix mécanique –et féminine– de l’étincelant robot blanc et bleu, la lumière rouge de ses yeux clignotant doucement. Foulard élégamment noué au cou, béret noir sur la tête, il repart à travers la salle bondée, glissant lentement sur un rail au sol assurant son déplacement.
“A la télévision on voyait les robots et les tables numériques tactiles, aux Emirats arabes unis, en Espagne ou au Japon. J’ai essayé de rassembler ces idées ici à Mossoul”, lance fièrement Rami Chkib Abdelrahmane, propriétaire de l’établissement qui a ouvert en juin. “Nous avons vu le concept sur les réseaux sociaux, dans plus d’un restaurant”, poursuit le trentenaire.
Grande métropole du nord de l’Irak, sous la coupe des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de 2014 à 2017, Mossoul porte encore les stigmates de la guerre.
Le temps d’un dîner au White Fox, les habitants peuvent voyager dans l’espace. Et tous les soirs, le restaurant fait salle comble. La décoration murale donne le ton: un astronaute qui flotte, une vue de la Terre ou d’autres planètes, comme si on les apercevait depuis les fenêtres d’un navire spatial. Au plafond, des constellations bleutées.
La principale attraction reste les deux androïdes à la coque en plastique qui font la navette pour transporter les plats. Quand approche le robot, les consommateurs attablés sortent les smartphones. Avant de partir, les enfants se tiennent sagement à côté pendant que les parents prennent une photo souvenir.
Les robots ont été importés de l’étranger, explique M. Abdelrahmane. Discret, ce dentiste préfère ne pas discuter du coût ou du financement de son projet. Ici tout est technologique, même les 15 tables numériques, dont la surface tactile permet de consulter le menu et de passer commande. Elles sont aussi munies de chargeurs sans fil pour les téléphones.
C’est une équipe de l’université de Mossoul, de la faculté de mécatronique -une discipline alliant mécanique, électronique, informatique et nouvelles technologies- qui a mené à bien la programmation, la mise en place d’un réseau électronique et d’un serveur, dit-il.
Certains clients du White Fox font le déplacement depuis les régions voisines, Salaheddine ou Erbil, assure M. Abdelrahmane, qui espère bientôt ouvrir pour le petit-déjeuner et le déjeuner. Mais les machines n’ont pas totalement remplacé l’homme. Quatre jeunes serveurs s’activent en salle, déposant sur la table les plats du plateau du robot.
Venu dîner avec son épouse, Bachar Mahmoud est conquis. Il prend un selfie avec le robot en arrière-plan. Sourire amusé aux lèvres, il ne quitte pas des yeux l’automate qui s’éloigne. “J’ai voyagé à l’étranger, je n’ai jamais rien vu de tel, ni en Turquie, ni en Jordanie, ni en Arabie saoudite”, s’exclame le forgeron de 50 ans à la barbe poivre et sel. “Que ce soit pour la propreté, la rapidité, les prix, ce service à Mossoul me rend très heureux. J’espère vraiment qu’il va se généraliser dans tous les restaurants”, ajoute-t-il, tout sourire. “Cet endroit sera mon restaurant préféré à Mossoul.”
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