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G1000 idées ! Et alors ?

Après les campeurs virtuels de la rue de la Loi à Bruxelles, les indignés et divers mouvements du genre, la Belgique compte donc son premier sommet citoyen sous le label G1000.

Après les campeurs virtuels de la rue de la Loi à Bruxelles, les indignés et divers mouvements du genre, la Belgique compte donc son premier sommet citoyen sous le label G1000. Réunis à Bruxelles, plus de 700 hommes et femmes de tous horizons, tirés au sort, ont consacré une journée à l’avenir de leur pays en planchant sur diverses thématiques (sécurité sociale, immigration, répartition des richesses,… mais pas d’institutionnel), constituant là un véritable laboratoire de démocratie participative, suivi en direct par maints spécialistes. Une sorte de département R&D en matière de processus démocratique.

Le fait est hors du commun chez nous, alors que des expériences similaires ont déjà eu lieu à l’étranger : en Islande, à propos de la nouvelle Constitution, ou aux Etats-Unis, autour de la reconstruction de Ground Zero à New York.

En Belgique, cette initiative vient de la société civile tant francophone que néerlandophone, avec en fers de lance des personnalités telles que Bernard Derenne, créateur de la Fondation pour les générations futures, et le politologue Dave Sinardet. La biodiversité du groupe porteur ainsi que le bénévolat constituent deux clés importantes du succès, selon les promoteurs. Les acteurs économiques ne sont pas en reste ; beaucoup d’entre eux (entreprises, fédérations,…) ont déjà pris part à l’aventure, y compris financièrement en apportant un tiers du budget actuel. Des acteurs caritatifs plus classiques et des citoyens ont complété les dons atteignant actuellement 295.000 euros.

Pareille initiative interpelle. Elle illustre le fossé existant entre le monde politique et les citoyens, des gens anonymes qui ont choisi de construire, d’apporter leur pierre à l’édifice, de tendre des passerelles vers les autorités politiques. Encore faut-il que ces derniers acceptent d’écouter, voire prennent en compte les idées et propositions sorties de ce sommet citoyen. Sans quoi, ce sont les citoyens préférant élargir le fossé qui redoubleront d’ardeur et disqualifieront plus encore le personnel politique, traditionnel en tout cas.

Il fut un temps où les riverains – et donc les citoyens – étaient le plus souvent snobés par les autorités ; combien de projets économiques ou non n’ont-ils pas été retardés voire anéantis faute de concertation préalable ? Organisés aujourd’hui en comités et parfois encadrés par des experts, ces mêmes riverains font désormais face à des pouvoirs publics beaucoup plus ouverts au dialogue. Des exemples d’avancées existent donc, même si le phénomène nimby reste vivace.

Le G1000 peut-il servir à quelque chose ? La montagne accouchera-t-elle d’une souris ? Ce fut bien le cas de nombreux G20 et sommets européens ! De toute façon, d’ici avril, 32 citoyens examineront avec des experts les propositions émises ce 11 novembre. Pour reprendre l’expression d’un des responsables du projet, la fusée est lancée, il convient de la mettre sur orbite.

On attend avec intérêt le résultat final de ces cogitations d’acteurs libres. Mais oui, ces citoyens ont le privilège d’êtres libres, soit à tout le moins d’être détachés des contraintes des partis, ballottés entre l’avenir de la nation et, quoi qu’ils en disent, leurs intérêts personnels. Une équation délicate…

Sur le plan économique, trois propositions – déjà largement répandues – sont apparues prioritaires. D’une part, diminuer l’impôt des sociétés à condition d’empêcher tout échappatoire fiscal. Ensuite créer une taxe sur les transactions financières et enfin réduire le coût du travail. Voilà qui ne devrait pas déplaire au monde des entreprises. Le G32 s’apprête donc à étudier leur mise en oeuvre, avec l’aide de spécialistes, à charge et à décharge. C’est peut-être à ce niveau qu’on attend plus de créativité.

Espérons que pareille bouffée d’oxygène dopera l’establishment, politique ou autre, qui aurait bien tort de prendre de haut le fruit d’un travail collectif animé par la quête du bon sens. La démocratie, surtout quand elle est participative, est à ce prix aussi.

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