Volvo offre un congé parental de six mois à tous ses salariés

Volvo Cars offre désormais 24 semaines de congé parental à tous ses salariés. Elke Jeurissen, consultante en diversité et leadership inclusif, souligne l’importance d’une telle initiative

Dans certains pays, seules les mères bénéficient d’un congé parental, dans d’autres, un tel congé n’existe pas. La législation locale peut varier considérablement, mais à partir du 1er avril, les 40 000 salariés du constructeur automobile Volvo bénéficieront d’au moins 24 semaines de congé parental. Dans les pays où la durée du congé parental était déjà supérieure à 24 semaines, les salariés pourront bien sûr continuer d’en bénéficier. La politique inclusive de Volvo s’applique également aux parents adoptifs, aux parents d’accueil et aux co-parents dans un couple LGBT.

Avec cette mesure, Volvo rejoint d’autres grandes multinationales qui ont également fait ce cadeau à leur personnel. Notamment Solvay, en Belgique. Le principe est le même, mais les conditions diffèrent d’une entreprise à l’autre. Chez Volvo, le principe de base est de proposer au personnel 24 semaines de congé parental avec 80 % du salaire dès le 1er avril. Chez Solvay, les parents bénéficient depuis cette année d’au moins 16 semaines avec un salaire complet.

Håkan Samuelsson, le CEO de Volvo, qui fait partie du groupe chinois Geely Holding, a déclaré explicitement que l’entreprise veut instaurer une culture d’entreprise qui soutient l’égalité entre les parents, et ce pour tous les genres : “Lorsque les parents sont soutenus dans leur quête d’un équilibre entre leur travail et leur famille, cela contribue à combler le fossé entre les genres et permet à chacun de mener sa carrière comme bon lui semble.”

Fossé des générations

De plus en plus de grandes entreprises telles que Volvo Cars optent pour une culture d’entreprise inclusive, et ce n’est pas seulement lié à l’égalité des genres. Une différence de génération joue également un rôle, selon Elke Jeurissen. “La jeune génération de travailleurs a autant d’ambition pour sa vie professionnelle que personnelle. Elle a davantage d’exigence en matière de flexibilité.”

Elke Jeurissen évoque le développement démographique. Le vieillissement de la population entraîne une tension sur le marché du travail. “Les jeunes professionnels auront leur mot à dire à l’avenir. Les entreprises doivent s’assurer qu’elles offrent l’environnement inclusif que ces travailleurs recherchent”, explique Elke Jeurissen. “Il y a dix ans, si vous deviez rentrer chez vous parce que votre enfant était malade, vous n’étiez pas très bien considéré. Aujourd’hui, les choses ont changé.”

Les chiffres récents publiés par Trends Business Information montrent une fois de plus à quel point les directions des entreprises belges restent des bastions masculins. Près d’un quart (21,4 %) des entreprises belges ne comptent même pas de femme parmi leurs responsables. Dans plus de la moitié des entreprises, le pourcentage de femmes occupant un poste de direction est inférieur à 25 %. Ces chiffres sont étranges, car cet écart entre les genres n’existe pas dans l’enseignement supérieur.

“Cela fait plus de vingt ans que plus de femmes que d’hommes obtiennent un diplôme”, explique Elke Jeurissen. “Les femmes diplômées il y a vingt ans ont aujourd’hui entre 42 et 46 ans et devraient occuper des postes à responsabilité dans les entreprises, mais ce n’est pas le cas. En Belgique, le nombre de femmes occupant ces postes n’est que de 20 %.” Ce phénomène est appelé le leaky pipeline ou “tuyau percé”, explique Elke Jeurissen. Le problème, ce n’est pas le nombre de femmes disponibles, c’est que les talents n’arrivent pas aux postes à responsabilité.

“Le flux de talents existe, mais il rencontre de nombreux obstacles”, ajoute Elke Jeurissen. “Beaucoup de femmes entre 28 et 35 ans se retrouvent bloquées.” Parmi les obstacles, on retrouve notamment la difficulté de trouver un équilibre entre famille et travail. Les femmes sont désavantagées lorsque leurs collègues masculins qui viennent d’être pères prennent en moyenne moins de jours de congé parental qu’elles. Une différence s’installe alors en matière d’expérience, de réseau et de salaire. On reproche aussi souvent aux femmes leur manque d’ambition. “Ce n’est pas justifié”, explique Elke Jeurissen. “80 % des mamans sont tout aussi ambitieuses après leur congé parental qu’avant”.

Selon Elke Jeurissen, en offrant un congé parental à tous ses employés, peu importe leur genre, Volvo envoie un “signal fort”. L’importance de la culture d’entreprise ne peut être sous-estimée. “En Belgique, d’un point de vue sociétal, les rôles des hommes et des femmes n’ont pratiquement pas évolué depuis près de trente ans”, conclut-elle. “Mais on constate aussi que tous les papas ne prennent pas leur congé parental s’ils travaillent pour un employeur qui le voit d’un mauvais oeil.”

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