Voitures électriques: les constructeurs allemands survoltés

Image d'illustration. © Reuters

Soumis à une forte pression réglementaire et concurrentielle, des constructeurs automobiles allemands ont rivalisé d’annonces spectaculaires sur leurs futures gammes électriques, à la veille de l’ouverture du salon de Francfort.

Volkswagen, numéro un mondial des ventes en 2016, a promis d’électrifier toutes ses voitures d’ici à 2030, offrant ainsi à ses plus de 300 modèles une variante électrique ou hybride, contre une douzaine aujourd’hui.

Ce coup d’accélérateur s’accompagnera d’un doublement des investissements jusqu’ici prévus pour la technologie électrique, qui se monteront à 20 milliards d’euros à cet horizon… soit presque le coût du scandale du diesel qui a entaché depuis deux ans la réputation de la société.

“C’est notre engagement. D’ici à 2030, nous aurons électrifié toute notre palette de véhicules. Je pense que nous sommes sur la bonne voie, celle du progrès”, a déclaré lundi à l’AFP le patron du groupe, Matthias Müller.

Cette annonce va au-delà de la stratégie adoptée par le mastodonte aux 12 marques en 2016. Il parlait alors de commercialiser plus de 30 véhicules tout électriques à horizon 2025.

‘Marges plus faibles’

Elle intervient quelques heures après que le patron du groupe Daimler, Dieter Zetsche, a révélé vouloir des versions électriques ou hybrides pour tous les modèles de sa marque de voitures Mercedes-Benz d’ici à 2022 et convertir sa citadine Smart en une marque électrique.

Ce plan va concerner “plus de 50 versions de véhicules électrifiées (…) Le temps est venu” de croire à l’électrique, intégral ou partiel, puisque “la densité énergétique des batteries progresse alors que les coûts diminuent”, a-t-il fait valoir.

Selon Frank Lindenberg, directeur financier de la marque Mercedes-Benz, 25% des ventes globales du constructeur seront réalisées d’ici à 2025 “par des modèles électrifiés”.

Cet objectif pèsera en revanche sur la rentabilité à court terme du groupe, puisque les modèles électriques vont dégager “une marge de moitié inférieure à un modèle conventionnel, du moins en début de cycle”, a-t-il averti. Un plan de réduction des coûts fixes de 4 milliards d’euros va être lancé pour préserver les marges.

La semaine dernière, son rival bavarois BMW avait détaillé sa stratégie de développement de l’électrique, annonçant 25 modèles électrifiés d’ici à 2025, soit 12 voitures 100% électriques et 13 hybrides.

“Nous préparons actuellement toutes nos usines à l’électrique. A l’avenir, nous serons en mesure d’équiper chacun de nos modèles avec la motorisation souhaitée”, avait assuré le patron de la firme à l’hélice, Harald Krüger.

2/3 du marché en 2030 ?

Ce mouvement répond à la nécessité de réduire les émissions de CO2 pour respecter les normes européennes resserrées à l’horizon 2021 et au-delà, en comptant moins sur l’aide du diesel en passe de devenir “non grata” dans certaines grandes villes, écho du “dieselgate”.

Avant ce scandale, “globalement, les constructeurs allemands ne croyaient pas beaucoup à l’avenir de l’électrique, mais là ils vont être obligés d’électrifier et le défi est gigantesque”, commente à l’AFP Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem de l’automobile.

Si les ventes de voitures électriques ou hybrides rechargeables ont crû de 45,8% dans l’Union européenne au deuxième trimestre, elles ne représentent que 1,2% du marché total du neuf.

Mais les signes avant-coureurs d’un développement rapide du marché des voitures “zéro émission” se multiplient.

Lundi, la Chine, premier marché mondial, a lancé un pavé dans la mare en disant envisager à terme l’interdiction de la production et de la vente de voitures à carburants fossiles. Le Royaume-Uni et la France se sont fixé un tel objectif pour 2040.

En Europe, le cabinet AlixPartners estime qu’à l’horizon 2030, les deux tiers des véhicules légers (voitures particulières et utilitaires) neufs seront plus ou moins électrifiés: 21% d’électriques purs, 18% d’hybrides rechargeables et 28% d’hybrides.

Les Allemands ne sont pas les seuls sur ce terrain où Renault-Nissan, en incluant Mitsubishi, fait figure de pionnier avec près d’un demi-million de voitures rechargeables (hybrides et électriques) déjà vendues. Spécialiste des hybrides, Toyota en a vendu plus de 10 millions depuis 1997.

Jaguar et Volvo ont également annoncé des gammes électrifiées à moyen terme tandis que le français PSA prévoit l’arrivée en série de quatre voitures électriques et sept hybrides rechargeables en 2019-2021.

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