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Virus, palettes en bois et baleines en entreprise

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Ce qu’il y a de fascinant avec le monde de l’entreprise, c’est qu’on doit faire face aux soucis du très court terme tout en gardant la vue sur le long terme. Et si les horizons de temps sont les mêmes pour les petites et grandes entreprises, les soucis sont très différents…

Prenons le cas du dé-confinement avec la prochaine réouverture complète des restaurants et autres cafés. Cette réouverture entraine une ruée vers les demandes de palettes en bois car comme vous le savez, ces palettes sont utilisées pour accueillir des marchandises ou par exemple installer des terrasses éphémères. Donc oui cette nouvelle ruée vers l’or a provoqué une hausse de 40% du prix des palettes !

En fait, les palettes en bois, c’est un peu comme l’intérim, c’est aussi un baromètre de l’économie. Quand tout va bien la demande d’intérim et de palettes explose et quand l’économie est morose, la demande ralentit fortement. Quand je pense aux restaurateurs je suis de tout coeur avec eux, car non seulement, ils doivent se farcir les règles changeantes du gouvernement, encaisser des coûts supplémentaires pour respecter les règles sanitaires, encaisser la hausse du prix des palettes s’ils veulent installer une terrasse, et courir après du personnel car le virus a fait fuir définitivement une bonne partie du personnel de l’Horeca. Je vous rappelle que le patron du groupe hôtelier, Accor, qui regroupe des marques comme Ibis, Mercure, Novotel et Sofitel avait avoué récemment qu’il s’attendait à ce que 20% de ses 140.000 collaborateurs ne reviennent plus jamais travailler dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie.

De leur côté, les plus grandes entreprises ont aussi compris que si elles veulent garder leurs employés, elles doivent donner un sens à leur boulot. Avant on pensait que c’était une lubie de consultant à la mode, aujourd’hui avec le télétravail massif, avec un management déboussolé car l’autorité est moins verticale, ces grandes entreprises n’ont pas le choix, elles doivent donner une raison d’être à leurs salariés. C’est primordial, quand un salarié est seul chez lui, il est autonome, il n’a pas de chef sauf pendant quelques minutes par vidéoconférence. Donc, si on veut que ces salariés soient alignés avec la philosophie de l’entreprise, encore faut-il que cette entreprise ait une vraie philosophie au-delà de, bêtement, gagner de l’argent. En effet, quand tout le monde sait dans quelle direction ramer, c’est aussi plus simple d’implémenter le télétravail qui est rappelons-le une forme de confiance à distance. En clair, les grandes entreprises doivent davantage expliquer où elles veulent aller et comment y aller.

Comme le faisait remarquer un économiste : l’entreprise de demain ne se déplacera plus comme une grosse baleine mais comme un banc de poissons : chacun dans l’entreprise devra être capable d’intégrer les valeurs de l’entreprise. Et cela, ce n’est pas un défi à court terme, comme pour le prix des palettes en bois, mais le principal défi des dix prochaines années !

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