Vincent Cobée, CEO de Citroën : “Nous ferons une offre 100% électrique au prix d’une C3 actuelle”

Vincent Cobée, CEO de Citroën, devant la concept car Oli.
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Citroën a boudé le Mondial à Paris, mais est au Salon de Bruxelles. Son patron, Vincent Cobée, s’en explique. Il parle aussi du futur électrique de la marque, dont le modèle C3 est le numéro un du marché belge avec 8.472 immatriculations en 2022.

Trends.be. Comment se fait-il que Citroën vienne au Salon de Bruxelles alors que la marque avait boudé le Mondial à Paris ?

Vincent Cobée : Pour le Mondial à Paris, nous avions fait un choix en mesurant ce que cela représentait en termes d’argent et de temps, comparés au résultat que nous pouvions attendre. Le Salon de Bruxelles est une autre proposition (que le Mondial NDLR). Il est très opérationnel, très public, avec un impact fort sur les ventes. Venir au Salon de Bruxelles, c’est une décision de vente. Toutes les marques de Stellantis sont là, c’est le premier point d’achat d’autos de Belgique.

Parce que Bruxelles c’est un salon commercial, pas un salon d’image, corporate ?

-Il a toujours été comme cela. C’est un salon très efficace et très opérationnel, populairement acclamé. Au Mondial de Paris, il y a eu 400.000 visiteurs, il pourrait y en avoir plus ici.

Quelle est la place de Citroën dans la nébuleuse des 14 marques du groupe Stellantis ?

Je ne dirais pas “nébuleuse” !

Constellation, alors…

…ou galaxie, c’est un autre terme spatial.

En regardant les slides d’une présentation stratégique de Stellantis, vous êtes classé dans le compartiment des marques “european rooted brands”, avec Opel, Fiat et Peugeot. Et vous, vous avez le qualificatif de “Care”(prendre soin”), Peugeot, c’est “Allure”, Fiat, “dolce vita”, Opel, “german energy” , qu’est-ce que cela signifie ?

Je résumerai la marque à 3 mots : humain, bien-être et audace. Humain car nous apportons de la chaleur humaine aux clients. Nous regardons leur vie, nous avons une approche responsable en termes de prix. Sur le bien-être, c’est évident, Citroën est connu historiquement pour son confort. Pour l’audace, on a quelques exemples, avec le concept car Oli (1). Et aussi avec l’Ami (micro voiture électrique). C’est l’histoire de Citroën depuis plus de 100 ans.

La concept car
La concept car “Citroen Oli”.© Belga

L’Ami, c’est de l’audace ?

Quand on fait une Ami, c’est un cri. Dire qu’une voiture électrique urbaine ne doit pas faire 2 tonnes, 10 mètres carrés au sol et ne pas valoir 70.000 euros. On fait un véhicule de 500 kg, avec la moitié de l’emprise au sol d’une voiture normale, et à 7000 euros.

L’Ami se vend bien ?

Nous avons pris 30.000 commandes depuis le lancement (mi 2020 NDLR), il y a 6 mois d’attente.

Vous parlez de prix, or le grand sujet actuel est la forte hausse des prix qui touche la plupart des autos, y compris la Citroën C3, votre best seller en Belgique, hors remise Salon. N’est-ce pas un sujet de préoccupation ?

Nous sommes une entreprise privée face à l’évolution de la technologie. Nous allons investir (au niveau du groupe Stellantis NDLR) 30 milliards d’euros en 5 ans pour la transition électrique. Nous ne les trouverons pas sous les sabots d’un cheval comme on disait quand j’étais jeune. Deuxième chose : l’inflation est une réalité. Certains équipements ou des matières premières connaissent de fortes hausses. Troisième chose, je dois savoir ce que je veux en tant que marque. On a fait Ami pour cela. Avec le concept OLI, on dit : attention, il y a un enjeu de poids, d’optimisme aussi, car l’être humain est motivé par l’optimisme. Nous devons trouver une équation pour que l’auto soit abordable. Nous nous retrouverons dans quelques mois, moins d’un an, je pense, pour parler de la prochaine C3, nous ferons une offre 100% électrique au prix d’une C3 actuelle.

Fabriquée en Asie ?

Non. La C3 actuelle est fabriquée en Tchéquie dans l’une des meilleures usines du groupe Stellantis. Il n’y a pas de raison de changer une équipe qui gagne.

Quelle est votre stratégie électrique ?

Il y a une demande réglementaire avec l’échéance européenne de 2035, où les autos neuves devront être zéro émission. Des régions et des villes évoluent plus vite sur ce terrain. Nous devons développer des produits dans les 3 à 4 ans, et mettre les conditions pour que les clients soient rassurés d’acheter ce type de produit. Une fois que les produits seront au bon niveau, le niveau de prix et l’infrastructure aussi, la barrière mentale sera franchie. Si vous conduisez un véhicule électrique, c’est une voie de non-retour, car l’expérience est intéressante. Vous ne reviendrez pas au véhicule à carburant. Citroën a l’avantage d’être adossé à un grand groupe, qui peut faire les énormes investissements nécessaires à cette transformation.

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