Victor Joskin (CEO du groupe Joskin): “La difficulté de recrutement est un frein à notre expansion”

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Basé à Soumagne, le groupe Joskin, spécialiste de la fabrication de matériel agricole, ouvre une usine au grand-duché de Luxembourg. La main-d’oeuvre technique, surtout transfrontalière, y serait plus aisée à recruter.

1. Pourquoi construire une usine au Luxembourg et pas en Belgique, où est votre siège?

Le projet de construire une usine de quelque 15.000 m2 dans le sud du grand-duché pour y assembler des remorques de grand gabarit est le premier d’une série de projets similaires. Ceux-ci doivent conduire le groupe Joskin à disposer d’unités de fabrication et ou d’assemblage dédicacées capables de maximiser la productivité en se concentrant sur des modèles standardisés. Pour ces projets, il faut un terrain spacieux, un environnement adapté, un bassin d’emploi approprié et un cadre d’accueil favorable. Le tout aussi peu éloigné que possible du réseau logistique de l’entreprise. Le site retenu aux confins des communes de Sanem et de Esch-sur-Alzette, dans le sud du Grand-Duché, rassemble l’ensemble de ces critères. Nous n’en avons pas encore trouvé d’autres en Europe. Nos sites belges, polonais et français ne sont pas appropriés, principalement à cause d’un manque d’espace. Et en ce qui concerne la Belgique, la pénurie chronique de main-d’oeuvre technique est un second paramètre désespérant, tant les mesures correctrices tardent. Le premier coup de pelle devrait être donné début 2023 et l’unité pourrait démarrer ses activités fin 2023. En vitesse de croisière, l’effectif pourrait atteindre une centaine de personnes (le groupe occupe aujourd’hui plus de 900 personnes dans cinq usines, Ndlr).

2. Vous parlez de pénurie de main-d’oeuvre en Belgique. C’est différent au Grand-Duché?

La difficulté de recruter de la main-d’oeuvre technique en Belgique est un frein à notre expansion, outre le manque d’espace autour de notre site de Soumagne. Nous espérons bénéficier du réservoir consécutif au démantèlement de l’industrie lourde dans la région. Certes, le début de ce démantèlement est déjà loin. Mais il reste une histoire, une mentalité, une appréciation et une fierté du travail technique qu’on ne trouve plus forcément ailleurs.

3. Les salaires ne sont-ils pas plus élevés au Grand-Duché?

Nous tablons sur une charge totale légèrement plus élevée qu’en Belgique, avec un salaire poche de l’employé plus élevé. C’est d’ailleurs sans doute ce qui attire le plus les travailleurs étrangers. Mais on peut couper court à l’idée d’une quelconque évasion fiscale. Le taux d’imposition des sociétés est un peu plus élevé au Grand-Duché et l’immunité fiscale éventuelle au cours des premières années n’est pas à la portée d’un projet comme celui de Joskin: ce qui compte pour nous, c’est avant tout de produire des machines pour tenter de satisfaire notre clientèle mondiale toujours plus nombreuse.

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