Veolia officiellement propriétaire de Suez
Au terme d’une bataille féroce, Veolia est officiellement devenu mardi propriétaire de son éternel concurrent Suez, une spectaculaire opération à 13 milliards d’euros qui donne naissance à un géant mondial sans égal dans le secteur de l’eau et des déchets.
Le groupe, qui avait déjà acheté 29,9% du capital de Suez à Engie, a réglé et reçu mardi plus de 363,6 millions d’actions supplémentaires issues de son offre publique d’achat (OPA), a-t-il indiqué à l’AFP. Désormais détenteur de 86,22%, Veolia a fait rouvrir l’OPA pour encore quelques jours, afin d’atteindre les 100%.
Le conseil d’administration de Suez, réuni mardi, a “pris acte du succès de l’OPA de Veolia”, et modifié la gouvernance du groupe.
Suez a longtemps bataillé contre ce rachat, mais après huit mois d’un spectaculaire bras de fer financier, politique et judiciaire, il avait dû se résoudre en avril dernier, au terme d’une médiation menée par son ancien patron, Gérard Mestrallet. En vertu de cet accord, et pour répondre aux règles anti-trust, quelque 40% de Suez sera ainsi rétrocédé, si possible dès fin janvier, à un consortium d’investisseurs, chargés de maintenir le nom et l’activité.
Cette opération à 13 milliards d’euros permet en tout cas à Veolia passer de 180.000 à 230.000 salariés, et à un chiffre d’affaires de 37 milliards d’euros, soit 10 milliards supplémentaires, réalisés dans une quarantaine de pays.
Le groupe, qui se veut “le champion mondial, français” de la transformation écologique, conforte ainsi sa place de numéro un mondial des services à l’environnement (eau, déchets, efficacité énergétique, qualité de l’air…), même s’il ne représentera toujours qu’environ 5% d’un secteur très atomisé.
Alors que l’essentiel des actifs acquis se situent à l’international, en France près de 300 salariés de la tour Suez à la Défense gagneront dès mercredi le siège de Veolia à Aubervilliers.
Pour ce nouveau chapitre, Veolia a désigné une nouvelle directrice générale, Estelle Brachlianoff, actuelle DG adjointe, qui prendra ses fonctions le 1er juillet. Vainqueur de l’OPA, Antoine Frérot, à la tête de la maison depuis 2009, en restera président.
Le “nouveau Suez”, qui sera sorti de la cotation boursière, et recentré sur l’eau, perd lui en taille, à 35.000 salariés dont 25.000 en France, et près de 7 milliards d’euros d’activité (5 milliards en France). La société garde dans l’Hexagone l’essentiel de ses actifs – eau comme déchets – et quelques positions notamment en Chine, en Afrique, en Europe, pour pouvoir se projeter à l’international. Ce “nouveau Suez” sera détenu à 39% par le fonds français Meridiam, 39% par l’américain GIP, avec la Caisse des dépôts/CNP Assurances.
Le consortium a promis le maintien de l’emploi pendant au moins cinq ans, et GIP comme Méridiam se sont de nouveau dits “alignés” pour soutenir l’essor de l’entreprise.
Une directrice générale, Sabrina Soussan, venue de Siemens, est attendue au 1er février, entourée de deux DG délégués issus de Suez. Le plan stratégique de la nouvelle entité devrait être publié d’ici l’été, a indiqué à l’AFP l’une de ces responsables, Ana Giros. Dans l’intervalle, Suez continuera avec une gouvernance modifiée. Mardi, le conseil d’administration a acté le départ du directeur général, Bertrand Camus.
Philippe Varin quitte la présidence du CA, mais reste temporairement administrateur au côté de Delphine Ernotte et Brigitte Taittinger-Jouyet, “afin d’assurer la bonne fin des opérations”. Sept autres membres les rejoignent, dont la fondatrice de la société de conseil LeaderXXchange Sophie L’Hélias, nouvelle présidente, et Sébastien Daziano, directeur de la coordination et des relations institutionnelles de Suez, nouveau directeur général pour la période de transition.
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