Valeur, revenus, stratégie… Monsanto aux rayons X

© Reuters

Le mariage annoncé mercredi entre l’américain Monsanto et l’allemand Bayer survient dans un contexte de consolidation mondiale du secteur agrochimique et d’opposition, principalement en Europe, aux produits OGM.

Groupe de 22.500 employés fondé en 1901 par le pharmacien John Queeny et basé à Saint-Louis (Missouri, centre), Monsanto tire son nom du patronyme d’Olga Mendez, épouse de M. Queeny.

Que produit Monsanto ?

Depuis les années 1990 le groupe est devenu spécialiste des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM), principalement des variétés végétales, et fabrique également des herbicides.

Il détient 30% du marché mondial des OGM grâce à son omniprésence aux Etats-Unis, où 80% de ses maïs transgéniques et 90% de ses sojas OGM sont utilisés par les agriculteurs.

L’Amérique latine (Brésil et Argentine, deux grands pays agricoles), l’Inde, la Chine, les Philippines, le Canada et le Mexique sont aussi ses principales terres d’accueil ainsi que l’Afrique pour le coton.

En Europe, hormis l’Espagne, le Portugal, la Bulgarie, Malte ou encore l’Irlande, Monsanto symbolise les dérives de l’agriculture. Seule une variété d’OGM, le maïs MON810, est actuellement autorisée dans l’UE.

Comment gagne-t-il de l’argent ?

En vendant ses OGM et ses herbicides et en empochant de confortables royalties sur les 1.700 brevets et licences qu’il détient. Le groupe DuPont est non seulement son grand rival mais aussi son premier client.

Les brevets aussi sont une bonne source de revenus car la Cour suprême des Etats-Unis en 2013 a interdit de reproduire les technologies Monsanto.

Quelles sont ses marques les plus connues ?

Dans les OGM:

– Dekalb pour le maïs

– Asgrow pour le soja

– Deltapine pour le coton

– Seminis et De Ruiter pour les légumes

Côté herbicides:

– Roundup (glyphosate)

Pourquoi se faire racheter maintenant ?

Face à la baisse des prix des matières et des dépenses des agriculteurs, Monsanto a été le premier à vouloir racheter ses rivaux. Il a approché sans succès le suisse Syngenta, finalement acquis par le chinois ChemChina.

Aux Etats-Unis, ses compatriotes Dow Chemical et DuPont l’ont pris de court en annonçant leur propre fusion en décembre 2015 mais celle-ci attend toujours le feu vert des autorités de la concurrence.

Que vaut Monsanto ?

En Bourse, le groupe dirigé par Hugh Grant pèse environ 47 milliards de dollars. En 2015, il a réalisé un chiffre d’affaires de 15 milliards, en baisse de 5,4%, pour un bénéfice net de 2,31 milliards (-15,5%).

Les semences transgéniques représentent un peu plus de 68% du chiffre d’affaires contre près de 32% pour les herbicides, le maïs transgénique représentant quasiment 40% des ventes, suivi par le soja (15%).

Monsanto a-t-il toujours été un spécialiste des OGM ?

A ses débuts, le groupe commercialise un seul produit: un édulcorant artificiel ou saccharine de synthèse.

Dans les années 1920, Monsanto devient un gros fabricant d’aspirine et de composants chimiques tels que les PCB (polychlorobiphéniles), utilisés comme lubrifiants, revêtements imperméables et produits d’étanchéité. Il se lancera ensuite dans les détergents, les savons et les plastiques et produit dans les années 1950 des composants chimiques liés à l’uranium pour les bombes nucléaires.

A partir des années 1960, le groupe fabrique, avec Dow Chemical, l’Agent Orange, dioxine utilisée dans la guerre du Vietnam.

Il fabrique ensuite l’aspartame avec le groupe allemand I-G Farben, fabricant de l’aspirine Bayer.

Les années 1980 et 90 marquent le virage vers la production de l’hormone de croissance bovine synthétique et des céréales OGM.

Beaucoup de ces produits ont valu au groupe de nombreux procès.

Et maintenant ?

Si Monsanto peut toujours compter sur ses OGM, il a trouvé un nouvel eldorado: l’analyse de flux de données (big data) pour aider les agriculteurs à s’adapter au changement climatique. Le but est de pénétrer des marchés moins accueillants.

Il a ainsi racheté pour 930 millions de dollars la start-up Climate Corporation et son application “Climate basic”.

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