Une formation en management à Solvay pour professionnaliser le secteur des biotech / medtech
La Solvay Brussels Schools of Economics & Management lance un Advanced master dont le contenu est conçu à 75% par des industriels. Une réponse indispensable à la pénurie du secteur et à son management parfois hasardeux.
C’est un fleuron de la Région, une lueur d’espoir dans la grisaille wallonne : le secteur des biotech et medtech est en plein boom. Les belles histoires de multiplient, les success stories sont nombreuses, mais aussi les difficultés : les déboires récentes de Bone Therapeutics après celles d’Asit Biotech ou de Promothera sont là pour rappeler qu’il s’agit d’une entreprise risquée.
“En Belgique, il y a énormément d’innovations scientifiques et technologiques, l’écosystème est très bon, souligne Michel Lussier, multi-entrepreneur dans le domaine, longtemps CEO de Celyad Oncology. Mais ce qui nous manque, ce sont des leaders, des jeunes CEO de 35 à 50 ans susceptibles de prendre en mains leur développement et leur commercialisation. Il y a malheureusement eu plusieurs cas d’entreprises qui ont échoué pour de mauvaises raisons après trois ou cinq ans, alors que l’innovation qu’elles portaient était bonne. Certains partent la fleur au fusil, mais peine à obtenir les levées de fonds nécessaires ou à les gérer.”
Un Advanced master très pratique
Voilà pourquoi des industriels et des académiques ont uni leurs forces, appuyé par des partenaires financiers, pour tenter d’apporter un remède à ce mal d’une pénurie des talents. “Le constat de départ, c’est une pénurie sur le marché en terme d’emplois – on en cherche 2400 pour le moment – mais surtout une réelle difficulté pour le management de ces jeunes biotechs, souligne Marc Dechamps, ancien de chez GSK et co-directeur académique du programme lancé ce jeudi 31 mars. Voilà pourquoi nous avons voulu créer à la Solvay Brussels Schools of Economics & Management un Advanced master pour permettre à des jeunes talents de consacrer une année complète pour se former dans le management, tous aspects confondus.”
L’idée est bien de former les futurs CEO accompagner ces sociétés jusqu’à leur mise en bourse, la commercialisation du produit, voire la vente à une grande entreprise. “Nous avons fait une étude au niveau européen pour voir si d’autres programmes se focalisaient là-dessus et ce n’est pas le cas, prolonge Marc Dechamps. Qui plus est, nous le faisons de façon pluridisciplinaire: pour des scientifiques, des bioingénieurs, des pharmaciens mais aussi pour les financiers ou des juristes qui peuvent se développer dans le domaine. L’autre aspect important, c’est que 75% du programme va être délivré par des industriels. Bien sûr, il existe des programmes où ils viennent délivrer des talk, mais ici, ce sont eux qui font le contenu du programme. Le cursus est ancré dans la pratique.”
L’objectif consiste à soutenir le développement de l’écosystème en Belgique, avec une ambition européenne. La Flandre n’est pas oubliée: le programme est partagé avec le Vlaams Instituut voor Biotechnologie (VIB) à Gand et la KULeuven. Les formations seront dispensées en cinq séminaires de dix jours au cours desquels les participants vivront ensemble, travailleront et s’amuseront ensemble, en interaction avec les académiques, des industriels et des leaders inspirants. Ces modules sont préparés pour interagir, sur base du projet à finaliser pour la fin de l’année.
“J’ai passé largement plus de trente ans chez GSK dans le pharma, raconte Marc Dechamps. Puis, je me suis lancé dans l’univers des biotech et je me suis rendu compte qu’il y avait un monde de différence. Ce sont des petites structures qui ne font que du cash burn, vous n’avez aucune rentrée émanant de ventes : quand vous avez fait une levée de fonds, vous pensez à la suivante.” La formation tient compte de toutes ces spécificités, pour donner vie économique à l’innovation thérapeutique: création d’une société, recherche des fonds, business plan, négociation de la propriété intellectuelle avec l’université, gestion des aspects régulatoires dans différents pays (dont la Chine), programmes cliniques, études de marché et accès au marché, gouvernance de l’entreprise pour gérer la croissance, production en tant que tel… “Pour une Biotech, cette période avant un rachat éventuel s’étale sur environ dix ans, complète Marc Dechamps. Une Medtech, c’est un peu plus rapide parce que vous êtes plus vite sur le marché.”
“Eviter de répéter des erreurs”
En vitesse de croisière, la Solvay Brussels School espère avoir 25 participants, maximum 30. “Pas plus, parce que sinon, on va perdre en qualité. Il n’y aura pas d’examen d’entrée, mais un processus de sélection sur base d’un outil de ressources humaines. Pour être sûr qu’ils ne se perdent pas en route. Bien sûr, l’ambition, c’est qu’ils soient recrutés tout de suite, mais nous voulons aussi avoir des gens heureux dans ce domaine. Nous négocions aussi avec des partenaires pour développer un système de bourses pour les étudiants. Les frais d’inscription de 20 000 euros, ce qui est dans la partie basse de l’échelle au niveau européen, mais en Belgique, c’est moins habituel.”
L’intention consiste aussi à créer un réseau susceptible de porter, année après année, le déploiement de cet écosystème. Le multi-entrepreneur Michel Lussier s’inspire de sa propre expérience pour soutenir de tout coeur l’intiative: “Les dirigeants apprennent sur le tas. Moi-même, j’ai appris au fil du temps, ce qui m’a fait faire beaucoup d’erreurs. Si je peux partager mon expérience pour éviter que ce ne soit le cas pour ceux qui lancent, je n’hésiterai pas. Il y a énormément d’outils financiers qui existent en Wallonie pour soutenir le secteur, mais souvent, le retour qui est fait, c’est de considérer que le projet est beau, mais… que ce n’est pas une entreprise.”
Ce programme vise à faire en sorte de combler ce manque.
Pour plus d’informations sur le programme, veuillez consulter le site internet de l’Advanced Master in Biotech & MedTech Ventures .
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