Une biotech wallonne veut disrupter la prévention cardiovasculaire

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Spinovit développe une technologie permettant de mesurer la santé vasculaire d’un patient à partir d’une prise de sang. La biotech, créée en février dernier, vient de lever un million d’euros.

Prévenir les maladies cardiovasculaires, la première cause de mortalité dans le monde, voilà le défi que se fixe la nouvelle spin-off de l’UCLouvain, Spinovit. Elle a mis au point un dispositif permettant, au départ d’une “simple” prise de sang, de mesurer la santé vasculaire d’un patient et d’anticiper ainsi par exemple les risques de complications cardiologiques lors d’une intervention chirurgicale.

La fondatrice de Spinovit, Nancy Van Overstraeten, est bio-ingénieure, avec un PhD en sciences biomédicales.
La fondatrice de Spinovit, Nancy Van Overstraeten, est bio-ingénieure, avec un PhD en sciences biomédicales.© pg

Nos vaisseaux sanguins produisent des molécules de monoxyde d’azote (NO), qui les protègent. “Lorsqu’une personne a une mauvaise santé vasculaire, sa capacité à produire du monoxyde d’azote diminue, explique le Pr. Jean-Luc Balligand, directeur du Pôle de Pharmacologie et de Thérapeutique de l’UCLouvain. Dans notre laboratoire, nous avons observé que, dans le sang, le NO se lie à l’hémoglobine pour former un complexe appelé HbNO (Hémoglobine nitrosylée). Notre idée originale a été de mesurer cette molécule pour refléter la santé des vaisseaux”.

Cette idée est affinée depuis une dizaine d’années et elle franchit maintenant un échelon supérieur avec la création, en février dernier, de Spinovit. Cette biotech a levé un million d’euros auprès de Vives (le fond de l’UCLouvain), de B2start et de la Région Wallonne (prise de participation de Wing et avance récupérable de la DGO6). Ces moyens lui permettront de terminer l’étude clinique en cours auprès de 1500 patients volontaires, afin de confirmer la prédictibilité du biomarqueur cardiovasculaire. Les résultats sont attendus pour la fin 2023. Un second tour d’investissement devrait alors soutenir le développement commercial de l’entreprise, dès 2024. “Nous allons d’abord cibler le marché des anesthésistes, précise Nancy Van Overstraeten, fondatrice et CEO de Spinovit. Nous leur apportons une solution qui permet de mesurer le risque cardiovasculaire avant une intervention, risque qui, jusqu’ici, était difficilement quantifiable.”

Spinovit proposera ensuite son test aux cardiologues, aux endocrinologues et aux sociétés pharmaceutiques. Le site internet de l’entreprise permet déjà aux personnes soucieuses de leur santé cardiovasculaire de commander un premier test gratuit. “L’idée est que le patient répète ce test tous les ans pour suivre de près l’état de ses vaisseaux sanguins, confie le Dr Van Overstraeten. Nous nous inscrivons dans cette tendance de l’implication du patient, de l’incitation de chacun à prendre sa santé en main. Cela permet de détecter plus tôt les maladies cardio-vasculaires. Notre test permet également de renforcer l’adhésion des patients à des traitements qui sont parfois lourds. Le patient pourra mesurer directement l’impact de ses efforts.” “C’est une véritable révolution pour la prévention individualisée du risque cardiovasculaire chez le patient, ce qui constitue un enjeu sociétal majeur, ajoute Philippe Durieux, CEO de Vives Fund et de Sopartec, la société de transfert de technologie et d’investissement de l’UCLouvain. Cette solution pourrait s’avérer utile tant pour les personnes qui se savent à risque que pour celles qui l’ignorent. Parmi elles peuvent figurer des jeunes, des sportifs amateurs ou de haut niveau.”

La solution de Spinovit se présente sous la forme d’un kit avec, d’une part, un logiciel d’analyse développé en interne, et d’autre part une seringue fabriquée dans une usine partenaire en Wallonie.

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