Une année sans salon mais les concessionnaires font des concessions
Pour la deuxième fois consécutive, le Brussels Motor Show n’a pu se tenir pour cause de pandémie. Son organisateur, la Febiac, et les importateurs font tout pour reconstituer l’ambiance commerciale de cette période.
Le Brussels Motor Show (auto, moto, vans) devait se dérouler du 15 au 23 janvier. Faute de pouvoir organiser sa grand-messe annuelle de l’automobile, la Febiac, l’association des importateurs d’autos et de motos, cherche à maintenir la flamme et a annoncé que le salon se tiendra chez les concessionnaires sur une période un peu plus longue, du 14 au 31 janvier 2022. Tous annoncent des remises, des “conditions salon”, sauf Tesla qui ne pratique pas les promotions.
Et comme l’an dernier, certains importateurs tels que Lexus cherchent à rencontrer le public hors des concessions. Ainsi, pendant le mois de janvier, deux modèles SUV de la marque premium du groupe Toyota voyagent d’un centre commercial à l’autre dans toute la Belgique: à Woluwe, Liège (centre Belle-Ile) et Anvers notamment. A leur côté, une employée de la marque dispense les informations nécessaires. “Le Salon est important pour Toyota, mais il l’est encore davantage pour Lexus afin de se faire connaître du public intéressé par cette catégorie de véhicules”, reconnaît Ellen De Wilde, PR manager pour Toyota et Lexus. Dans l’univers des marques premium, Lexus ne parvient pas à vendre autant que les rois du segment que sont BMW, Audi ou Mercedes.
La question qui va se poser rapidement est celle de l’organisation du salon en 2023.
Un studio télé sur le toit du Heysel
Lors de cette période de “salon sans salon”, la Febiac cherche à jouer un rôle plus affirmé que l’an dernier pour aider ses membres. L’initiative la plus visible est un studio construit sur le toit du palais 5, au Heysel, face à l’Atomium, parmi les statues des années 1930. Dans ce studio, baptisé Rooftop 99 (pour 99e Salon), seront réalisées des émissions diffusées pendant deux semaines par RTL-TVI et Canal Z côté francophone, par VTM et Kanaal Z côté néerlandophone. Sur RTL-TVI, l’émission proposée s’appelle même Le Salon de l’auto comme si vous y étiez.
“L’idée est d’organiser des interviews d’experts et de politiques par des jeunes de 11 à 22 ans, autour de la voiture, sur des thèmes comme ‘la voiture propre existe-t-elle vraiment? ‘”, explique Gabriel Goffoy, porte-parole de Febiac. En outre, un site internet www.autosalon.bea été développé pour parler de ce qui se passe chez les concessionnaires. Ainsi qu’un moteur de recherche spécifique, baptisé AskOTO, pour répondre aux questions générales.
Les concessionnaires, eux, déroulent les promotions comme ils le font tous les ans en janvier. Ils en ont plus que besoin pour booster leurs ventes après une année 2021 en berne, avec 382.123 immatriculations de véhicules neufs (-11,21% par rapport à 2020, mais -30% par rapport à 2019, avant le covid). La chute est toutefois moins dramatique que ce que ces chiffres semblent indiquer. “Ils parlent d’immatriculations, de voitures livrées. En réalité, les carnets de commandes sont pleins mais les livraisons tardent, à cause de la pénurie de certains composants”, tempère Gabriel Goffoy.
Pénuries et incitants
Pour les importateurs, cette pénurie complique donc un peu les choses: ils doivent développer des incitants mais en tenant compte des options ou équipements qui souffrent de celle-ci. “Par exemple, certains modèles dont le coffre s’ouvre électriquement sont livrables plus tard ; le client qui souhaite un véhicule disponible plus rapidement le choisira sans cet équipement”, explique un commercial d’une marque premium. Certains importateurs seront également moins généreux en avantages sur les véhicules qu’on ne peut livrer rapidement, comme les modèles électriques.
Les promotions sont généralement des combinaisons de remise et de prime de reprise pour un véhicule ancien. Parfois aussi des options gratuites. Le tout nuancé selon les modèles que l’importateur souhaite plus ou moins pousser. Ainsi, Toyota propose les modèles hybrides au prix de l’essence pour les Yaris, Corolla et CHR, et en sus des primes de reprise. Le constructeur japonais pousse ce type de motorisation qui représentait 74% de ses ventes l’an dernier. Il y a aussi des réductions pour les Lexus, et même, en plus, – 4% sur certains véhicules de stock. Renault annonce des combinaisons remise/prime de recyclage jusqu’à 8.300 euros, variables selon les modèles.
BMW pratique plutôt une politique de promotion via des accessoires gratuits. Ainsi, une BMW Touring 330e M Sport (hybride rechargeable) est proposée à 56.960 euros au lieu de 62.310 euros TVAC. Mercedes offre une formule à la carte: pour chaque modèle, un budget est prévu – le client l’utilise comme il l’entend – pour une remise ou des options. Par exemple, une berline Classe A 180 Business Line est vendue 33.996 euros, ce qui inclut 3.025 euros d’avantages. Volvo aussi pratique des remises salon, qui vont de 3.100 euros pour une Volvo XC40 à 9.050 euros pour la XC90.
Des promotions à tiroirs
Le groupe D’Ieteren, qui importe principalement VW, Audi, Seat, Skoda, Porsche et Bentley, propose un chèque reprise jusqu’à 2.500 euros et, selon les modèles, un pack d’options gratuites. La Golf Life Business TSI 110 ch, à 31.180 euros prix catalogue, est proposée à 24.680 euros. Pour une Skoda Octavia Combi, modèle très populaire, les avantages vont de 5.915 à 9.765 euros selon les versions. Les modèles électriques, eux, sont moins promotionnés.
Dans le groupe Stellantis (Fiat, Peugeot, Opel, Jeep, Chrysler, Alfa Romeo, etc.), on recourt aussi à un dispositif de promotions “à tiroirs”. Une Jeep Compass essence 130 CV à 37.290 euros (tarif catalogue) peut recevoir 7.250 euros d’avantages répartis en remise (2.500 euros), prime de reprise (1.500 euros) et prime de stock (3.250 euros). Citroën suit une approche similaire. La C3 Feel Essence 83 CV bien équipée se vend 14.420 euros au lieu de 19.445, soit un avantage de 5.030 euros réparti en remise salon (2.530 euros), prime conditionnelle de recyclage EcoTech (1.500 euros) et Serenity Pack (1.000 euros). La marque Peugeot propose, elle, un bonus pour les 200 premières commandes en ligne, en plus des conditions salon, afin d’encourager les ventes sur le net.
Les promotions sont parfois un peu compliquées à comprendre et il est facile de s’y perdre. Notre confrère Le Moniteur de l’Automobile a donc mis en place un site ( https://autopromos.moniteurautomobile.be ) pour aider les visiteurs de ce salon à les comparer.
Et le Salon 2023?
La question qui va se poser rapidement est celle de l’organisation du salon en 2023. La Febiac a annoncé qu’il aura lieu (en janvier), d’autant qu’il aura une portée symbolique, puisque ce sera le 100e Brussels Motor Show. “Je souhaite préciser que près de 70% du marché auto était demandeur d’un salon en 2022”, indique Andreas Cremer, general manager de la Febiac.
En majorité, les constructeurs semblent favorables à un salon “réel”. Renault regrette, par exemple, de n’avoir pu présenter sa nouvelle Megane électrique, sa vedette 2022. Certaines marques ne viendront peut-être pas, comme Volvo qui ne fréquente guère ces événements. Les vendeurs de supercars, de Lamborghini à Rolls Royce, se montrent aussi moins intéressés parce que leurs clients ne viennent guère à ce genre de manifestation.
“Le salon est également un événement important pour le monde du fleet, pour les voitures de sociétés, assure Gabriel Goffoy. Il est habituellement l’occasion pour les gestionnaires de flottes d’entreprise de rencontrer les importateurs afin de parler des conditions tarifaires de l’année qui débute.”
Alors que les salons perdaient leur popularité dans de nombreux pays, même avant le covid, la Belgique faisait exception. La Febiac espère bien que cela continue. En cherchant à adapter le salon et en allant au-delà d’une simple exposition des modèles. En ces temps de transition dans les motorisations, le public cherche des explications. Febiac réfléchit à des forums, des mini-conférences qui expliqueront aux visiteurs tout ce sur quoi ils peuvent se poser des questions, de la motorisation hybride à la manière de charger ses batteries via les bornes électriques. Cette idée était dans l’air pour l’édition qui devait se tenir au Heysel ce mois-ci. Elle sera testée l’an prochain, en janvier 2023.
Un salon du luxe à Autoworld
Durant cette période de Salon annulé, les marques de luxe importées par D’Ieteren (Lamborghini, Bugatti et Bentley) s’exposent à Autoworld, au Cinquantenaire à Bruxelles. L’importateur profite de l’exposition Supercar Story présentée jusqu’au 23 janvier. “C’est aussi un endroit très agréable pour recevoir les clients potentiels”, indique David Favest, general manager des marques haut de gamme chez D’Ieteren. Surtout que le segment des véhicules de grand luxe a gonflé. D’Ieteren en a profité pour présenter les nouveaux modèles du créneau, dont l’exubérante Bugatti Chiron Super Sport (1.600 CV). Grande nouvelle: D’Ieteren va également importer la marque croate Rimac, qui prépare une voiture à grande performance électrique, Nevera, et qui sera distribuée cette année. Rimac a développé une technologie de batterie très avancée et travaille avec Porsche, qui détient 15,5% du groupe croate.
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