Uber: une haute responsable démissionne en plein scandale londonien

© Neil Hall/Reuters

La cheffe d’Uber pour l’Europe du Nord a annoncé lundi son départ, dix jours après la décision choc des autorités londoniennes de ne pas renouveler la licence de la compagnie de voitures avec chauffeurs privés.

“J’ai décidé de passer à autre chose. Je quitte Uber”, a expliqué Jo Bertram dans un email au personnel obtenu auprès d’Uber. Cette annonce intervient à la veille de la visite à Londres du PDG de la compagnie américaine, Dara Khosrowshahi, qui doit y rencontrer des responsables des autorités des transports.

Mme Bertram était entrée chez Uber il y a quatre ans, en tant que responsable des opérations de la firme pour Londres. Elle avait depuis été promue au poste de responsable Europe du Nord, région qui chapeaute notamment le Royaume-Uni au sein de l’organisation interne d’Uber.

“Au vu de nos défis actuels, je suis convaincue que c’est le bon moment pour un changement et pour passer mes responsabilités à quelqu’un d’autre”, a souligné la responsable, qui restera encore quelques semaines pour assurer la transition.

“J’aurais souhaité annoncer ce changement dans d’autres circonstances, mais je suis fière de l’équipe que nous avons construite et confiante dans sa capacité à ouvrir un nouveau chapitre de son activité”, a-t-elle encore écrit.

Utilisée par de nombreux Londoniens, l’entreprise est dans la tourmente depuis que l’autorité des Transports de Londres (TfL) a décidé avec fracas de ne pas renouveler sa licence.

TfL reproche à Uber son laxisme dans la dénonciation des crimes et des failles dans les contrôles des casiers judiciaires de ses conducteurs. L’autorité déplore aussi l’utilisation d’un logiciel permettant aux chauffeurs d’éviter de se faire repérer dans les zones où ils n’ont pas le droit d’opérer et de fournir des certificats médicaux non fiables.

Contexte sulfureux

La compagnie a fait part de son intention de faire appel, ce qui lui permettra entre autres de continuer d’opérer dans la capitale britannique au moins jusqu’à la fin de la procédure judiciaire.

Uber avait fustigé la décision de TfL dans un premier temps, mais son nouveau PDG, Dara Khosrowshahi, a cherché depuis à apaiser la relation tendue avec la municipalité en présentant ses excuses pour “les erreurs” de sa compagnie et en soulignant sa volonté de “travailler avec Londres pour remettre les choses à l’endroit”.

Son mea culpa a été salué par Sadiq Khan, le maire de la capitale britannique et président de TfL, qui a demandé à ses services de “se rendre disponible” pour organiser une rencontre qui devrait avoir lieu dès mardi.

La décision de TfL a eu un retentissement considérable à Londres, où Uber affirme compter près de 40.000 chauffeurs et 3,5 millions de clients. Une pétition en ligne a réuni plus de 840.000 signatures pour demander le maintien des services d’Uber dans la capitale britannique.

Présente dans plus de 70 pays, l’entreprise a eu maille à partir avec de nombreuses autorités dans le monde, dont la France où elle a écopé de plusieurs amendes. Elle avait été brièvement bannie des rues de New Delhi après un viol commis par un chauffeur et a été dernièrement interdite en Hongrie et au Danemark en vertu de nouvelles lois.

La société, qui a perdu plus de 600 millions de dollars au deuxième trimestre, doit affronter de surcroît plusieurs enquêtes judiciaires sur des soupçons de corruption de responsables étrangers.

C’est dans ce contexte sulfureux que la compagnie vient de se doter d’un nouveau PDG, l’ex-patron d’Expedia Dara Khosrowshahi, après le départ de son ancien patron-fondateur, Travis Kalanick, accusé d’avoir entretenu une culture d’entreprise sexiste et brutale.

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