slo.li.brussels, Mamé, Mieke Dierckx: trois entrepreneuses nous dévoilent les coulisses de leur pop up store

Ségolène Jeanjean © Lucile Dizier

La période des fêtes et la chasse aux cadeaux voient chaque année éclore une flopée de boutiques éphémères aussi appelées pop up stores. Quelles sont les stratégies derrière ces magasins qui ne dureront que quelques semaines ? On a posé la question à trois initiatrices de ce style de boutiques, représentatrices des trois régions du pays.

Quelle est l’idée derrière l’ouverture d’un concept store ? Pourquoi se lancer dans ce type de projet commercial alors que les conditions économiques ne sont pas propices et que les faillites font plus souvent la une des journaux que les ouvertures de magasins ? Trois entrepreneuses racontent à Trends Tendances leur projet de pop up store.

slo.li.brussels, le test grandeur nature

La Bruxelloise Ségolène Jeanjean réitère cette saison son concept de pop up store écoresponsable baptisé slo.li.brussels. Sa boutique éphémère en mode slow est articulée tel un appartement d’environ 60 mètres carrés présentant des objets de déco, des coussins, de la literie, des vêtements, des soins de beauté… Installée à Woluwé l’année dernière, elle a pris cette année ses quartiers depuis le 15 novembre dernier au centre de Bruxelles, entre le Sablon et la Grand-Place.

“J’ai suivi une formation en management événementiel. Mon projet se base sur l’activation de marques. Je désirais utiliser cette technique pour proposer des solutions concrètes afin d’accompagner celles et ceux qui le désirent à tendre vers un mode de vie plus durable, responsable et conscient“, explique à Trends Tendances Ségolène Jeanjean. “Les services proposés via slo.li.brussels ont la même démarche : aider à profiter de chaque instant à son propre rythme, être plus en harmonie avec soi-même et le monde qui nous entoure”.

Après être passée par la formation Couveuse de l’Agence bruxelloise hub.brussels, slo.li a pu passer de l’idée à la concrétisation grâce au programme de l’incubateur commercial bruxellois L’Auberge Espagnole. Il s’agit d’une expérience grandeur nature qui permet de tester un concept commercial dans des conditions réelles et à moindre coût tout en bénéficiant de conseils d’experts.

Cette année, l’entrepreneuse se lance 100% en solo tout en restant conseillée, si besoin, par les personnes-ressources de ces différentes structures d’accompagnement aux entrepreneurs.

“Mon but est de proposer une expérience différente des boutiques durables existantes “, avance Ségolène Jeanjean. Son pop up store se démarque des autres boutiques écoresponsables déjà présentes sur le marché – on pense notamment à Yuman – par l’expérience originale de mise en scène des produits qui permettent de se projeter plus facilement, ainsi que par les conseils et services qu’elle met en avant, commente la fondatrice.

Parmi la dizaine de références présentées figure également sa marque de vêtements de seconde main Clémentine et Michel. Il s’agit aussi pour Ségolène Jeanjean de rendre visible son travail d’architecte d’intérieur. Derrière tout ça, réside l’envie de “tester l’idée, le public, le quartier, les collaborations, le marché “, résume-t-elle.

Objectif : 10 centres bien-être

Car la trentenaire voit les choses en grand. Son projet ne s’arrêtera pas au soir du 24 décembre. “Ma vision à long terme est de lancer un e-shop ainsi que d’ouvrir un centre bien-être et commercial pérenne sur le même modèle que l’appartement.

Et même de devenir une référence à l’étranger en proposant une déclinaison de produits et services typiques de la ville où elle s’implantera. Son objectif : lancer pas moins de 10 centres de ce style dans le monde, nous confie celle qui se définit comme une “globe-trotteuse polyglotte”. En 2023, l’entrepreneuse a comme projet d’aller tâter le terrain à New York avec le soutien du Eye Global Program, sorte de programme Erasmus pour jeunes entrepreneurs. Elle compte s’y ‘inspirer de ce qui se fait de mieux dans le domaine afin de rapporter dans ses bagages les best practices d’aménagement ou de structures commerciales. “Et pourquoi pas lancer mon premier centre là-bas ?” , ambitionne-t-elle.

Infos pratiques: slo.li.brussels, rue de l’hôpital 17 à 1000 Bruxelles, du mardi au samedi de 12h à 19h, jusqu’au 24 décembre.

Mamé, la concrétisation d’un rêve

Mamé
Mamé© PG

Marie Freres a ouvert la boutique “Mamé” – “Ma” pour Marie et “Mé” pour Mélanie, l’amie avec qui elle s’est associée dans l’aventure, mais aussi pour “mignon” en wallon – un pop-up store qui met en avant toutes sortes de produits éthiques et locaux. “L’idée est de proposer une sélection de “mignonneries” en tous genres à petits prix. Nous proposons plein d’idées cadeaux “, explique-t-elle à Trends Tendances.

On trouve dans la boutique éphémère d’une trentaine de mètres carrés implantée au centre de Waremme, des bougies odorantes et colorées, des bijoux fantaisie, des cartes postales, des jeux, de la petite papeterie, des livres jeunesse ou encore, des doudous pour enfants… “Nous travaillons avec des créateurs qui proviennent des alentours de Waremme, mais en général, ce sont des produits belges. Et s’ils ne le sont pas, ils viennent d’Europe ou d’Angleterre“, commente l’initiatrice du projet.

Graphiste à temps plein pour le Yellow Studio, Marie Freres a saisi l’opportunité de pouvoir exploiter un local commercial vide après une cessation d’activité, et cela à moindre coût. “Nous étions bien conscientes que la période n’était pas la plus propice à ce genre de projets – les frais fixes font peur !mais nous avions la possibilité d’occuper un local à ‘prix de famille’ et nous avons sauté sur l’occasion”, explique-t-elle.

One shot

Si son associé, elle aussi graphiste, a déjà de l’expérience dans la gestion d’un e-shop – elle a lancé récemment Les Pépites – pour Marie, ce projet est un saut dans le vide et constitue une première expérience qui lui permet de s’essayer à la création et à la gestion d’une boutique. J’ai toujours rêvé d’ouvrir un magasin, mais je n’ai jamais osé car cela représente un certain coût et je ne voulais pas me lancer seule avec un métier à temps plein sur le côté”, explique cette maman de trois enfants.

Les deux entrepreneuses ont investi au début du projet 5.000 euros, chacune sur fonds propres. Au total, leur investissement, avec le réassort, tourne autour des 15.000 euros. “Un investissement raisonnable“, estime Marie qui avoue s’être lancée avant tout pour le plaisir, sans viser de grandes marges bénéficiaires. “Le but n’est pas de faire un max de bénéfices, mais de rentrer dans nos frais. Je me suis rendu compte qu’il n’était pas envisageable de toucher un salaire juste par rapport aux heures prestées dans ce genre de projet”, explique-t-elle. “La gestion du stock n’est pas non plus évidente. Il faut pouvoir remplir l’espace”, nous confie-t-elle.

Retentera-t-elle l’expérience d’ici peu ou l’année prochaine ? Pas sur le court terme”, répond Marie Freres. “Je suis enchantée de cette expérience très positive. Le début était un peu lent, mais on commence vraiment à avoir de la visibilité et de nombreux retours positifs. Seulement, je me suis rendu compte que ce n’était pas toujours facile de cumuler la gestion d’une boutique avec une vie de famille.” Un one shot donc qui lui permet de gouter pour trois mois au bonheur, mais aussi aux aléas de la tenue d’un magasin.

Infos pratiques : Mamé, Avenue Reine Astrid 4, 4300 Waremme. Ouverture du mercredi au samedi (10-12h30 et 13h-18h) jusqu’au 31 décembre suivie de deux semaines de soldes en janvier.

Mieke Dierckx, toucher un nouveau public

slo.li.brussels, Mamé, Mieke Dierckx: trois entrepreneuses nous dévoilent les coulisses de leur pop up store
© PG

Après avoir déjà ouvert des pop-up stores à Malines et à Anvers, la créatrice flamande de sacs Mieke Dierckx part à la conquête de Bruxelles. Son pop up store cosy d’une vingtaine de mètres carrés a pris possession d’un bâtiment au style Art déco dans la rue de Flandre. “C’est un quartier sur le parcours mode de Mad Brussels que nous aimons particulièrement. Le bâtiment au style rétro convient parfaitement à notre collection“, explique la créatrice.

Le but affiché de Mieke Dierckx est de pénétrer un nouveau marché. “Nous sommes connus principalement en Flandre et nous avions envie de nous faire connaître davantage dans la capitale, de toucher un autre public”, explique-t-elle. “A Bruxelles, le public est plus international avec de nombreux touristes de passage, c’est un tout autre marché que Westerlo ou nous avons nos bureaux.”

L’idée derrière une implantation au centre de la capitale est aussi de se faire connaître du public wallon. “Nous n’avons aucun point de vente dans le sud de la Belgique et nous aimerions savoir si nos créations plaisent aux Wallons de passage à Bruxelles.”

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La créatrice se considère expérimentée dans l’organisation de ce genre de boutique éphémère. Elle trouve la période des fêtes propice avec l’affluence qu’offre le marché de Noël tout proche. “On sent qu’il y a plus de monde depuis que le marché de Noël a été inauguré la semaine dernière”, commente-t-elle. “Nous ne sentons pas vraiment la crise. Je pense que les clients vont acheter plus intelligemment, en se tournant moins vers la fast fashion, mais en optant pour des pièces de qualité.”

Le pop up store est lancé sur fonds propres, la créatrice déclare ne pas vraiment être au courant des aides et subsides, qui ne sont, selon ses dires, pas toujours facile à trouver pour ce type de projets. “On s’organise la plupart du temps sur fonds propres ou avec d’autres partenaires aux clients similaires pour se partager les frais, comme dernièrement avec un créateur de bijoux à Knokke.” La boutique occupe un local dédié spécialement à ce type de projet commercial temporaire. Alice Gallery donne de cette façon l’opportunité à des entrepreneurs de lancer leur boutique sur une période courte, avec un contrat de bail spécial.

Infos pratiques : Mieke Dierckx, Rue de Flandre 91, 1000 Bruxelles, jusqu’au 31 janvier, du jeudi au dimanche de 11h à 18h.

Mais encore

Le Moms’ Popup Store à Liège

Le mom’s pop up store est un pionnier dans le secteur de ce genre de contrat commercial sur le court terme et de concept de boutique éphémère, il a été lancé en 2013. Il en est à sa 8ème édition. Il s’est installé dans le passage Lemonnier à Liège. Le concept redonne ainsi un peu de dynamisme à un endroit commercial déserté face aux différentes crises. Le projet est une initiative de l’asbl des mompreneurs francophones de Belgique, des mamans porteuses d’un projet de création d’entreprises (artistes et illustratrices, graphistes, e-commerçantes). Son but est de mutualiser les efforts et les frais en louant un espace à plusieurs sur une courte période pour promouvoir leurs créations (textile, bijoux, déco,…). Chacune paie une partie du loyer qui comprend l’électricité et les frais internet. “L’année passée, nous étions 32, cette année, nous sommes 18. Cela varie d’année en année. Nous voulons permettre à chacune de vendre ses produits. Pour certaines, c’est une première participation pour savoir si leur projet est viable. Pour d’autres, c’est parce qu’elles savent qu’elles vont bien vendre pendant la période des fêtes “, explique Sandrine Soyez, responsable en région de Liège pour les mompreneurs et responsable du Moms’ Popup Store Liège. “Nous voulons avant tout aider nos membres à se faire connaître mais aussi en acquérir de nouveaux”, complète Sandrine Soyez.

Ouverture tous les jours jusqu’au 31 décembre de 10h à 18h, sauf le 25 et le 26/12.

Le pop up de Noël de Brussels’ Kitchen

Pop up store Brussels' Kitchen
Pop up store Brussels’ Kitchen© DR

Après une première édition en 2021 couronnée de son petit succès, Chloé Roose et Céline Cogniaux à la tête de la plateforme Brussel’s Kitchen se lancent à nouveau dans l’aventure d’un popup store thématique pour les fêtes. “On a vite retrouvé nos marques, car on a pu réinvestir le local qu’on avait déjà loué et aménagé l’année dernière. Il était encore inoccupé“, explique Céline Cogniaux à Trends Tendances. Cette année, retour aux sources pour les deux foodistas qui ont désiré se concentrer à 100% sur l’ADN de Brussels’Kitchen à travers des propositions gourmandes (food & drinks) principalement de chez nous, de l’art de la table et une sélection pointue d’ustensiles de cuisine. “Le but de notre pop up est de proposer une sélection de ‘kookware’ haut de gamme qu’on ne trouve pas nécessairement à Bruxelles et quicolle parfaitement à notre ADN. Notre objectif est aussi de mettre en avant notre dernier ouvrage de cuisine. On a ainsi l’opportunité de rencontrer nos lecteurs et d’en accueillir de nouveaux.” Bonus : à l’occasion de cette deuxième ouverture, le duo s’est associé avec 5 marques et propose 5 collabs en édition limitée.

Infos pratiques : Le pop up de Noël de Brussels’ kitchen, 294 Chaussée d’Ixelles, 1050 Ixelles. Ouverture jusqu’au vendredi 23/12, de 10h à 19h.

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