Trends Top 5.000: des nuages sombres planent sur l’économie
Notre pays compte actuellement plus de 1,6 million d’entreprises actives. Il n’y en a jamais eu autant. C’est ce que révèle le nouveau Trends Top 5.000. Une forte tempête s’annonce cependant, avec un nombre massif de sociétés commerciales qui mettent fin à leurs activités après avoir traversé les années de vaches maigres pour cause de Covid.
Dans l’ensemble, les entreprises industrielles et commerciales du Trends Top 5.000 ont réalisé un chiffre d’affaires de 755 milliards d’euros en 2021, soit une hausse de 17 %. C’est confortable, mais cela ne tient pas compte de l’augmentation générale des prix. La valeur ajoutée (167 milliards d’euros) n’ayant pas augmenté au même rythme, le ratio valeur ajoutée/chiffre d’affaires des principales entreprises passe de 23,54 % à 22,15 %.
Les bénéfices (36 milliards) ont doublé. Cela est dû principalement à certaines augmentations spectaculaires, comme chez Engie, qui est passé d’une perte de 2 milliards d’euros due à la dépréciation d’actifs à un bénéfice de 1,9 milliard d’euros, grâce notamment à une disponibilité de 92 % de son parc de réacteurs nucléaires. Engie n’avait pas atteint un tel pourcentage depuis le début du siècle.
Le secteur financier a lui vu ses bénéfices passer de 6,6 à 8,7 milliards d’euros. Toutefois, cette progression ne peut être attribuée qu’au seul secteur bancaire, qui a enregistré un bénéfice de 5,8 milliards d’euros en 2021. Dans le secteur de l’assurance, les bénéfices restent pratiquement inchangés à 2,9 milliards d’euros.
Les holdings ont à nouveau enregistré de bons résultats. Le bénéfice cumulé des 100 plus grandes sociétés holding du pays en termes de revenus de portefeuille s’est élevé à 12,5 milliards d’euros, contre une perte de 3,6 milliards d’euros au cours de l’exercice précédent.
Notre pays compte actuellement plus de 1,6 million d’entreprises actives, soit le nombre le plus élevé jamais atteint. Comme d’habitude, les 5.000 plus grandes entreprises figurent dans notre classement par chiffre d’affaires.
Risque de faillite
Si l’on examine de plus près la santé financière des entreprises, on constate un risque de faillite faible chez 64 % et acceptable pour 25 %. Pour plus de 11 % des entreprises, la situation s’annonce cependant moins rose.
Avec 7 027 faillites jusqu’au troisième trimestre, le nombre total de faillites reste moindre qu’avant la pandémie (8 565 en 2019).
La question est de savoir dans quelle mesure les nouvelles mesures gouvernementales prises à la suite de la crise énergétique feront perdurer cette dynamique quelque peu artificielle en termes de statistiques. Quoi qu’il en soit, on annonce depuis déjà un certain temps une solide tempête avec un nombre massif d’entrepreneurs qui jettent spontanément l’éponge, alors qu’ils avaient continué vaille que vaille durant les années covid. Le nombre de cessations d’activité à la fin du mois de septembre était supérieur de 6 % à celui de 2019. Par rapport à 2018, il est même de 21 %. Une tendance qui s’est poursuivie en octobre.
Dans ce contexte, les entreprises sont à la recherche du moindre euro et les deniers sont gardés un maximum dans leur propre escarcelle. Alors qu’à la fin de l’été 2021, 30 % des factures des entreprises étaient encore payées à temps, ce chiffre est depuis tombé à 21 %. En outre, 19 % de ces factures sont en souffrance depuis plus de 90 jours, contre 15 % il y a un an. Ce qui a pour conséquence qu’une entreprise peut entraîner une autre à sa perte, puisqu’il n’est pas rare qu’une chaîne commerciale se brise sur son maillon le plus faible. Et pas seulement pour les PME.
Heureusement, il y a eu 92 417 entrepreneurs assez courageux pour créer leur propre entreprise au cours des trois premiers trimestres de 2022. Moins que l’année dernière (99 314), mais plus qu’avant la pandémie (88 752 en 2019 et 82 908 en 2018).
Juste un report de la mise à mort ?
L’indexation automatique des salaires qui interviendra en janvier constitue un soutien bienvenu au pouvoir d’achat des ménages. Mais pour de nombreuses entreprises, il s’agit d’une énième pilule amère à avaler. Cela pourrait conduire certaines entreprises qui cherchaient simplement de nouveaux employés pour se développer à opter pour des suppressions d’emplois.
Les business plans devraient aussi être sévèrement revus à la baisse. Si les réorganisations et les restructurations ont été reportées, les entreprises ne pourront pas continuer à repousser les échéances. Les demandes de chômage technique ont augmenté ces dernières semaines en raison de la crise énergétique.
La récession imminente fera sans aucun doute des victimes, et pas seulement dans les entreprises qui ont bénéficié d’une manière ou d’une autre d’un sursis (souvent artificiel) au cours de la période écoulée.
Trends Top 5.000 paraîtra dans le magazine Trends le 17 novembre et sera disponible en version numérique à partir de cette date sur www.trendstop.be/pdf
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