Tencent affiche le premier recul de son chiffre d’affaires trimestriel depuis son IPO
Tencent, le géant chinois de la tech, a affiché mercredi le premier recul de son chiffre d’affaires trimestriel depuis son entrée en Bourse en 2004, pâtissant des difficultés économiques du pays et des retombées de la pandémie de coronavirus.
Le chiffre d’affaires du deuxième trimestre de son exercice a perdu 3% sur un an, à 134 milliards de yuans (19,3 milliards d’euros), selon un communiqué de Tencent. Le bénéfice a plongé de 56% à 18,6 milliards de yuans. Outre le contexte économique et les conséquences de la pandémie, le géant de l’internet et des jeux vidéo, qui possède l’application WeChat (réseau social, paiement en ligne) omniprésente en Chine, doit aussi faire face au durcissement réglementaire dans un contexte de reprise en main du secteur de la tech.
Tencent explique avoir supprimé environ 5.500 emplois, ramenant le nombre de ses employés à 110.715 à la fin juin, premier recul des effectifs de l’entreprise depuis 2004 également.
“Nous avons activement éliminé les activités secondaires, resserré nos dépenses de marketing et taillé dans nos dépenses opérationnelles, ce qui nous a permis d’accroître séquentiellement notre bénéfice opérationnel (ne tenant pas compte des normes comptables IFRS) malgré les conditions difficiles pour le chiffre d’affaires”, poursuit le communiqué.
Tencent souligne qu’il tire près de la moitié de son chiffre d’affaires des services de technologie financière et aux entreprises, ce qui lui ouvre les portes de la croissance quand l’économie chinoise est florissante.
La Chine a gelé durant neuf mois toute nouvelle licence de jeux vidéo, décriés pour leur côté addictif chez les jeunes, ne reprenant ses autorisations qu’en avril. Tencent et son concurrent NetEase n’ont cependant obtenu aucune nouvelle licence. Selon Tencent, le marché intérieur chinois du jeu vidéo affronte “des défis transitionnels” et le marché international est dans “une période de digestion post-pandémie” et les gens reprennent leurs dépenses de divertissement dans d’autres domaines.
Au deuxième trimestre, les ventes de publicité en ligne ont chuté de 18%, un record, sur un an, reflétant “une faiblesse notable dans les services internet ainsi que les secteurs éducatif et financier”, note Tencent.
“Tencent s’est serré la ceinture au moment où l’industrie chinoise de la tech entame un repli”, a estimé pour l’agence Bloomberg Willer Chen, analyste à Forsyth Barr Asia. “Les performances de la compagnie dépendent dorénavant largement de ses progrès en matière de contrôle des coûts et d’optimisation opérationnelle”.
Tencent est l’un des grands noms de la tech chinoise, mise sous pression par les incertitudes réglementaires. Depuis fin 2020, les autorités se montrent particulièrement intransigeantes contre certaines pratiques des géants du numérique, auparavant largement tolérées, notamment en matière de collecte de données personnelles et de concurrence. Pékin a ainsi multiplié les coups contre les puissantes entreprises de l’internet, empêchées de lever de l’argent à l’international ou mises à l’amende pour abus de position dominante.
Ces mesures ont fait perdre au secteur des milliards de dollars de capitalisation boursière. Les difficultés économiques ont également pesé. Alibaba, le géant chinois du commerce en ligne, a ainsi annoncé début août un chiffre d’affaires trimestriel en léger repli pour la première fois de son histoire.
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