Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Télétravail : qui veut encore aller au bureau le vendredi ?
Au pays de l’Oncle Sam, il devient difficile de partager un croissant ou de boire une tasse de café avec un collègue de bureau le vendredi
Il ne vous a pas échappé que nous sommes vendredi, dernier jour de bureau de la semaine. Mais est-ce qu’il y a encore quelqu’un chez vous au bureau ? J’imagine que oui, mais si je pose la question, c’est parce que la réponse est de plus en plus négative aux Etats-Unis. Selon une enquête du Washington Post, au pays de l’Oncle Sam, il devient difficile de partager un croissant ou de boire une tasse de café avec un collègue de bureau le vendredi. Selon ce quotidien influent, seulement 30% des cadres interrogés viennent encore travailler au bureau le vendredi.
A priori, travailler de chez soi le vendredi peut se comprendre si on habite loin ou si on a des obligations familiales par exemple. Mais ce que constate l’enquête du Washington Post, c’est que l’absence de certains employés ou cadres déteint sur les autres employés. En fait, “de la même manière que personne n’aime aller manger dans un restaurant vide, personne ne veut aller travailler dans un bureau vide” explique un directeur des ressources humaines interrogé par mes confrères américains. J’en parle avec vous ce vendredi, car généralement ce qui se trame aux Etats-Unis finit par arriver quelques années ou quelques mois plus tard chez nous.
La riposte des managers américains face à cette désaffection du vendredi au bureau, c’est de rendre plus attractif le dernier jour de la semaine. Comment ? Certains employeurs promettent des vendredis sans zoom, d’autres proposent de terminer plus tôt à 15H00 et d’autres encore s’adressent à l’estomac de leurs employés en leur proposant une offre variée de restauration à midi ou même la gratuité des repas. Et visiblement, d’après le Washington Post, ça marche.
Plus globalement, la rentrée est là et d’anciens étudiants vont entrer pour la première fois sur le marché du travail. Ils ont de la chance, car le marché de l’emploi est tendu, et décrocher un emploi devrait être plus facile aujourd’hui qu’hier. Si j’avais un conseil à leur donner, c’est d’essayer d’aller au bureau, pas tous les jours bien entendu, mais d’y aller assez souvent et d’éviter d’être trop en télétravail. Pas parce que je suis conservateur, mais parce que plusieurs études montrent que les promotions sont liées à une forme de présence physique. Etre loin des yeux, c’est être loin du coeur de celui ou celle qui peut vous promouvoir. On peut trouver ça injuste, mais la vie en entreprise, la vie tout court d’ailleurs est faite de petites injustices.
Le bureau est aussi ‘endroit où l’on établit des relations sociales fortes. Citez-moi un autre endroit où on se mélange encore avec des personnes qui viennent d’horizons différents ? Au centre commercial ? Non. En salle de cinéma ? Non. Le bureau, c’est aussi l’endroit où les jeunes trouvent des mentors, autrement dit, des personnes qui s’investissent émotionnellement dans leur réussite. Qu’on le veuille ou non, la qualité des relations est fonction de la proximité. FaceTime ou Zoom, c’est bien, mais pas tous les jours. D’ailleurs, les entreprises l’ont compris, le bureau est le principal outil pour partager la culture de l’entreprise, et n’oublions pas que le plus grand facteur de rétention d’un cadre ou d’un employé, c’est lorsqu’il a un ou une bonne amie sur son lieu de travail. Normal, nous sommes des animaux sociaux, or, on redécouvre aujourd’hui que le bureau est une énorme source de capital social.
Le bureau, c’est le réseau, or, le réseau décloisonne. Comme le disent nos amis allemands, “le diable est dans les cloisons”, dans tout ce qui coupe, isole, réduit, enferme et empêche de comprendre l’autre. Bon week-end, et n’hésitez pas à me faire part de vos commentaires, même négatifs. Après tout, les Américains, encore eux, le disent souvent : feedback is a gift !
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