Telenet: “Le marché fonctionne bien, le client dispose d’un large choix”

John Porter, CEO de Telenet. © Belga

L’administrateur délégué de Telenet John Porter ne se montre pas enthousiaste ni favorable à davantage de régulations dans le secteur des télécoms, a-t-il confié mercredi en marge de la présentation des résultats semestriels de l’opérateur. Il n’en voit pas la raison.

“Le marché fonctionne bien et le client dispose d’un large choix. On peut difficilement avoir à la fois la meilleure infrastructure et les prix les plus bas en Europe”, avance John Porter à l’adresse des autorités.

Celles-ci obligent les grands acteurs comme Telenet ou Proximus à ouvrir leur réseau fixe à la concurrence. Contre paiement, Orange profite ainsi de ces infrastructures pour proposer des offres en télévision et en internet fixe à ses clients. Lors du trimestre passé, Telenet a d’ailleurs perdu environ 15.000 clients en télévision numérique, notamment à cause de la concurrence de l’ex-Mobistar.

“Je voudrais aussi payer 15 centimes pour l’essence”

Le patron de Telenet se montre réticent à la demande de cet opérateur de pouvoir utiliser son réseau pour un prix moins élevé. Son homologue chez Orange Michaël Trabbia voudrait débourser 10 euros de moins par client. “Je voudrais aussi payer 15 centimes pour l’essence”, rétorque John Porter, en souriant. “Ils ont déjà un très bon prix qui leur permet de concurrencer nos prix. Je ne pense pas qu’une baisse supplémentaire soit nécessaire. Les autres formes de régulations tarifaires sont extrêmement complexes.”

L’Institut belge des postes et des télécommunications (IBPT) travaille en outre actuellement à une réglementation plus forte en matière d’ouverture des réseaux. Une attitude que n’approuve pas le patron de Telenet. John Porter ne se dit pas favorable à un changement de la législation en vigueur et appelle à davantage de stabilité dans un marché extrêmement concurrentiel. “Des investisseurs et un consortium de banques injectent des milliards dans l’infrastructure large bande belge. Le moins qu’ils puissent attendre, c’est une stabilité régulatoire”, estime-t-il, rejetant le passage continu d’une régulation à l’autre.

L’administratrice déléguée de Proximus Dominique Leroy avait également tiré la sonnette d’alarme durant le mois de juillet et avait même menacé de mettre fin à ses investissements dans le nouveau réseau de fibre optique si les conditions qu’impose l’IBPT auraient pour conséquence un investissement financier plus élevé.

Les différents opérateurs ont jusqu’au 15 septembre pour exprimer leurs commentaires sur les projets de décisions du régulateur.

Par ailleurs, le ministre des Télécoms Alexander De Croo avait fait état, il y a quelques semaines à la Chambre, d’un rapport selon lequel les données mobiles en Belgique seraient trop chères et que leur usage ne serait pas assez important. “Nous cherchons encore la source de ce document”, a réagi Ann Caluwaerts, chief corporate affairs de Telenet. D’après elle, le recours limité à la 3G ou à la 4G par rapport aux autres pays est dû à la grande disponibilité du wifi en Belgique.

“Un reliquat de l’époque où Telenet était la propriété des communes”

John Porter est revenu brièvement sur la suppression, annoncée la semaine passée, de son comité d’avis composé d’hommes politiques. Pendant des années, plusieurs personnalités de différentes tendances y ont siégé et étaient payées pour donner leurs conseils à l’entreprise. Cet organe “était un reliquat de l’époque où Telenet était encore la propriété des communes. Nous avons maintenant lancé une nouvelle politique en la matière, qui est, je pense, plus pertinente et efficace qu’auparavant”, a confié l’administrateur délégué.

Alors que le patron affirmait encore il y a quelques temps qu’il était utile pour les entreprises de se faire conseiller de la sorte par des hommes politiques, il a reconnu mercredi que la sienne “aurait probablement dû agir plus rapidement”. Dorénavant, les représentants du monde politique ne seront plus rétribués pour leurs conseils. Ceux qui exercent un mandat ne pourront en outre plus siéger au sein des panels des parties prenantes de Telenet.

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