Taktak: quand vendre sa voiture devient “aussi facile que commander une pizza”

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Anthony Planus Journaliste

Biberonnée à la technologie, la jeune entreprise carolo Taktak, spécialisée dans l’achat-vente 2.0 de véhicules d’occasion, nourrit de grandes ambitions, tant sur le marché belge qu’européen. “Seuls les acteurs qui iront dans le sens de la digitalisation survivront”, assure son cofondateur, Fahd Laamoumi.

Si le marché de l’automobile d’occasion se porte mieux que celui du neuf, il n’en demeure pas moins en léger déclin par rapport à 2019, plombé par la crise sanitaire et ses multiples conséquences. Une période loin d’être idéale, mais qui a néanmoins vu émerger un nouvel acteur: Taktak. Avec un capital de départ d’environ 500.000 euros de fonds propres, la plateforme qui s’est lancée en 2018 mise sur la technologie et les algorithmes pour automatiser et optimiser l’achat-vente de véhicules.

Comment ça marche?

Concrètement, il suffit à un vendeur potentiel de se rendre sur le site internet de Taktak et d’y encoder les informations de base de son véhicule (marque, modèle, année, kilométrage, etc.). L’algorithme maison de la plateforme lui fournit alors une estimation immédiate du prix de rachat. “Notre but est d’automatiser cette étape et d’ainsi permettre à la personne de se faire une idée de la cotation de son véhicule, explique Fahd Laamoumi. Si le prix lui convient, elle peut décider de continuer, ou non. L’intérêt pour nous est de disposer d’un outil qui sépare les clients raisonnables des autres.” Dans les 24 heures, un commercial de Taktak contacte le vendeur et lui pose des questions supplémentaires, avant d’éventuellement planifier un rendez-vous d’audit à domicile gratuit et sans engagement. “L’un de nos experts se déplace et affine à la hausse ou la baisse l’estimation selon l’état général du véhicule, ses options, etc. Si des dégâts cachés sont constatés, nous négocions des frais de reconditionnement supplémentaires. La transparence de la part des clients permet à tout le monde d’éviter de perdre son temps.” Une fois l’audit terminé, un contrat peut être immédiatement rédigé et signé sur tablette. Un second rendez-vous, également à domicile, sert à l’enlèvement du véhicule et au paiement par virement instantané. “C’est presqu’aussi simple que de commander une pizza.”

La transparence de la part des clients permet à tout le monde d’éviter de perdre son temps.” – Fahd Laamoumi, cofondateur

C’est ici que le processus s’arrête pour le vendeur. Mais pas pour Taktak: une fois récupéré, le véhicule est reconditionné dans le garage de l’entreprise situé à Sambreville, OLO Motors. La digitalisation est également à l’oeuvre au cours de cette étape puisque l’audit réalisé lors de la phase de rachat fait office de point de départ du reconditionnement. “Si notre auditeur constate une aile griffée par exemple, il l’encode dans notre système, explique le patron. En cas de rachat du véhicule, une commande de tout le nécessaire pour effectuer les réparations est alors générée automatiquement.” Les meilleurs véhicules sont ensuite revendus sur la plateforme AutoScout24 (à terme, un site internet de vente propre est prévu), tandis que les autres poursuivent leur route chez un autre revendeur ou à l’étranger. “Actuellement, nous nous concentrons surtout sur le processus d’achat et le reconditionnement, la partie vente étant la moins complexe à régler.”

La recette de Taktak

Fahd Laamoumi résume la recette de Taktak en deux mots: transparence et automatisation. Le premier doit lui permettre de se démarquer de son principal rival: Vendezvotrevoiture.be, filiale du groupe international allemand Auto1. Le second lui offre un avantage concurrentiel par rapport aux revendeurs classiques, garagistes et autres marchands qui exercent le même métier, la technologie en moins. “Nous disposons de plusieurs facteurs de différenciation par rapport à la concurrence. Tout d’abord, nous sommes très transparents dans nos estimations de prix. C’est dans notre intérêt puisque nous nous déplaçons à domicile. Contrairement à nos concurrents qui cherchent à attirer les clients dans leurs installations, nous n’avons aucun intérêt à nous heurter à des refus une fois sur place. Et grâce au virement instantané, nos clients reçoivent leur argent avant même que leur véhicule n’ait passé le coin de la rue.” Enfin, le cofondateur de Taktak affirme que les prix proposés par son entreprise sont souvent meilleurs que ceux offerts par la concurrence. “Par rapport aux petits garagistes, la digitalisation nous permet d’augmenter la productivité et de réduire les coûts par transaction. Quant à notre principal concurrent, nos tarifs sont la plupart du temps meilleurs, sauf sur le segment des véhicules fortement kilométrés et destinés à l’exportation, et ce grâce à leur réseau de distribution en Europe de l’Est et du Sud.”

“Nous ne nous fixons aucune limite”

Le développement à l’international fait justement partie des projets à brèves échéances de Taktak. “Nous sommes ambitieux et nous ne nous fixons aucune limite. Nous voulons grandir aussi bien sur le plan national qu’européen, assure Fahd Laamoumi. C’est pourquoi nous nous préparons doucement à procéder à une première levée de fonds.” Avant cela, l’entreprise entend toutefois d’abord s’assurer que l’ensemble de ses processus commerciaux et technologiques sont totalement stables et matures, ce qu’elle a bon espoir de pouvoir accomplir dans le courant de cette année. Mais malgré un cash-flow positif et une croissance au rendez-vous, deux défis majeurs se dressent sur la route de Taktak. “D’un point de vue macroéconomique, l’inflation a un impact majeur sur la confiance des consommateurs. Beaucoup de personnes ont donc tendance à postposer l’achat d’un nouveau véhicule. Et d’un point de vue plus stratégique, notre secteur est en pleine phase de consolidation. Nous sommes un peu comme les épiciers il y a un siècle. A l’époque, chaque village en avait un, mais certains se sont consolidés et sont devenus de grands groupes tandis que les autres ont disparu. Le même phénomène est en marche sur le marché des véhicules d’occasion. Et seuls les acteurs qui iront dans le sens de la digitalisation, de l’efficacité et de l’excellence commerciale survivront. Notre objectif est de faire partie de ceux-là.”

Electrification, nouvelles normes… Quel impact?

1. L’électrification?

“Son impact est plutôt neutre, assure Fahd Laamoumi. Que nous achetions et vendions de l’essence ou de l’électrique, cela ne change pas grand-chose: ce que nous offrons comme service, c’est du reconditionnement et la patience de trouver un acheteur. Sur le plan technologique, les experts automobiles sont déjà des électromécaniciens. Au fur et à mesure que les véhicules vont s’électrifier et se connecter à internet, les mécaniciens vont progressivement se muer en électroniciens.”

2. Les nouvelles normes en matière de pollution?

“Notre stock tourne tellement vite que les changements de réglementation ne nous impactent guère. Bien sûr, des véhicules vont perdre énormément de valeur, mais cela signifie simplement que nous allons les acheter et les revendre moins cher, et davantage à l’exportation.”

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