Table de culture et bacs connectés pour des tomates à domicile
Cultiver ses légumes chez soi: l’idée séduit de plus en plus de Belges. Mais comment faire quand on n’a pas de jardin? Sur le balcon, dans une courette, sur les bords de fenêtre, sur les murs… Quelles possibilités s’offrent à nous et sur quelles récoltes réellement tabler?
Adopter une alimentation saine, tendre vers le circuit court, réaliser des économies, jouir du plaisir du fait maison… Cultiver ses légumes comporte de nombreux avantages mais est-ce à la portée de tout le monde? Oui… et non! Selon les connaissances, le temps et l’espace dont on dispose, il faut en effet adapter ses ambitions. Autant le dire tout de suite: si vous aspirez à être autosuffisant en légumes toute l’année, vous aurez besoin de temps (on estime qu’une terre doit être travaillée de trois à cinq ans avant d’être réellement productive) mais surtout de terres. De beaucoup de terres. Bio-ingénieur et formateur en permaculture dans le Brabant wallon, Benjamin Ingebos le rappelle: “Certes, de nombreux facteurs interviennent, comme les variations climatiques, le régime alimentaire, l’expérience du jardinier, la qualité de la terre, etc., mais on estime qu’il faut disposer de 50 à 100 m2 par personne pour atteindre son autonomie annuelle en légumes et jusqu’à 300 m2 si on veut ajouter des légumineuses et des féculents.” De quoi miner bien des ambitions… même si l’expert tempère: “Si vous possédez un terrain de 15 m2 mais le gérez bien, vous pourrez effectuer de belles récoltes de saison. En été, par exemple, si vos quelques plants de tomates et de courgettes prennent bien, vous ne devriez pas avoir besoin de vous en procurer ailleurs pendant plusieurs semaines.”
Récolte anecdotique
Le pauvre citadin qui vit en appartement, sans jardin, est-il donc lui, condamné à dépendre des commerces? Oui, même si ici aussi, la réponse est à nuancer, en fonction des contraintes de chacun. “Deux cas de figure sont envisageables, précise Benjamin Ingebos. Soit vous disposez d’un espace extérieur où vous pouvez installer quelques bacs, avec de la bonne terre – le mélange idéal, c’est un tiers de terre de culture, un tiers de terreau et un tiers de compost – et vous pourrez faire pousser quelques légumes de saison en sachant que cela ne suffira évidemment jamais à remplir vos besoins complets.
Soit vous en êtes réduits à cultiver en intérieur avec encore moins de place et de lumière. Les cultures se feront alors en pots, où vous pourrez faire pousser vos herbes aromatiques toute l’année mais le reste de la récolte sera anecdotique. Et ne sera d’ailleurs envisageable qu’avec certaines espèces comme les petits légumes type tomates cerises, haricots ou pois. Si vous rêvez de cucurbitacées ou de légumes racines, cela va devenir vraiment plus compliqué car ces plantes demandent plus d’espace, plus d’eau, plus de lumière!”
Ces éléments en tête, quelles possibilités s’offrent à vous si vous rêvez malgré tout de votre potager dans un coin du salon? La plus basique et la moins coûteuse: les graines germées en bocal. Luzerne, blé, lentille, soja, radis, moutarde… germent en quelques jours et ne nécessitent pas de grand entretien. Il suffit de graines, d’un bocal par type de graine (ne les mélangez pas) et d’un peu d’eau. Une fois germées, les graines se consomment crues, en accompagnement de salades et plats. C’est un premier pas vers la culture en intérieur mais cela ne vous nourrira pas!
Table de culture
Pour aller plus loin, si vous disposez d’un espace extérieur modeste type balcon ou terrasse, l’idéal est d’investir dans un petit potager en carré ou une table de culture, de préférence surélevée (votre dos vous remerciera). Certains modèles existent sur roulettes, d’autres sont également équipés de couvercle. Il existe même pour enfants! On en trouve de différents formats à prix très raisonnable (auquel il faut évidemment ajouter les coûts liés à la terre, aux graines et plants, à l’eau…). Si vous disposez de l’espace nécessaire, vous pouvez également l’installer à l’intérieur, plutôt près d’une fenêtre.
Quid en intérieur, justement? L’option qui paraît la plus évidente et la plus écologique est d’utiliser de simples pots (et de la bonne terre…) exposés à la lumière naturelle en bord de fenêtre, soit posés ou accrochés sur des étagères. L’occasion de faire pousser vos herbes, fleurs et petits légumes.
Bacs connectés
Autre option, plus design, plus technologique et moins salissante (car elle ne nécessite pas de terre): les bacs hydroponiques connectés qui se branchent sur le circuit électrique, utilisant l’eau et un éclairage led. Quelques marques se sont progressivement imposées sur ce marché. On pointera les françaises Potager Véritable et Prêt-à-Pousser, et chez nous, la start-up Calla Garden. Autant de jeunes sociétés au succès croissant, comme le confirme la porte-parole de Prêt-à-Pousser: “Nous avons démarré notre aventure en 2013 avec des kits à champignons. En 2016, nous avons lancé notre premier potager d’intérieur, suivi d’autres modèles. Le concept est de plus en plus connu. Au cours du premier confinement, nous avions multiplié
nos ventes par trois par rapport à la même période l’année précédente: les gens avaient envie de ‘vert’ et de fait maison! Nous avons ensuite peu à peu constaté un retour à la normale. L’avantage des potagers d’intérieur, c’est qu’ils séduisent deux publics. D’abord les urbains qui ont un petit appartement et ont envie de faire pousser leurs plantes pour le plaisir ou mieux contrôler ce qu’ils mettent dans leur assiette. Mais aussi les propriétaires de jardin qui veulent faire pousser du basilic ou des fleurs toute l’année, ou utiliser nos potagers d’intérieur pour faire leurs semis avant de les replanter en pleine terre.”
Même l’électroménager
Chacune de ces sociétés propose différents modèles de jardinières où faire pousser des herbes aromatiques, des pousses, des fleurs comestibles, des petits fruits et légumes. Eventuellement, sur un modèle plus ambitieux, une ou deux salades… Côté dépenses, comptez une centaine d’euros pour un modèle de base, auquel il faut ajouter le coût des capsules ou lingots renfermant le substrat, graines et autres nutriments (entre 3,95 et 6,95 euros pour chacun d’entre eux, selon les fournisseurs). Sans oublier la consommation électrique qui varie en fonction des modèles: les potagers de Prêt-à-Pousser consomment ainsi de 6,7 et 8,7 W. “Soit environ deux fois moins qu’une box internet. Et les leds sont des modèles de basse consommation”, nous précise-t-on. Le Calla Garden belge a, lui, une puissance de 10 watts, ce qui engendrait un coût annuel d’un dizaine d’euros. Du moins en 2021…
Les potagers intérieurs, une vraie tendance? Pour s’en convaincre, il suffit en tout cas de regarder l’intérêt qu’y portent de grandes marques d’électroménager. C’est le cas de Miele, qui a imaginé PlantCube, un module de culture hydroponique à intégrer au mobilier de cuisine, ou encore LG, qui a lancé son potager d’intérieur connecté Tiiun. Mais d’autres surfent aussi sur la vague verte. Comme Ikea: depuis plusieurs années, et plus encore depuis le confinement, le géant suédois promeut en effet les potagers intérieurs… sans nécessairement vendre de produits dédiés! “Pour aménager nos magasins, on s’inspire de ce qui se passe en dehors, chez nos clients, témoigne Thibaut Gilquin, interior design manager d’Ikea Mons. Pour ce faire, on se base sur des études mais aussi sur des visites d’intérieurs privés. On a constaté un réel engouement des gens pour la nature, les plantes et une envie d’un monde idéal qui inclut impérativement plus de vert… C’est plus qu’un simple phénomène de mode. Dans nos magasins, on s’inspire donc de ces souhaits et motivations pour adapter l’offre mais aussi la présentation et l’utilisation de produits existants. On va, par exemple, suggérer de transformer une desserte en porte-pots avec des plantes qui seront exposées à la lumière naturelle. Des rangements pour chaussures (modèle Trones, Ndlr) se sont par ailleurs révélés efficaces pour faire pousser des champignons. On essaye d’apporter des solutions nouvelles!” Pour créer un jardin vertical de plantes aromatiques, le site d’Ikea propose également d’utiliser des grilles murales et récipients en acier vendus à l’origine pour ranger la matériel de cuisine. Ou même d’utiliser ses sacs bleus XL pour faire pousser des pommes de terre!
Plus cher que le bio du coin
D’un point de vue économique, un potager intérieur est-il toutefois intéressant? “Tout dépend à nouveau de l’espace à disposition, insiste Benjamin Ingebos. Mis à part pour les herbes aromatiques, les fleurs comestibles et les petits légumes, sans doute pas. Surtout si on additionne le coût des pots, de la terre, de l’eau voire de l’électricité. Autant s’approvisionner directement dans le magasin bio du coin.” Et de conclure: “la démarche est intéressante mais il faut être conscient que c’est plus pédagogique et ludique que productif et économique”. En clair, si vous souhaitez absolument mettre les mains dans une terre que vous ne possédez pas afin de réaliser l’un ou l’autre économie, optez plutôt pour les potagers partagés. Gérés par diverses collectivités, associations ou groupes de citoyens, ils se multiplient partout en Belgique. Et sauf malchance extrême, il en existe au moins un près de chez vous!
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