Speedy Pass de Walibi: un coup d’épée dans l’eau selon Paul Belleflamme (UCL)

© Walibi

L’instauration d’une file rapide à Walibi, moyennant un Speedy Pass de 35 euros, a suscité une vive polémique. Un économiste de l’UCL, le professeur Paul Belleflamme, analyse la proposition et donne plutôt raison aux critiques. Il estime que des raisons économiques pourraient pousser Walibi à renoncer à cette initiative.

Il est plutôt surprenant de voir une revue économique universitaire réagir à l’actualité immédiate. Regards Economiques, revue scientifique des économistes de l’UCL, qui paraît une dizaine de fois par an, vient de publier une analyse de la polémique autour du Speedy Pass imaginé par le parc d’attraction Walibi. Le sésame, vendu 35 euros, permettra d’accéder aux attractions sans faire de file. Le secrétaire d’Etat aux Familles, Philippe Courard, avait jugé cette initiative “anti-sociale et discriminatoire mais aussi totalement anti-pédagogique”.

Paul Belleflamme, économiste à la Louvain School of Management de l’UCL, propose une analyse, purement économique bien sûr, du Speedy Pass, et donne raison au ministre. Après avoir relativisé la critique du caractère discriminatoire. Après tout, explique-t-il, on accepte parfois de payer plus cher un livre en édition cartonnée plutôt que d’attendre la version poche, sans que cela n’émeuve personne. La segmentation des prix est tout à fait courante.

Toutefois, l’économiste doute que cet Pass soit vraiment une amélioration au sens économique du terme. Un économiste Italien, Vilfredo Pareto, avait défini une amélioration économique comme un service ou un produit qui augmente le bien-être d’un individu sans détériorer celui d’un autre. Or, écrit-il, il y a beaucoup de chances que ce Pass ne corresponde pas à cette définition.

Une coûteuse contre-publicité “La création d’une file prioritaire va inévitablement allonger le temps d’attente moyen dans “l’autre file” (comme l’appelle sobrement Ryanair). Cela signifie que le rapport qualité/prix d’une entrée normale à Walibi s’en trouvera détérioré et, avec lui, le bien-être de la majorité des clients du parc d’attraction.”

Il conclut que “Philippe Courard a donc raison de le (le Pass) qualifier d’anti-social”.

Paul Belleflamme estime que Walibi aura sans doute intérêt, économiquement parlant, à retirer son idée de Pass. “Toute la contre-publicité que l’annonce de ce plan a générée risque en effet de noyer les profits supplémentaires que la société imaginait pouvoir réaliser grâce à cette discrimination tarifaire.”

Robert van Apeldoorn

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