SNCB : les 5 ratés de la libéralisation du rail

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“Les pouvoirs publics ont été déresponsabilisés” par la libéralisation du transport de voyageurs, dénonçait le PTB, rapport de la BNB à l’appui, à la veille de l’examen, par le conseil restreint, de la proposition du ministre Magnette visant à réduire à deux entités la structure du groupe SNCB.

La proposition du ministre des Entreprises publiques “ouvre grand la voie à libéralisation du transport intérieur des voyageurs et à la privatisation de la SNCB, comme présenté dans le quatrième paquet pour les chemins de fer”, résumait le Parti du travail de Belgique voici quelques jours sur son site Internet.

“Depuis la fin des années 1970, la Commission européenne n’a cessé de prêcher la libéralisation comme moteur central du développement du chemin de fer. La concurrence et le libre marché – crédos du libéralisme – feraient augmenter l’offre des trains et leur l’efficacité, et feraient baisser les prix. Livres verts, livres blancs, etc., se sont succédé. Les pouvoirs publics ont été déresponsabilisés, le transport des marchandises et celui international des voyageurs ayant été libéralisés (et, dans certains pays, comme la Belgique, également récemment privatisés).”

Afin de rendre cette libéralisation possible, la Commission européenne a stimulé la scission des compagnies de chemins de fer historiques. “L’entreprise qui fait rouler les trains ne peut plus rien avoir à faire avec celle qui s’occupe de l’infrastructure. En effet, la gestion de l’infrastructure doit dorénavant être attribuée à des entreprises différentes (publiques et privées). Cela doit être opéré sur un ‘mode non discriminatoire’, et donc complètement détaché des opérateurs de chemins de fer historiques.”

En Belgique, la scission de la Société nationale des chemins de fer a été effectuée en 2005. Mais, rappelle le PTB, pour le nouvel opérateur (SNCB) et le gestionnaire de l’infrastructure (Infrabel), une structure coupole a été créée (Holding SNCB), chargée de veiller à la cohérence au sein du groupe SNCB, aux conditions de travail et à la gestion du personnel, à l’équilibre financier, aux grandes gares, etc. Ce modèle est suivi dans plusieurs capitales européennes (Allemagne, Italie, Autriche, Irlande, etc.).

Or, pointe le parti de gauche, les résultats de la réforme du chemin de fer, en Belgique comme dans les pays voisins d’ailleurs, sont “tout sauf positifs”, si l’on en croit les conclusions d’une étude menée par la Banque nationale à la demande du gouvernement Di Rupo :

1. Baisse du transport de marchandises. “En 1970, la part du rail dans le transport de marchandises en Europe était de 20 %. En 2000, elle n’était plus que de 8,2 %. Soit une baisse d’au moins 60 %. Cette tendance à la baisse semble en outre empirer à mesure qu’augmente le nombre de directives européennes.”

2. Baisse du nombre de voyageurs. “Lors de la dernière décennie, on observe une augmentation du transport intérieur de passagers en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Il est frappant de constater que, en France et en Belgique – pays où le transport intérieur de voyageurs n’est pas (encore) privatisé – celui-ci est deux à trois fois plus important qu’aux Pays-Bas, où sa libéralisation a été complète.”

3. Baisse de la ponctualité. “Depuis la scission du groupe SNCB, la ponctualité des trains en Belgique s’est fortement détériorée. Des dizaines de trains sont en outre chaque jour supprimés pour cause de pannes dues au manque d’entretien. Et, conséquence de la scission entre Infrabel et la SNCB, le personnel des deux entreprises ne peuvent plus communiquer de manière directe, ce qui entraîne le chaos sur le terrain.”

4. Problèmes de sécurité. “En Belgique, il ressort de l’enquête sur la catastrophe de Buizingen que la sécurité du chemin de fer dépend de trois facteurs : une organisation efficace, des investissements dans des installations de sécurité, des conditions de travail adéquates pour le personnel. Trois facteurs plus que vacillants dans des chemins de fer libéralisés, cette libéralisation entraînant, selon la commission d’enquête Buizingen, une moindre efficacité dans la gestion de la sécurité.”

5. Augmentation des dépenses. “Le rapport de la BNB constate l’augmentation générale du prix des billets, malgré l’instauration du jeu de la concurrence. La libéralisation entraîne donc également des prix plus élevés, ce que le consommateur a déjà largement découvert dans d’autres secteurs (énergie, télécoms, poste, etc.). Si l’impact touche les prix pour le voyageur, il n’épargne pas non plus le contribuable. Au Royaume-Uni, depuis la privatisation, l’État doit payer un maximum pour le chemin de fer, les partenaires privés s’étant octroyé les activités les plus rentables…”

V.D.

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