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“Si la pandémie devait redémarrer en Belgique, la capacité des entreprises à s’y être préparées sera probablement leur seul filet de sécurité”

On parle beaucoup de plans de relance pour le moment. Au niveau européen, les discussions vont bon train pour concrétiser le projet de la Commission d’un grand plan de relance à 750 milliards d’euros. En Allemagne, un plan national est déjà sur les rails. D’autres pays avancent en ordre dispersé. Penser à la relance est une bonne chose mais il ne faut pas oublier que le choc de la pandémie est loin d’être terminé. Il faut donc à la fois penser à la relance et continuer de gérer le choc lui-même.

N’étant pas épidémiologiste, je n’ai pas à interpréter ou commenter les chiffres ni à faire de projections. Mais l’économiste que je suis ne peut nier les faits : la résurgence de la pandémie, certes à un niveau local mais dans des endroits très différents en Europe, donc a priori sans lien direct, nous rappelle qu’elle n’est pas éteinte. Il va falloir s’habituer à avoir des alertes locales, des mini (ou maxi)-confinements et à conserver les gestes barrières et toutes les contraintes qu’ils imposent dans de nombreuses activités économiques. La probabilité d’une deuxième vague massive n’est pas nulle non plus. Bref, il faut continuer à gérer la pandémie non plus dans l’urgence comme au mois de mars, mais dans la durée. Cela a deux conséquences sur le plan économique.

D’une part, aussi longtemps que la menace demeure, certaines mesures de relance resteront inefficaces. Les consommateurs, ou du moins une partie d’entre eux, les plus rétifs au risque, continueront de limiter leurs déplacements, leurs loisirs, leur fréquentation de lieux publics. Ce comportement variera durant l’été au gré des bonnes et des mauvaises nouvelles au sujet de la pandémie. Dès lors, tenter de stimuler la consommation risque d’être peine perdue. C’est un réel défi dans la définition des ” bonnes ” mesures de relance et de leur timing. Il est fort probable que dans un premier temps, les mesures de relance s’apparenteront toujours à des mesures de soutien, faute de réellement pouvoir relancer l’activité.

D’autre part, il s’agit, pour chaque acteur économique, d’être prêt à affronter une deuxième vague, quelle qu’en soit la taille. Au niveau des autorités, il s’agit bien entendu d’avoir une stratégie de confinement, d’assurer l’approvisionnement en matériel et d’être capable de ” tracer ” l’évolution des contaminations. Mais il ne s’agit là que d’un maillon de la chaîne de défense. Etre prêt, c’est de la responsabilité de chacun, tant sur le plan sanitaire qu’économique.

Le fait que beaucoup d’entreprises et d’indépendants aient été surpris par le choc du confinement en mars est compréhensible. Cela justifie pleinement que les autorités soient intervenues pour atténuer financièrement, tant que faire se peut, le choc économique qu’il a représenté. Mais il serait beaucoup moins compréhensible d’être surpris une deuxième fois. Les dernières semaines nous ont offert une période de répit qu’il fallait mettre à profit pour se préparer. Je ne parle pas ici simplement d’acheter des masques et du gel et quelques plaques de plexi. Je parle ici de réfléchir à son modèle d’activité, à sa capacité à vendre ses produits ou ses services même en période de confinement. Ce n’est évidemment pas possible pour toutes les activités, mais dans bien des secteurs à l’arrêt durant le confinement, des alternatives existent. Il n’était peut-être pas possible de les mettre en oeuvre dans l’urgence, mais ne pas y avoir réfléchi depuis est presque impardonnable. Si la pandémie devait redémarrer en Belgique, la capacité des entreprises à s’y être préparées sera probablement leur seul filet de sécurité. Compte tenu de l’état des finances publiques, il ne sera pas possible de prolonger les aides accordées précédemment.

Bien sûr, il n’est pas facile d’adapter son modèle d’entreprise après un tel choc. Les entreprises essayent avant tout de survivre et cela n’incite pas à investir. Et puis, s’il n’y a pas de résurgence de l’épidémie, on pourrait penser que tout cela serait quand même perdu. Que du contraire, je pense que l’efficacité a durablement changé de camp et est passée de l’idée qu’il faut être le moins cher à l’idée qu’il faut être le plus résilient, même à des chocs extrêmes. Et sachant que le confinement a aussi durablement changé certaines habitudes des consommateurs, avoir adapté son modèle d’entreprise n’est pas juste une question de survie en cas de reconfinement. C’est une question de survie tout court ! Alors, êtes-vous prêt ? Cela risque de secouer…

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