Sécurité : la SNCB présente un “masterplan” de 3,7 milliards

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Les patrons de la SNCB et d’Infrabel ont présenté mercredi devant la commission parlementaire “Buizingen” un plan d’investissements estimé à 3,7 milliards d’euros pour couvrir l’ensemble du rail belge de systèmes de contrôle de la vitesse des trains et d’arrêt d’urgence d’ici 2022-2023.

Infrabel, le gestionnaire du réseau ferroviaire, devrait investir 2,004 milliards d’euros et la SNCB 1,693 milliard, afin que le système européen de contrôle en continu de la vitesse des trains, l’ETCS, soit présent sur l’entièreté du réseau à cet horizon, soit sept ans avant l’échéance de 2030 dont il était question initialement.

Le système retenu par Infrabel combine une version totale (“full supervision”, ou FS) de l’ETCS à une version limitée (“LS”).

Cela permet d’éviter une dépense de 2,679 milliards d’euros tout en maintenant le “risque résiduel” à un niveau très proche de celui lié à l’installation de la version FS sur tout le réseau (9,6 pc au lieu de 8,5 pc), a souligné Luc Lallemand, l’administrateur délégué d’Infrabel.

Selon lui, il sera dès lors possible au gouvernement d’imposer l’ETCS à l’ensemble des opérateurs ferroviaires en 2025. Actuellement, les activités cargo et transport international de voyageurs sont libéralisées.

En 2022, seul le réseau ferroviaire danois fera mieux que le belge à l’échelle européenne en termes d’ETCS “full supervision”, a affirmé M. Lallemand.

Toutefois, les autorités danoises ont opté pour un système toujours en cours de développement tandis que le rail belge installe un système interopérable et déjà stabilisé, sans se priver d’évoluer
ensuite vers une version plus riche, a-t-il précisé.

Tant Infrabel que la SNCB ont confirmé que leurs équipes techniques étaient en avance sur leur calendrier d’installation du TBL1+, le système automatique d’arrêt d’urgence appelé à migrer progressivement vers l’ETCS.

Ainsi, Infrabel est actuellement à 3 pc de mieux que l’implémentation accélérée du TBL1+ telle qu’elle avait été annoncée dans la foulée de la collision ferroviaire de Buizingen, qui a fait 18 morts le 15 février 2010 sur la ligne Mons-Bruxelles.

La SNCB, quant à elle, a déjà équipé en TBL1+ une trentaine de locomotives de plus que ce que prévoyait son programme accéléré, a souligné son administrateur délégué, Marc Descheemaecker.

Un retard de livraison de certaines locomotives (type 18) a certes été enregistré en ce qui concerne le planning de l’ETCS, mais le fournisseur Siemens s’est engagé contractuellement avec la SNCB à rattraper ce retard dans le courant 2012, a-t-il précisé.

Ce “Masterplan” est un projet approuvé par les CA du groupe SNCB en se basant sur la date-butoir du 31 décembre 2011. Il revient “au gouvernement de l’entériner avant cette date, sans quoi l’échéancier déjà très serré risque d’être reporté d’autant”, a averti M. Lallemand.

Le plan d’investissements de la SNCB pour 2013-2025 prévoit ainsi une moyenne annuelle de 600 millions d’euros. “C’est vraiment beaucoup, et il faudra sans doute faire des choix d’attribution d’investissements dans les trois entreprises du groupe”, a commenté M.Descheemaecker.

“Il y a trois scénarios possibles, a clarifié Luc Lallemand: soit on apporte un budget supplémentaire de 3,6 milliards d’euros, soit on compense sur d’autres projets, soit on mêle les deux”.

De son côté, Jannie Haek, le patron de la Holding, a mis l’accent sur les évolutions du groupe en termes de “culture de la sécurité”, d’embauche de techniciens, de formation et de travail sur l’image du groupe ferroviaire.

La commission “Buizingen” satisfaite et vigilante

Les députés de la commission parlementaire spéciale “sécurité du rail”, qui avaient souvent eu la dent dure contre les patrons des trois branches du groupe SNCB lors de précédentes auditions, se sont montrés satisfaits de constater que nombre de leurs recommandations avaient été prises en compte dans le projet de “Masterplan” présenté mercredi.

Ils ont aussi unanimement reconnu les efforts de la SNCB et d’Infrabel à développer un plan à long terme de manière intégrée.

“La musique que vous nous jouez est agréable à entendre, dans un contexte pas toujours très rose” pour la SNCB, a commenté Ronny Balcaen (Ecolo). Il a invité le gouvernement fédéral à “dire ses intentions” avant le 31 décembre sur le projet de Masterplan, comme l’y ont engagé les trois patrons du rail.

Pour Steven Vandeput (N-VA), ce masterplan “concrétise une série de recommandations” de la commission spéciale. Il s’est toutefois interrogé sur les implications que le projet aura sur la ponctualité des trains.

Linda Musin (PS) a insisté sur la politique de recrutement, tout en soulignant les efforts consentis sur le TBL1+ et la “safety platform” qui coordonne davantage les politiques de sécurité du groupe.

Jef Van den Bergh (CD&V) a relevé l’importance budgétaire du masterplan (3,6 milliards d’euros). Au vu des finances publiques, cela compliquera des projets supplémentaires d’infrastructure ferroviaire,
a-t-il relevé.

D’autant que “les montants seront certainement revus à la hausse”, a ajouté Valérie De Bue (MR). C’est la première fois, toutefois, “que l’on a vraiment senti une réelle coordination SNCB-Infrabel”.

Christophe Bastin (cdH) a pour sa part mis l’accent sur la politique de formation interne. Le président de la Commission, David Geerts (sp.a), a assuré que cette dernière contrôlerait régulièrement la mise en oeuvre du Masterplan.


Trends.be, avec Belga

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