Sandrine Sepul (Directrice du Conseil de la Publicité): “Le Jury d’éthique publicitaire pourra infliger des amendes de 10.000 euros”

Sandrine Sepul © BELGAIMAGE

Les publicités pour les boissons alcoolisées seront soumises à une réglementation plus stricte dès le 2 septembre. Une étude de l’université de Gand préconise d’aller plus loin et propose de les interdire complètement.

Concrètement, qu’est-ce qui va changer le 2 septembre prochain en matière de publicité pour l’alcool sur le marché belge ?

A cette date, trois nouvelles mesures vont entrer en vigueur. Premièrement, un représentant du SPF Santé publique interviendra désormais comme expert au sein du Jury d’éthique publicitaire (JEP) – qui est composé de façon paritaire entre des membres de la société civile et du secteur publicitaire – dans le cadre des dossiers de plainte en matière de publicité pour l’alcool. Deuxièmement, le JEP pourra infliger des amendes allant jusqu’à 10.000 euros en cas d’infraction répétée de la part des annonceurs pour ce type de publicité. Troisièmement, les membres de la Fédération des brasseurs belges et de Vinum et Spiritus ( la fédération belge des vins et spiritueux, Ndlr) auront la possibilité de solliciter auprès du JEP des avis préalables à la diffusion de chaque campagne audiovisuelle. Ces trois mesures vont renforcer le contrôle qui était déjà mis en place depuis la convention de 2005 et vont donc protéger davantage le consommateur.

Dans les règles existantes, il est indiqué que les mineurs ne peuvent pas être personnellement ciblés dans ce type de publicité. Mais n’est-il pas hypocrite de laisser passer des spots pour une marque de bière juste avant un match des Diables Rouges qui réunit une très large audience ?

Non. Je pense que la convention est suffisamment claire dans sa formulation par rapport aux mineurs. Ils sont clairement protégés et la communication commerciale pour des boissons alcoolisées ne peut justement pas faire usage de ressorts en termes d’images, d’univers et de références qui leur parlent particulièrement. Maintenant, cela n’empêche pas que des mineurs puissent effectivement être exposés à une publicité qui ne s’adresse pas à eux…

Justement, une récente étude de l’université de Gand préconise l’interdiction totale de la publicité pour l’alcool afin d’atteindre de meilleurs objectifs en termes de santé publique. Est-ce réaliste selon vous ?

Nous partons du principe que, à partir du moment où un produit est mis légalement sur le marché et qu’il peut être consommé sous certaines conditions, la communication sur ce produit doit pouvoir être autorisée et organisée selon certaines règles. C’est ce qui existe déjà dans la convention et cela s’appelle tout simplement la liberté de pouvoir communiquer sur le plan commercial. Je pense qu’il est naïf de penser que, en supprimant toute publicité pour l’alcool, on va régler soudainement tous les problèmes de surconsommation potentielle de certaines personnes. Il faut rester raisonnable et s’interroger en profondeur avant d’instaurer des règles pareilles parce que cela reste important, pour toute entreprise de tout secteur, de pouvoir communiquer sur ses produits et ses services.

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