Rupert Murdoch lâche le sulfureux News of The World

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Le News of the World, dont la dernière édition paraîtra dimanche en raison d’un colossal scandale d’écoutes téléphoniques, s’est imposé en 168 ans de scoops et de scandales comme une légende aussi populaire que sulfureuse dans le paysage ultra-concurrentiel des médias britanniques.

“C’est dimanche après-midi (…). Vous mettez vos pieds sur le canapé, posez vos lunettes sur le nez et ouvrez News of the World”, écrivait l’auteur George Orwell dans son essai “Decline of the English Murder” en 1946, illustrant la place unique du journal dans la société britannique, où il s’est imposé comme une institution.

Créé en 1843, le journal dominical choisit dès le départ une approche populaire de l’information pour pouvoir attirer le plus grand nombre de lecteurs, révélant des détails graveleux d’enquêtes policières et d’affaires judiciaires.

Ce choix éditorial paie: en 1950, les ventes du journal atteignent le pic historique de 8,4 millions d’exemplaires, News of the World affirmant être le journal le plus vendu au monde.

De prestigieuses signatures collaborent alors au dominical, dont le Premier ministre Winston Churchill (1940-1945 et 1951-1955).

Racheté en 1969 par le magnat australo-américain Rupert Murdoch – qui acquiert là son premier titre sur Fleet Street, la rue de Londres où se concentrent à l’époque les grands titres de la presse britannique -, News of the World adopte le format tabloïd en 1984, sur fond de baisse des ventes.

L’histoire du journal, qui reste aujourd’hui le premier tirage de la presse britannique avec quelque 2,8 millions d’exemplaires, est jalonnée d’enquêtes fouillées, mais aussi de révélations sur des stars et de scandales mêlant sexe et politique.

News of the World a notamment ruiné la carrière du ministre de la guerre John Profumo, contraint de quitter son poste en 1963 après les révélations dans le journal d’une prostituée sur ses relations présumées avec l’homme politique.

Plus récemment, en 2010, il piège Sarah Ferguson apparemment en train de monnayer l’accès à son ex-mari, le prince Andrew, et il remporte en 2011 le scoop de la presse britannique pour avoir révélé une énorme affaire de matches présumés truqués par des joueurs de cricket pakistanais.

Mais le journal s’est aussi illustré par ses fausses exclusivités, aux conséquences parfois désastreuses. Au début des années 2000, des lecteurs en colère s’en prennent aux domiciles de personnes identifiées à tort par News of the World dans des affaires de pédophilie.

Le tabloïd doit ses plus gros scoops de ces dernières années au journaliste Mazher Mahmood, surnommé le “faux sheikh” pour ses déguisements en riche Arabe, une ruse pour décrocher des indiscrétions de personnalités.

Ce sont ses pratiques sulfureuses qui ont permis au journal de sortir de nombreuses affaires mais qui aujourd’hui ont provoqué sa chute, le tabloïde étant soupçonné d’avoir pratiqué de multiples écoutes téléphoniques notamment sur des proches de fillettes assassinées et de soldats tués en Irak et en Afghanistan.

Trends.be avec Belga

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