“Rien n’empêche les Belges de prendre l’avion dans un pays voisin”

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Gérer les annulations et les reports, c’est du boulot pour des agences de voyage – représentées par l’UPAV – qui ont vu leurs réservations plonger. L’Etat prendra en charge une partie des salaires. 3 questions à Anne-Sophie Snyers, secrétaire générale de l’UPAV.

1. Le gouvernement interdit les voyages non essentiels à l’étranger jusqu’au 1er mars. Avez-vous l’impression que votre secteur est injustement ciblé par cette décision ?

Non, pas spécialement. C’est une décision raisonnable au vu du contexte sanitaire. Ce que nous déplorons, c’est l’absence d’harmonisation européenne. Nous avons déjà connu cela cet été, quand la Belgique était le seul pays européen à encore interdire les voyages vers les “zones rouges”. Rien n’empêchait alors les Belges de prendre l’avion dans un pays limitrophe. La liberté de circulation est l’un des piliers de l’Union. Je comprends qu’il soit compliqué de fermer les frontières mais cela génère une forme de concurrence déloyale pour notre secteur. Nous respectons les règles, nous déconseillons à nos clients belges de partir mais 60 à 70% des gens réservent par d’autres canaux. S’ils le souhaitent, ils partiront d’un aéroport limitrophe comme ils l’ont fait l’été dernier. Nous avons en outre très peur que cette interdiction belgo-belge soit prolongée au-delà du 1er mars, ce qui causerait beaucoup de mal à notre secteur.

2. Au-delà de l’interdiction actuelle, constatez-vous une baisse des réservations pour les mois à venir pour lesquels nous sommes encore dans le flou ?

En 2019, notre dernière année de référence, nous avions enregistré 12% des départs et 36% des réservations de toute l’année dès la fin du 1er trimestre. Ces 36% de réservations, nous ne les aurons pas parce que les gens ignorent s’ils pourront partir ou non à Pâques ou cet été. Rattraperons-nous le retard en avril-mai ? Ce n’est vraiment pas sûr. Contrairement à d’autres secteurs, nous avons une obligation de continuer à fonctionner, d’informer nos clients, de gérer les annulations et les reports, etc. Une partie du staff est donc au travail et nous devons bien évidemment payer ces gens.

3. Le gouvernement octroie-t-il des mesures de soutien spécifiques au secteur du voyage ?

Le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne vient d’accepter notre proposition sur la remise à l’emploi. L’Etat financera 70% du salaire des collaborateurs que nous devons maintenir au travail (30% du staff) pour aider les clients. C’est une très grande avancée pour nous, même si l’on peut regretter qu’elle n’arrive que maintenant alors que les Pays-Bas ont adopté une mesure identique dès le mois de juillet.

L’autre dossier est celui des bons à valoir. Les agences ont émis pour 340 millions de bons pour les voyages annulés entre mars et juin dernier. Seule une petite partie a été utilisée depuis. Il reste encore pour 305 millions d’euros. Comme les perspectives sont très floues, nous devrons rembourser ce montant. Mais cet argent, nous ne l’avons plus car nous payons nos fournisseurs avant que les clients ne partent. Nous demandons donc un prêt de l’Etat pour financer ces remboursements et j’ai l’impression qu’on commence enfin à nous écouter.

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