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Réputé conservateur, comment le Financial Times se révèle être un exemple de modernité?

Le Financial Times, la bible des hommes d’affaires, a décidé d’alerter ses journalistes chaque fois qu’ils rédigent des articles qui ne citent aucune femme, aucune experte. Pas pour leur interdire de publier cet article, mais pour leur rappeler de ne pas se focaliser uniquement sur des experts masculins. Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco, nous détaille cette superbe initiative en faveur de la parité.

Il parait que la femme est l’avenir de l’homme. Mais encore faut-il que la femme puisse s’exprimer et qu’elle ne soit pas invisible. Et c’est pourquoi je voulais vous parler d’une superbe initiative médiatique, simple mais très efficace, pour rendre les femmes plus visibles dans le monde économique.

Cette initiative a été prise par le Financial Times, le plus prestigieux journal économique du monde. Sa direction a constaté que sur l’ensemble de son journal, seulement 21% des citations étaient attribuées à des expertes.

C’est évidemment beaucoup trop peu. Et donc, ni une ni deux, comme l’indique Le Figaro, la direction du Financial Times a décidé d’implémenter un petit programme informatique (bot) dans son outil rédactionnel. Dès que ce logiciel détectera qu’un article cite beaucoup trop d’hommes ou uniquement des hommes, c’est simple, il enverra un message d’alerte au journaliste pour qu’il rectifie le tir.

Attention : ce n’est pas une obligation ni une interdiction de publier l’article en question, mais au moins, cela incitera l’auteur de l’article à rechercher des interlocutrices et pas uniquement des experts hommes.

L’initiative est évidemment très sympathique, mais elle est aussi économique, selon Le Figaro (et le Guardian, qui a dévoilé cette initiative).

Le Financial Times, la bible des hommes d’affaires, réputé conservateur, se révèle aujourd’hui plus moderne et plus paritaire que de nombreuses entreprises.

Pourquoi? Parce que la direction du Financial Times sait que 80% de ses abonnés sont masculins.

Or, l’avenir de ce journal -comme celui des autres- passera par le numérique. Et donc, c’est clair, le Financial Times doit aussi attirer des femmes et pas que des hommes aux tempes grisonnantes.

Mais au-delà de cette alerte informatique, le Financial Times a pris aussi d’autres décisions pour mieux mettre en valeur les femmes. D’abord, les journalistes du Financial Times ne peuvent plus participer à des débats ou tables rondes où il n’y a pas de femmes.

De même, le Financial Times s’impose comme politique d’envoyer 40% de journalistes femmes sur les plateaux de télévision ou dans les studios radios. Et mieux encore, le Financial Times essaie d’avoir entre 25% et 30% de tribunes et d’opinions rédigées par des femmes au sein de son journal.

Comme quoi, le Financial Times, la bible des hommes d’affaires, réputé conservateur, se révèle aujourd’hui plus moderne et plus paritaire que de nombreuses entreprises. Reste à espérer que son initiative sera suivie très rapidement par les autres médias.

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