Réorganisation chez Lhoist: les moines de Rochefort déplorent qu’on leur fasse porter le chapeau

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L’abbaye Notre-Dame de Saint-Remy de Rochefort a regretté vendredi que l’entreprise Lhoist justifie en partie certaines pertes d’emplois annoncées la veille par la procédure en justice qui l’oppose à l’abbaye au sujet de l’utilisation de l’eau de la source de Tridaine.

Un conflit oppose depuis plusieurs années les moines de l’Abbaye, qui utilisent l’eau de la source de Tridaine pour brasser la bière trappiste de Rochefort, et l’entreprise spécialisée dans la production et la vente de chaux, qui exploite la carrière toute proche de la Boverie et à qui appartient la source en question.

Lhoist espérait pouvoir approfondir la carrière et en poursuivre l’exploitation jusqu’en 2046 et avait obtenu un permis unique l’autorisant à pratiquer des tests de pompage sur la nappe phréatique située sous la carrière de la Boverie. Mais les moines s’y sont opposés car ils craignent qu’un approfondissement n’entraîne l’assèchement de la source et n’altère le goût de leur bière. L’abbaye a obtenu début août un jugement du tribunal de Marche-en-Famenne en sa faveur. Lhoist a interjeté appel de ce jugement.

Le groupe spécialisé dans la chaux a par ailleurs annoncé jeudi une réorganisation de ses activités qui pourrait conduire à la perte de 117 emplois au sein de trois usines (Marche-les-Dames, Hermalle et Jemelle). Lhoist justifie sa décision par une chute de ses ventes mais aussi par l’incertitude qui pèse sur sa carrière de Rochefort. Un argument qui n’est guère au goût des moines de Rochefort. “(…) depuis le début de l’activité de Lhoist sur cette carrière, dans les années 1950, l’entreprise sait qu’elle ne peut exploiter au-delà d’une certaine profondeur afin de préserver la source de Tridaine, indispensable aux besoin de l’abbaye mais surtout de l’alimentation des habitants de la Ville de Rochefort; et que cette limite résulte de droits constitués au 19ème siècle et bien connus de tous, droits dont tous les habitants de Rochefort profitent autant que l’abbaye elle-même”, a réagi l’abbaye Notre-Dame de Saint-Remy dans un communiqué.

“Le jugement du tribunal de première instance de Marche du 1er août dernier reconnaît que la limite d’extraction existe bel et bien sur le plan juridique. Ceci ne pouvait donc pas être une surprise pour Lhoist. Par conséquent Lhoist est bien contrainte aujourd’hui, sur le tard mais par sa faute, d’envisager d’autres projets pour compenser l’impossibilité de poursuivre l’approfondissement de la carrière de la Boverie, ce qu’elle fait enfin en annonçant son souhait de travailler sur le prolongement de la carrière en direction de Humain comme solution alternative”, poursuit l’abbaye, qui regrette, en outre, que l’entreprise n’ait “jamais envisagé” de plan de reconversion pour respecter cette limite d’extraction.

L’abbaye déplore enfin que Lhoist “ne songe ni à l’emploi ni au respect de ses engagements juridiques, pour ne privilégier que la recherche du profit pour ses actionnaires”.

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