Recycler des avions à Charleroi: le projet inattendu du gouvernement wallon
Démonter et recycler des avions à l’aéroport de Charleroi? Cela paraît inattendu, mais tel est le projet du gouvernement wallon, qui devrait lancer un appel d’offres européen d’ici la fin de l’année pour trouver une entreprise ou un consortium. Un terrain de plus de 2 hectares, appartenant actuellement à la Sonaca, rue du Cerisier, devrait être affecté à cette fonction.
La société Sabena Aerospace (ou sa maison mère, Blueberry) devrait manifester son intérêt, en association avec d’autres acteurs locaux du monde du recyclage. Elle est déjà active dans le reconditionnement de pièces d’avion. Elle ne sera pas forcément la seule. Notre confrère Le Soir mentionne Veolia.
“Nous n’avions pas particulièrement travaillé sur ce type d’activité”, déclare Etienne Pourbaix, directeur de Skywin Wallonie, le pôle aérospatial constitué dans le cadre du Plan Marshall pour réfléchir au développement du secteur. “Le pôle Skywin est surtout orienté vers la fabrication et l’innovation. Mais il y a aussi de l’innovation dans le recyclage des avions. Celui de l’aluminium est bien maîtrisé, celui des matériaux composites est un challenge technologique.” Donc susceptible de susciter un travail de R&D local.
12.000 avions à recycler
Le marché est conséquent. L’association des recycleurs d’avions, l’Afra, prévoit que 12.000 avions seront démantelés dans le monde au cours des deux prochaines décennies. “Avec le covid, il y a une accélération du renouvellement des flottes pour des avions plus propres, cela devrait pousser le marché”, continue Etienne Pourbaix. Le plus grand site européen se situe à Tarbes (Tarmac Aerosave), dans le sud-ouest de la France.
S’il y a appel d’offres, c’est qu’il y a des aides publiques à la clé. Le projet s’intègre dans la partie wallonne du plan de relance européen. Le budget annoncé par la note au gouvernement wallon rédigée par le ministre Jean-Luc Crucke, en charge du dossier, parle de 28,9 millions d’euros (17 millions d’euros pour un hangar capable d’abriter deux avions, 7,9 millions d’euros pour la formation et 4 millions d’euros pour le digital). La Sowaer, la société publique possédant les infrastructures aéroportuaires de la Région, a été chargée de racheter le terrain et de le viabiliser. Elle recevra 10 millions d’euros à cette fin. L’attribution de la concession est prévue fin juin 2022.
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