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Qui veut la tête d’Emmanuel Faber, le PDG de Danone ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Mais qui veut virer Emmanuel Faber, le PDG de Danone et surtout pourquoi ?

Le patron de Danone ne dort plus très bien depuis quelques jours. Il faut dire qu’une partie de ses actionnaires veut sa tête. Son poste de PDG est donc en sursis. Les seuls à le défendre publiquement, ce sont les syndicats. Même le gouvernement français ne dit rien.

Vous voyez le paradoxe, le PDG d’une multinationale alimentaire comme Danone est critiqué par quelques actionnaires et ce sont des syndicalistes qui prennent sa défense. C’est cocasse et original à la fois. Que se passe-t-il en fait ? Très simple : quelques fonds qui ont des actions Danone ne sont pas contents des performances boursières du groupe. Ces activistes reprochent au PDG de Danone de se cacher derrière le virus pour justifier des résultats en-dessous de la moyenne et surtout moins bons que d’autres concurrents comme le groupe Nestlé par exemple. De son côté, le patron de Danone se défend et dit “c’est la faute à la conjoncture ou c’est la faute à pas de chance”. Il explique par exemple que si les résultats sont moins bons que voulus, c’est aussi à cause de la chute des ventes d’eaux minérales et notamment les plus petites formats, les plus rentables, mais qui sont vendus surtout dans les restaurants.

De leur côté, ces fonds qui contestent la gestion du patron de Danone, pensent, eux, que “c’est la faute du patron”. Selon eux, ce dernier pérore trop sur la mission sociale de Danone, il est trop occupé à parler du long terme, à donner des leçons au monde entier au lieu de s’occuper des parts de marchés de ces yaourts dans les rayons des supermarchés.

Bref, le Covid-19 ne peut pas justifier à lui seul ces mauvais résultats – et donc ces actionnaires estiment qu’Emmanuel Faber n’est pas fait pour être patron de Danone et ils réclament ouvertement sa tête. Donc, oui, aujourd’hui, un fonds qui a seulement 3% des actions de Danone – soit quand même un milliard d’euros – peut s’allier à d’autres actionnaires et exiger la tête du PDG d’une multinationale.

Cette tension autour de Danone nous rappelle aussi que les entreprises vivent moins longtemps qu’un être humain – en 1958, la vie moyenne d’une entreprise cotée sur le S&P 500 était de 61 ans, elle est désormais de 18 ans à peine – pour ne pas briser des vocations, je ne vous donnerai pas la durée de vie moyenne d’un PDG, mais c’est encore plus court – nettement plus court – Woody Allen avait donc raison de dire que dans la vie, il n’y a que deux certitudes : la mort et les impôts !

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